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Ça y est ! Paris a officialisé sa candidature hier au siège du Comité national olympique. Mais avant le dépôt définitif des candidatures en septembre prochain, tous les voyants sont au vert : soutien de la majorité des Français et surtout de l'Île-de-France, infrastructures solides, expérience de la candidature ratée de 2012, effet d'aubaine pour les travaux du Grand Paris qui profiteront de ceux des J.O., etc. Il existe donc des chances pour que Paris dame le pion à Boston, Hambourg ou Rome dans la course à l'organisation des Jeux. Time Out Paris a décidé de mettre son grain de sel dans cette candidature et rêve de voir une compétition qui se cale à l'heure parisienne. Pourquoi ne pas s'adapter aux coutumes de la ville en proposant la création de ces dix disciplines ?
1. Le tir à l'arc de Triomphe
Tirer à l'arc, c'est bien, mais c'est banal. Tirer à l'arc de Triomphe, c'est parisien, c'est chic, c'est olympien. Alignés sur le toit du monument, les compétiteurs auraient comme cible le Palais des Congrès. Médaille d'or pour le premier qui perce l'écorce de ce monstre.
2. La lutte pour entrer dans la ligne 13 aux heures de pointe
Des types en collant qui s'attrapent les jambes sur un tatami, c'est la lutte de papa. On ne l'appelle pas gréco-romaine pour rien, elle n'a visiblement pas évolué depuis plus de deux mille ans, c'est pourquoi une épreuve de « lutte pour entrer dans la ligne 13 aux heures de pointe » sera instituée lors des J.O. 2024. Un exercice autrement plus virulent, qui demande de la puissance, mais aussi un brin de stratégie et de duplicité. On imagine déjà certains candidats roublards ne pas se laver pendant un mois avant l'épreuve, d'autres apprendre toutes les formules de politesse de la langue française (« Pardon, excusez-moi, désolé, pardon, j'ai un bébé, attention, vous voyez pas que j'ai le pied cassé ? »). Surtout, enfin un sport qui avantage les femmes enceintes.
3. Le Relay presse 4 X 100
A Paris, on ne pratique la course de Relay que lorsqu'il s'agit d'acheter son Charlie Hebdo nouveau. Alors pourquoi ne pas imaginer une course dans tout Paris afin de trouver le précieux hebdomadaire autoproclamé « irresponsable » ? Les trois premiers à ramener un numéro intégral non déchiré recevraient en lieu et place de médailles des putes et du whisky. Esprit Charlie.
4. Le slalom entre les bénévoles d'ONG et les vendeurs de roses
Slalomer entre des piquets, fastoche. En revanche, on aimerait bien voir les skieurs autrichiens, allemands ou norvégiens se frotter aux vendeurs de nœuds papillons lumineux et aux bénévoles de Greenpeace. Les sollicitations perpétuelles dans les rues parisiennes ont rompu les habitants aux ruses de Sioux les plus subtiles pour y échapper. Écouteurs sur les oreilles, technique de l'homme invisible, rasage de murs, évitement du contact visuel, accélération soudaine de l'allure, haussement d'épaules compatissant... La panoplie des compétences des Parisiens est si grande qu'on ne voit pas bien quelle nation pourra nous empêcher de rafler toutes les médailles. Ceci étant dit, soyez toujours aimables avec ces bénévoles et vendeurs à la sauvette, ils le méritent mille fois.
5. Le « tapinage » artistique
Voilà une discipline typiquement parisienne, qui trouverait lors de ces J.O. de 2024 une belle opportunité de briller. Triple lutz, boucles piquées et double axels seraient remplacés par des triples lettrages, flops acrobatiques chromés et end-to-end sur wagon du métro. Pour respecter les codes du street art, les concurrents seraient tous regroupés en « crew » multinationaux et leurs visages recouverts d'un foulard. La course-poursuite avec la maréchaussée marquera la fin de l'épreuve et l'agent de police qui attrapera le plus d'artistes aura gagné.
