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24h pour découvrir tous les recoins de Nation

Écrit par
Malo Barrette
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Le quartier de Nation est plutôt calme et souvent délaissé par les touristes, voire par certains Parisiens qui n'y ont jamais mis les pieds. Pourtant, les rues qui avoisinent la place regorgent de bonnes adresses à découvrir : de la drôle de brûlerie au repaire des syndicalistes danseurs de flamenco, attendez-vous à être surpris. Vous n'avez plus qu'à suivre le guide.

8h30 : trouver son bonheur dans la rue des technophiles

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Parce que notre parcours débute au sud-est de Nation, nous avons décidé de vous faire passer par la rue Montgallet dès le petit matin. Pour tous les allergiques de l'informatique, passez dès à présent à l'étape suivante.

En sortant à l'arrêt Montgallet sur la ligne 8, vous déboucherez directement sur la rue du même nom. Ici, les vitrines sont flanquées d’images de cartes graphiques et d’écriteaux sur lesquels est marqué en grosses lettres « GIGABYTES ». A vrai dire, sur la quarantaine d’enseignes que compte la rue, seules trois ne sont pas consacrées à l’informatique. Repair-centers, vendeurs de batteries, cartouches d’encre et autres magasins spécialisés : laissez-donc tomber la Fnac et venez faire un tour rue Montgallet. Peut-être y trouverez-vous votre carte graphique rêvée au rabais ou la batterie de votre vieil ordinateur portable qui vous avait lâché et que vous ne trouviez plus nulle part. Et n’hésitez pas à comparer les prix en faisant des allers-retours d’une enseigne à l'autre. Les vendeurs ne vous en voudront pas, sinon pourquoi se seraient-ils tous installés ici ? Attention tout de même aux arnaques. Emmenez votre ami geek avec vous pour éviter les charlatans.

9h30 : se promener au vert à la coulée verte Renée-Dumont.

Il est encore tôt : quoi de mieux que de commencer la journée au calme, protégé sous les feuillages de la coulée verte. Entrez par le jardin de Reuilly et profitez-en pour faire le tour de cet espace vert accueillant qui est un dédale de petites allées ombragées.

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La coulée verte traverse le jardin et le 12e arrondissement de la place de la Bastille au parc de Vincennes. Construit à la fin des années 1980, ce parc linéaire suit le tracé de l'ancienne voie ferroviaire de la ligne de Vincennes. D’abord surélevée, la promenade plantée (son ancienne dénomination) alterne ensuite entre chemin terrestre et passage sous et sur des ponts. Très prisée des habitants du quartier, elle est un havre de verdure où l’on vient se promener, courir, faire du vélo et pique-niquer en été ; bref, se couper du rythme de la ville. Empruntez le pont qui surplombe la pelouse et marchez en direction du Bois de Vincennes.

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© EC

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© EC

10h30 : se balader dans les coins insolites du quartier

Sur votre lancée, prolongez cette petite marche en sortant de la coulée verte au niveau du boulevard Soult. Remontez l’avenue jusqu’au sentier des Merisiers, l’un des plus étroits passages de Paris. Prenez garde : l'endroit est gardé par une bande de « chats méchants, peu nourris et voraces ». A vos risques et périls. Levez les yeux : une étonnante maison à colombages (peut-être le repère des Aristochats ?) se dresse sur votre gauche. Sortez du sentier et débouchez sur la rue du Niger : la maison se démarque, isolée au beau milieu des immeubles.

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© MB

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Continuez sur la Villa du Bel Air. A votre gauche, la rue pavée et protégée longe la Petite Ceinture (une ancienne voie de chemin de fer désaffectée depuis les années 1990). Prenez sur votre droite et rejoignez la rue de la Voûte par l’avenue de Saint-Mandé. C’est ici que vous trouverez la toute mignonne impasse Canart, paisible et sereine sous l’œil protecteur de « Super Canart », le héros du quartier.

