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14 chansons méconnues et géniales de David Bowie

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"Space Oddity", "Life On Mars", "The Jean Genie", "Rebel Rebel", "Suffragette City", "Let's Dance", "China Girl"... Vous connaissez bien les hits de David Bowie. Mais cinquante ans de carrière ne se résument pas à quelques morceaux célèbres. Pour rendre hommage au génie protéiforme qui nous a quittés ce matin, nous avons décidé d'en profiter pour sortir les vieux dossiers, les chansons poussiéreuses, les oubliées, les mésestimées, voire un ou deux tubes qui méritent qu'on les rappelle à notre bon souvenir. A vos écouteurs !

Par Emmanuel Chirache et Alexandre Prouvèze.

1/ "I'm Afraid of Americans" (1997)

Trent Reznor, leader génial du groupe de rock industriel Nine Inch Nails, a toujours clamé haut et fort son admiration pour Bowie et l'influence de la trilogie berlinoise sur sa musique. Il était logique que les deux bonhommes finissent par s'acoquiner dans les années 1990, à une époque où l'Anglais s'intéresse aux sonorités électroniques. Avec "I'm Afraid Of Americans", les similitudes entre les deux artistes éclatent au grand jour et leur complicité fait des étincelles. On adore aussi le titre provocateur de la chanson et le clip, où Bowie se fait harceler par Trent Reznor.

2/ "TVC15" (1976)

Inspiré par un bad trip d'Iggy Pop dans un hôtel, "TVC15" parle d'un type qui tente de suivre sa petite amie avalée par un poste de télévision. A l'époque, Bowie est encore dans sa période soul et funk de 'Young Americans', il n'a pas encore pris le virage berlinois, c'est pourquoi la chanson groove un maximum, avec un zeste de glam rock pour accompagner. C'est efficace, c'est du Bowie archétypal mais réussi.

3/ "Modern Love" (1983)

Si la musique de David Bowie a sans doute trop souvent été reprise par le cinéma (combien de films avec "Space Oddity" figurant sur leur BO ?), cette séquence-culte du deuxième long métrage de Leos Carax, 'Mauvais sang', est l'exemple même d'une parfaite osmose entre le son et l'image - à tel point qu'il semblerait presque que "Modern Love" a été composée pour ce film. D'une apparente simplicité, mais capable de vous serrer la gorge en un instant (ce moment, sublime, où Denis Lavant paraît à deux doigts de sortir du cadre...), ce plan-séquence de Carax s'est récemment vu repris, sous la forme d'un hommage touchant et délibérément gauche, dans l'émouvant 'Frances Ha' de Noah Baumbach avec Greta Gerwig, toujours sur le "Modern Love" de Bowie. Comme quoi on est encore loin d'avoir épuisé l'amour moderne.

4/ "Sorrow" (1973)

Album jugé mineur parce que constitué uniquement de reprises, 'Pin Ups' représente en effet une page qui se tourne, le dernier acte d'une pièce, les sixties, que tous ses protagonistes rêvent de clôturer une bonne fois pour toutes. Bowie, lui, n'a pas peur de regarder en arrière et de rendre un hommage vibrant à tous les groupes qu'il a aimés. Des groupes qui, comme lui, ont un peu galéré, ont connu des succès vibrants mais aussi des échecs cuisants : les Them, les Yardbirds, les Easybeats, les Pretty Things, et puis les Merseys, dont il reprend ce "Sorrow", petite pépite élégante et délicate.

5/ "Amsterdam" (1973)

En face B du "Sorrow" dont nous vous parlions plus haut, les fans de Bowie ont découvert un auteur francophone que Scott Walker avait déjà contribué à faire connaître outre-Manche. Il s'agit de Jacques Brel, dont Bowie reprend "Amsterdam" à la guitare. Fidèle au texte qu'il adapte en anglais, le chanteur se lance dans une version épurée et folk qui ne dénoterait pas sur 'Hunky Dory' ou 'The Man Who Sold The World'. Surtout, personne ne joue de la guitare comme Bowie, avec ce toucher et ce son bien à lui, qu'on reconnaît même à Amsterdam.

6/ "The Bewlay Brothers" (1971)

Entretien légendaire entre le journaliste Lester Bangs et Lou Reed.

« Lester Bangs : - Tiens, j'ai vu Bowie hier soir. Il t'a pompé tous tes riffs, c'est clair.

Lou Reed : - Tout le monde pique des trucs aux autres. Toi aussi. David a écrit des chansons vraiment fantastiques.

Lester Bangs : - Oh, ça va ! Tout le monde peut écrire des super chansons. Même Sam the Sham a composé des super chansons. Est-ce que Bowie a fait mieux que "Wooly Bully" ?

Lou Reed : - Tu as déjà écouté "The Bewlay Brothers", tête de nœud ? »

Tout est dit. Ecoutez la magie des "Bewlay Brothers", partez au pays de Bowie et n'en revenez plus.

