D'ici à 2050, la population totale de la Chine aura commencé à diminuer, après avoir atteint un sommet de 1,5 milliard d'habitants en 2035. Le nombre de Shanghaïens, cependant, aura doublé, passant de 23,2 millions à plus de 50 millions de citadins, dans le cadre d'une urbanisation massive. Si le nombre d'habitants des villes vient à peine d'excéder celui des campagnes, d'ici à 2062, la population urbaine devrait représenter plus de 70 % de la population totale de la Chine, creusant le fossé qui sépare les Shanghaïens des waidiren (« étrangers »).
Le taux de fécondité faible (malgré les avantages pour familles nombreuses promus par le gouvernement) et l'augmentation de l'espérance de vie (de 73 à 80 ans d'ici à 2050), indiquent que la population de Shanghai vieillira rapidement dans les années à venir. D'ici à 2050, pour 100 Chinois en âge de travailler, 60 retraités seront à prendre en charge, contre 20 en 2008. A mesure que les us et coutumes locaux se « mondialisent », le sens traditionnel des responsabilités familiales aura tendance à s'étioler, et beaucoup de personnes âgées risquent d'être envoyées vers des maisons de retraite en Chine centrale et méridionale, ou même en Australie et en Nouvelle-Zélande... au lieu de rester sur le canapé de leurs enfants, à regarder des zappings nostalgiques du « reality cinema » des années 2030 à longueur de journée.
Au cours des cinquante prochaines années, Shanghai connaîtra une croissance si rapide qu'il lui faudra s'étendre à la fois verticalement et horizontalement. La densité de la population et les gratte-ciel atteindront des sommets sans précédent. Shanghai deviendra certainement le centre névralgique des buildings stratosphériques, rivalisant avec le Chicago du XXe siècle. Sept bâtiments, à Lujiazui, sur la place Tiananmen et à Xujiahui, deviendront sans aucun doute les plus élevés du monde, entre 2035 et 2062. Pendant cette période, Shanghai pourrait également se vanter des édifices les plus résistants – aux bactéries, aux virus et au terrorisme – de la planète.
Les atteintes aux libertés individuelles que les Chinois avaient acceptées au début du XXIe siècle, au moment où le niveau et la qualité de leur vie montaient en flèche, s'essouffleront sans doute vers le milieu des années 2030, avec le ralentissement de la croissance économique. La libéralisation devrait alors s'accélérer, encouragée par quelques manifestations violentes. Parmi les libertés que les Shanghaïens sont susceptibles d'obtenir entre aujourd'hui et 2062, citons : le mariage gay (2020 ?), la légalisation du cannabis (2028 ?), la polygamie (2030 ?) et tout un cocktail de drogues encore insoupçonnées (2040-2060 ?).
La pornographie, les plug-in cybernétiques et les robots deviendront des alternatives de plus en plus viables aux rapports sexuels entre êtres humains, offrant aux gens divers moyens d'échapper aux complications de l'amour. L'accouplement « à l'ancienne » demeurera toutefois la manière la plus commune de forniquer, mais l'âge moyen du premier mariage sera néanmoins de 40 ans. La faible proportion de femmes en Chine signifie que de nombreux services de rencontres sophistiqués devront être mis en place pour unir les Chinois à des femmes étrangères. A l'inverse, profitant de cette tendance démographique favorable, beaucoup de femmes risquent d'avoir plusieurs partenaires masculins à la fois. Et pour longtemps.
Traduit de l'anglais par Tania Brimson