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© MB

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12h : faire une halte shopping au paradis du café

De retour dans la rue du Rendez-Vous, vous êtes ici dans l’une des plus vivantes artères du quartier. Traiteurs, fromagers et légumiers y jouent du coude à coude. Niché au milieu de tout ce beau monde, on trouve l’un des rares torréfacteurs de la capitale. La Brûlerie Artisanale est une boutique discrète et étroite à la devanture orange. A l’intérieur, une large gamme de cafés vous est proposée, certains figurant parmi les meilleurs au monde. On recommande notamment le « grand cru rare et exceptionnel aux notes pralinées et fleurs » en provenance d’Hawaï. Dans cette petite échoppe, la torréfaction est réalisée sur place et selon les besoins du client. Autant vous dire que tout le quartier s’y bouscule.

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© MB

Le magasin offre aussi une sélection de thés en vrac ou en sachets de la marque Dammann Frères, dont un thé rouge Keemun de Chine ou un thé vert Perle de Jade au Jasmin. Vous y trouverez aussi du chocolat fin Valrhona (parole d’Ardéchois, c’est le meilleur) et du miel de la Maison Baudat, mainte fois primée en France et à l’international.

Si vous n’avez pas petit-déjeuné, votre ventre pleure certainement de faim après tant d'efforts et à la vue de ces gourmandises. On vous recommande dans ce cas le brunch du Cosy, situé à deux pas : simplement bon et copieux.

13h : se sustenter au Dalou

Cette brasserie située à l’angle de la place de la Nation est le point de rencontre de tous les habitués du quartier. On ne peut pas passer devant tous les jours sans y être entré au moins une fois : pour boire un verre, pour déjeuner ou même simplement pour acheter des huîtres et autres coquillages à emporter. Cette enseigne nommée d'après le sculpteur du Triomphe de la République (statue qui trône au centre de la place), a fait des fruits de mer sa spécialité. 

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© MB

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On se doit alors de commander la très attirante assiette du pêcheur : gambas, bar et saumon et leurs petits légumes accompagnés d'un verre de vin blanc Bourgogne Aligoté légèrement fruité. Le plat n’est pas vraiment copieux mais les petits ventres opteront quand même pour une salade Dalou, assortie de ses crevettes et de son saumon fumé. Les plats sont bons, sans être exceptionnels. Côté ambiance, vous ne serez pas déçu. Les banquettes rouges et les squelettes d’écrevisses sous verre accrochés au mur confèrent un vrai caractère au restaurant, presque trop bariolé. Les prix sont raisonnables et le service impeccable. Une bonne brasserie parisienne comme on les aime à Nation même.

Si vous préférez la pizza aux fruits de mer, nous vous conseillons le restaurant Amalfi, boulevard de Picpus. Un peu plus loin dans la même rue, les amateurs de salon de thé où l’on peut déjeuner léger iront plutôt à Tea Mélodie, une adresse familiale et cosy.

15h : travailler de ses mains à l'Etablisienne

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© MB

Empruntez le boulevard de Picpus et arrêtez-vous au numéro 88. Cette enseigne toute de briques vêtue et logée dans un ancien atelier de plombiers-couvreurs ravira les amateurs de travail manuel et de DIY. L'Etablisienne est un atelier participatif qui propose différents cours, stages et postes de travail à louer. Ici, de nombreux matériaux et outils sont à disposition des adhérents : on fabrique, on répare, on échange. L’accent est mis sur la conception et la réalisation d’un projet, en solo ou en coworking. Apprenez donc à tapisser votre siège, travailler le bois à la défonceuse ou familiarisez-vous avec l’impression 3D. La fondatrice de l'Etablisienne, Laurence Sourisseau, a initié le projet afin de « donner les moyens et l’envie aux Parisiens de créer d’eux-mêmes ». Une chose est sûre : c’est réussi !

Demi-journée d'atelier en libre-service à partir de 24 € et cours à partir de 39 €. Carte d'adhésion annuelle à 15 €.

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© Adrien Daste

17h30 : découvrir la rue des Vignoles et ses alentours.

