D’origine tunisienne, né à Lyon, Aladdin débarque à Paris à 19 ans, « en rupture familiale » dit-il sobrement dans un art consommé de l’ellipse. 5 ans plus tard, il commence à vivre en communauté. « J’ai toujours ressenti le besoin, je crois, du collectif. J’ai réalisé que ça me rappelait la vie au bled, le partage entre voisins... »
Il démarre une école de modélisme, arrête au bout de deux ans (« ça manquait de sens, de profondeur »). Et tombe dans le milieu du squat, « happé par l’énergie qui s’en dégageait ». Vivre en squat est pour lui un acte politique en soi : « les possibilités en termes d’espace, de création sont infinies ». « Si il n’était pas né dans un lieu squatté, le Freegan n’aurait jamais vu le jour », faisant allusion au restaurant qu’il avait lancé sous le périphérique, porte d’Aubervilliers. Un lieu interlope et vertueux, où les cuistots récupéraient les fruits et légumes invendus de Rungis pour les transformer en plats créatifs et goûtus – sur prix libre. « Le squat permet aussi ça, l’émergence d’une culture », analyse-t-il. « Sans la pression foncière et financière, tu peux te permettre des choses en dehors de toute logique, tu es 100% libre de monter des projets sans pression ». Il a enchaîné les fêtes les plus folles dès 2010 dans ses divers lieux auto-gérés : le Mont C dans le 18e ; le Poney club dans le 15e squats ; le Pipi Caca dans d’anciennes toilettes publiques… Sans oublier feu le décadent et mythique Péripate, de 2015 à 2019. Mais Aladdin ne se résume pas à un Prince de la nuit. En 2018, dans l’ombre, il créé La Maison Rose, un squat caché dans lequel lui et d’autres bénévoles accueillent une vingtaine de jeunes migrants mineurs, qui se sont vus refuser le statut de refugiés. « On avait zéro moyen, zéro subvention. Mais s‘agissait de tout faire pour pas laisser ces gamins dormir dehors, à la merci des prédateurs sexuels et des réseaux de prostituion. » Politique, l’animal ?
« Je ne vais jamais en manif, j’ai l’impression de ne pas être utile » souffle-t-il. Je préfère être dans l’action » En 2020, il confesse une envie de « lever le pied sur la teuf » et des projets dans la restauration… A suivre !