Y a pas à dire, les soirées de la CREOLE, c’est toujours un sacré truc. Mises en branle en 2018, ces fêtes ont su, avec leur énergie singulière, immédiatement trouver leur public. “D’un point de vue musical, on mêle des influences du sound-system, des cultures électroniques, du carnaval, de la ballroom ou encore des évènements festifs comme le midi minuit dansant aux Antilles”, décrit Fanny Viguier, à l’origine des soirées avec Vincent Frédéric-Colombo. Et puis, à la CREOLE, il y a cette mixité des publics assez unique, mise en exergue par la fondatrice : “Toutes les identités y sont les bienvenues tant qu'elles sont là avec une démarche de respect des autres. La CREOLE s’attache à défendre la nécessité presque salvatrice d’espaces festifs et culturels safe qui s’adressent aux minorités.” Une soirée complètement hors norme et parfaitement dans son temps.
Du Loft au Pulp en passant par le Paradise Garage, les clubs ont souvent servi de refuges aux minorités, sexuelles ou ethniques, qui pouvaient y exprimer leur personnalité sans crainte de prendre un regard de travers. Un rôle politique et militant qu’on retrouve beaucoup dans les clubs LGBT. “Ces clubs ont énormément apporté à la lutte contre l’homophobie. Act-Up a fait de ‘Danser=Vivre’ son slogan durant la pandémie de sida. La musique et la nuit sont des acteurs majeurs dans l’éveil des consciences”, estime Patrick Thévenin, journaliste spécialisé dans la nuit et la musique.
Les identités méprisées ou en danger le jour sont plus en sécurité la nuit et certains collectifs ont fait de la nuit leur moyen d’expression pour faire passer des messages, qui vont de la défense des droits des LGBTQIA+ à la déstigmatisation de la nudité et du sexe. “La nuit est un catalyseur de combats”, ajoute Patrick Thévenin. “La house n’est pas seulement une musique, c’est un mouvement culturel : ne pas se résigner et montrer que l’on existe pour survivre. Depuis toujours, les clubs accueillent des gens sans considération de genre, d’orientation sexuelle et de couleur. Les safe spaces, ces sanctuaires de minorités, sont nés de la nuit. La nuit cristallise les combats d’hier, d’aujourd’hui et de demain, elle est indispensable.”
Alors, quels sont les nouveaux combats de la nuit et par qui sont-ils portés ? Petit tour d’horizon de ces collectifs parisiens conscientisés et engagés.