Dirigez-vous maintenant vers le boulevard de Charonne pour visiter le nord de Nation. Dans ce quartier du 20e arrondissement, osez la rue des Vignoles, à l’apparence tout à fait anodine, mais qui abrite une pelletée de petites impasses dont le très voyant « 33 rue des Vignoles », fief de la Confédération Nationale du Travail et de Flamenco en France, l’association créée en 1979 pour promouvoir la tradition du Flamenco à Paris. Un joli duo que tout oppose, à l’exception de l’immigration espagnole antifranquiste de longue date dans le quartier. Cette cohabitation a donné naissance à une petite allée libre d’accès aux couleurs du syndicat (le rouge bien sûr !) et aux ambiances hispaniques où l’on se sent aussi protégé qu'intrusif. Une expérience.

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© MB

Ouvrez l’œil : avez-vous remarqué les tags engagés et décalés du street artiste Beausoir tout au long de votre trajet ? Nous avons trouvé quelques-unes de ces petites piques humoristiques mais il en reste plein à découvrir et nous ne vous dirons pas où !

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© MB

18h30 : manger sain à la Petite Fabrique

Ca y est, vous n’avez pas eu le temps de dire ouf et voici que votre ventre commencer déjà à gargouiller. Nous avons exactement ce qu’il vous faut.

Vous trouverez la Petite Fabrique au croisement de l’impasse Casteggio et de la rue des Vignoles — qui n'a définitivement pas encore livré tous ses secrets. Contrairement aux membres de la CNT, les tenanciers de ce restaurant n’ont pas eu besoin de se syndiquer pour s’engager : ils ont juste choisi de cuisiner bio. L’enseigne au look dépouillé présente un mur de jolies briques blanches et des portes vitrées bleu foncé. L’intérieur, tout aussi sobre, n’en est pas moins accueillant avec ses tables en bois et ses ampoules nues tombant du plafond. Classe et moderne. Dans vos assiettes, des compositions variées allant du tajine aux lentilles et aux betteraves (végétariens ceci est pour vous) jusqu’au pavé de saumon mi-fumé, mi-mariné. Chaque plat est réalisé simplement, avec des ingrédients de qualité et un savoir-faire certain. Et alors qu’on pourrait s’attendre à une note salée, les prix sont en fait plutôt doux avec notre portefeuille : les plats principaux allant de 9,50 € à 17,50 €.

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© TO

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© TO

20h30 : se lâcher aux Pères Populaires

Certains compensent leurs excès par des séances de fitness intensives ou des régimes draconiens. De votre côté, fini la nourriture bio et les kilomètres de marche pour aujourd’hui : place à la bière, au vin et aux discussions enflammées !

Qu’on se le dise : il n’est pas dur de trouver un endroit pour étancher sa soif dans le quartier de Nation. Cependant, mieux vaut connaître les bonnes adresses du quartier. Si vous êtes resté au nord de la place, foncez rue des Grands Champs. Nouvellement arrivée, la salle d’escalade Arkose est logée dans une ancienne fabrique du 20e. Ouverte jusqu’à minuit, elle dispose d'un restaurant et d'un bar alimentés en produits et bières locaux. C’est un peu cher, mais ça vaut assurément le détour pour tous les amateurs de grimpe parisiens.

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© TO

Mais passons aux choses sérieuses : la vraie attraction de la rue des Grands Champs est le bar très franchouillard des Pères Populaires. Ne vous laissez pas déconcerter par la façade immaculée et sans aucun signe distinctif du bar. Fiez-vous plutôt aux buveurs qui ne vous ont pas attendu pour s’attabler à la terrasse longeant la rue. A l'intérieur, l’association mobilier de classe, papiers peints défraîchis et tuyaux d’aération apparents est assez spéciale : un lieu hybride entre le foyer de jeunes et la cantine de quartier. Les prix sont sont tout petits et le personnel aimable. On y boit de la Jupiler à flots. Toutes les conditions sont réunies pour rester jusqu’à la fermeture !

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