Voilà vingt quatre ans que Suresnes Cités Danse invite danseurs et chorégraphes issus du hip-hop à venir secouer leur baggy sur la scène du théâtre de Suresnes Jean Vilar. Breakdance, tap, b-boying : un savant mélange de genres et d’artistes pour faire éclater les clichés qui leur collent aux sneakers. Pendant un mois, jeunes des cités et chorégraphes réputés viennent comparer leurs « head spins » (tours effectués sur la tête) le temps d’une trentaine de représentations. Mettre en lumière leur virtuosité artistique souvent éclipsée par leur technicité : un credo de taille et un pari réussi pour ce festival de danse imaginé par Olivier Meyer en 1993.
Des danseurs qui troquent leur bitume contre des planches, des chorégraphes qui intègrent des adolescents de quartiers chauds à leur corps de ballet : voici en quelques mots l’essence de Suresnes Cités Danse. Un festival où émergent de jeunes talents et où d’autres se confirment. Un festival qui ne s’embarrasse pas des étiquettes, et qui les décolle plus volontiers. Si bien sûr la danse hip-hop y est reine, elle est tout de même chahutée par d’autres formes. En 2007, les pointes de Marie-Agnès Gillot, étoile de l’Opéra de Paris partageaient l’affiche avec les influences tango de Mey-Ling Bisogno. Quelques années auparavant, c’était au tour des claquettes de Jean-Pierre Douterluigne de venir côtoyer popping et krump. La salle Jean Vilar n’est plus exclusivement réservée d’un côté à la post-modern dance ni de l’autre au camel walk, mais s’offre tout entière à leur rencontre. Espace de dialogue certes, mais aussi tremplin, aime à rappeler Olivier Meyer, son directeur. « Pour beaucoup de chorégraphes et de danseurs, Suresnes Cités Danse a constitué leur première grande aventure artistique sur une scène de théâtre. Ce festival leur a servi de révélateur et souvent d’étape essentielle dans leur parcours, leur permettant ainsi de se faire connaître partout en France et même dans le monde. »
Ils furent nombreux depuis 1993 à venir faire crisser leurs baskets sur le sol du théâtre, à commencer par le New-Yorkais Doug Elkins, pionner dans l'art de mélanger danseurs professionnels et jeunes de banlieue, mais aussi José Montalvo, élevé au grain Cunningham, Karine Saporta ou encore Dominique Rebaud. Si aujourd'hui la danse urbaine a pris quelques galons, soutenue par de nombreuses institutions, elle le doit en partie à la ferveur de ces festivals.
Olivier Meyer peut se féliciter d'avoir relevé un défi de taille : créer un rendez-vous unique dans le paysage haut-seinais.