6. Les waters polis
© Timothée Rolin
La tenue et l'hygiène des water-closets des établissements parisiens n'ont pas bonne réputation, que ce soit à l'étranger ou dans nos contrées. Une solution pour lutter contre cette fâcheuse manie tout en innovant en matière d'olympisme ? Il suffit d'imaginer des épreuves idoines : pour les hommes, un concours de précision d'« urinage » dans les toilettes les plus malcommodes de Paris (à définir, le choix peut prendre la forme d'un vote participatif). Pour les femmes, l'épreuve prendrait une dimension plus artistique, avec des figures complexes : varappe sur les murs pour ne pas toucher la cuvette, équilibre pendant au moins une minute, essuyage à une main pendant que l'autre tient le sac à main et que le PQ est coincé sous le menton, le tout avec une salopette à dégrafer en moins de 10 s, sans pour autant la faire toucher le sol spongieux.
7. L'avis rond
On le sait, le Parisien n'aime rien tant que donner opinion quand il est sobre, alors quand il a un coup dans le nez... Il se transforme à lui tout seul en forum Internet ou en fil de discussion Facebook d'un article de 20 Minutes ou des Inrocks. Il est temps que les nations du monde entier, les taiseuses, les hypocrites, les réservées, les modérées, les neutres (messieurs les Suisses), apprennent notre sport national et se mesurent à nous dans une grande épreuve où elles donneront leur avis. Mais attention, un avis entendu au sens parisien : critique, râleur, mordant, blasé, ironique. Interdit aux « amazing » et autres « muy interesante ». Bref, nous avons hâte de voir des sportifs de tous pays se mettre une caisse et s'épancher sur des sujets imposés par les juges : les impôts, les grèves, la météo, les élections cantonales, le crash de l'A320 de Germanwings. Médaille d'or à celui qui atteint les plus hauts décibels, c'est lui qui a raison.
8. Le triple saut du lit
Ok, c'est nul comme jeu de mots. N'empêche que pour les Parisiens, se lever ressemble à une discipline olympique. En matière de retard à un rendez-vous, on parle parfois du « quart d'heure auvergnat » ou du « quart d'heure breton » (mettez la région de votre choix), mais à Paris il faudrait parler de demi-heure, voire d'heure entière. La faute à un rythme de vie souvent effréné (métro, boulot, mojito) qui voit le Parisien se coucher à une heure avancée dans la nuit. Pourquoi ne pas transformer ce douloureux moment en sport opposant plusieurs adversaires sous gueule de bois, censés se réveiller, se laver et prendre leur petit déjeuner dans un délai imparti. On imagine déjà les commentateurs sportifs : « Attention... Ca y est ! le réveil a sonné, Jean-Michel Touchard ouvre un œil ! Ah là là, mais que fait-il ? Quelle énorme faute, il vient d'éteindre son téléphone et de supprimer le rappel ! C'est foutu pour Touchard... »
9. Le lancer du disque en soirée
D'après une étude statistique de l'institut de la Mauvaise Foi, la ville de Paris abriterait deux DJ pour un habitant. Les compétitions de lancer de disques en soirée représentent par conséquent une activité typique de la capitale et il serait dommage de ne pas en faire profiter le monde entier. Pendant l'épreuve, les DJ de tous les pays devront faire danser les spectateurs, réussir leurs transitions et respecter la ligne musicale imposée, mais aussi résister aux autres candidats, qui auront le droit de venir perturber l'adversaire en disant : « T'as pas un truc qui bouge ? » ou en réclamant "Toxic" de Britney Spears, "La Macarena" de Los Del Mar et "Les Démons de minuit" d'Émile et Images.
10. Le taxi-kwendo
« J'étais là ! - Non, c'est le mien, je l'ai vu en premier ! » Pour attraper un taxi à 2h du matin quand tous les bars ferment, le Parisien se mue en expert des arts martiaux. Capable de repousser un concurrent d'un simple high kick ou de lui taxer la place à la dernière seconde par une habile feinte de corps, il attend ses concurrents internationaux de pied ferme. Ce ne sont pas les Londoniens et les New Yorkais, habitués à une offre pléthorique en taxis, qui pourront lui faire de l'ombre. Qu'on se le dise, quand on cause taxi, le Parisien est über entraîné.