Ces cours intérieures, avec leur chauffage central et leur double vitrage ont été construites au début des années 2010, pour remplacer des lieux vieux de plusieurs siècles. Elles représentent donc l'un des derniers liens que Pékin entretient, en 2062, avec son passé lointain - les temples et les anciennes fortifications de la cité ayant été déplacés en 2023, brique par brique, vers un parc des loisirs en banlieue. Malgré l'opposition, le gouvernement persiste et rase les vieilles ruelles. Mais pour compenser la démolition, il promet de reconstruire à l'identique un ensemble de hutongs, mieux équipé, pour que l'on puisse les visiter et comprendre l'effet que cela faisait d'être un touriste à Pékin, au début du XXIe siècle. Plus loin, les fashionistas de la ville sont en train de fêter l'inauguration du dernier magasin de fripes pékinois. Car oui, en 2062, une bonne moitié des boutiques de la ville vit en effet de la vente d'antiquités et de vêtements vintage de style européen ; d'ailleurs, chacune de ces magnifiques reliques « du passé » a été réalisée à la main par des ouvriers sous-payés, dans des ateliers de misère en Grèce, en Espagne ou dans d'autres pays appauvris. Si les fripes sont désormais à la mode, c'est bien parce que leurs tons sourds de gris et de bruns camouflent à merveille les taches que le smog local laisse sur les vêtements. Le nuage de pollution s'épaissit en effet de jour en jour, gonflé par la contamination de centrales d'énergie alimentées par des carburants fossiles. Si l'on avait songé, autrefois, à opter pour le nucléaire, le projet s'était finalement avéré trop cher. Sans parler des apparitions de Godzilla au large des côtes japonaises, qui n'ont pas été étrangères à l'abandon du nucléaire... Traduit de l'anglais par Tania Brimson
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