7/ "Under The God" (1989)

Aujourd'hui, Tin Machine n'est plus qu'un tas de rouille abandonné dans une vieille casse pour groupes de stars des années 1980, où se morfondent aussi les Traveling Wilburys (Bob Dylan, George Harrison, Roy Orbison et Tom Petty quand même). Et si on écoutait Tin Machine, histoire de vérifier qu'on a rien laissé passer ? Bon, pas de quoi fouetter un chat, mais quelques bons morceaux sur le premier disque du groupe, dont "Under The God", un furieux rock à l'ancienne.



8/ "The Laughing Gnome" (1967)

Si vous ne connaissez pas ce truc 100 % mythique, jetez-vous sur une bonne compilation Deram des premières années de Bowie ! A l'origine, il s'agit d'une chanson pour enfants qui a été rééditée lorsque Bowie est devenu une star. Ou comment embarrasser un type qui voudrait oublier une telle casserole... En tout cas, on ne se lasse pas de la voix du gnome en train de chanter et de se bidonner pendant trois minutes. Rire communicatif garanti.


9/ "I'm Deranged" (1995)

Quand il s'agit de choisir la bande originale d'un film, vous pouvez faire confiance à David Lynch. En 1997, c'est le "I'm Deranged" de David Bowie qu'il utilise pour le générique d'introduction de son chef-d'œuvre 'Lost Highway' sur fond d'autoroute hypnotique, une putain de bonne intuition : en quelques minutes, le spectateur est plongé dans un autre monde, plongé dans un sommeil éveillé qui se prolongera tout au long du film. Une pure merveille où l'on retrouve le thème de la folie cher à Bowie.

10/ "African Night Flight" (1979)

Album le moins connu de la trilogie berlinoise ('Low' et 'Heroes' étant les deux autres), 'Lodger' contient pourtant certains des meilleurs titres méconnus de David Bowie, dont "Fantastic Voyage", "Yassassin", "Look Back in Anger" et... "African Night Flight". Morceau étrange, qui repose sur une basse et des percussions inquiétantes, par-dessus lesquels Bowie semble réciter des comptines venues d'ailleurs. Et puis il y a ces chœurs africains, dont on ne sait pas s'ils augurent de bonnes ou mauvaises vibrations. Une chanson anticonformiste et entêtante.

11/ "1984" (1974)

En 1974, Bowie s'apprête à enterrer le glam rock - genre dont il fut l'un des pionniers, mais qui commence alors à tourner grave en rond - avec une adaptation musicale du chef-d'œuvre dystopique de George Orwell, '1984'. Hélas, les ayants-droit d'Orwell refusent de céder l'exploitation du roman à Bowie, et celui-ci décide finalement de travailler à sa propre vision d'un futur apocalyptique, qui aboutira à l'album 'Diamond Dogs'. Du projet d'origine demeurent cependant quelques titres, dont la chanson éponyme (à découvrir ci-dessus dans une diabolique version live), qui annonce la nouvelle orientation funk du chanteur. Bourrée de cuivres rutilants, de chœurs groovy et de cocottes de guitare wah (manifestement inspirées par la BO de 'Shaft', composée par Isaac Hayes deux ans plus tôt), "1984" a tout d'un cauchemar fiévreux - à rapprocher d'une autre composition du même album également inspirée par le roman d'Orwell : "We Are The Dead", longue dérive agonistique, aussi narcotique et décharnée que "1984" paraît ici nerveuse.

12/ "The Gospel According to Tony Day" (1967)

Autre titre issu des années Deram de l'ami Bowie, cet étonnant « gospel » où l'on trouve déjà ce qui fera le succès de Bowie mais à l'état embryonnaire, au charme inabouti et maladroit. Une invitation à se replonger dans la discographie des premières années de Bowie.

13 / "The Supermen" (version acoustique, 1971)

Il faut citer ici non pas la version originale parue sur 'The Man Who Sold The World' (un disque dont toutes les chansons pourraient figurer dans cet article), mais celle publiée plus tard, en 1990, sur l'édition CD de 'Hunky Dory' puis pour les 30 ans de 'Ziggy Stardust' en 2002. Un riff hard rock joué à la guitare acoustique, que Bowie re-pompera pour lui-même avec "Dead Man Walking" en 1995, des paroles mystico-philosophiques entre Nietzsche et HP Lovecraft, un refrain plus électrique, une forme de lyrisme typique du Bowie de l'époque, et vous obtenez un titre obscur mais génial. Elle est pas belle, la vie ?

14 / "Kooks" (1971)

Le tube planétaire "Life On Mars" est un arbre. Un arbre qui cache la forêt de chansons adorables, troublantes et fantastiques du disque 'Hunky Dory', dont ce "Kooks" composé pour Duncan Jones, le fils de Bowie. « A l'école, ne va pas te battre avec les bagarreurs et les petites frappes, parce que je ne suis pas très doué pour filer des corrections aux papas des autres », nous avoue alors le chanteur. Il s'agit donc d'une comptine pop aux arrangements délicats et sautillants, un titre léger en apparence, mais aux accents nostalgiques et enjôleurs comme seul Bowie sait les arrange

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