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Vie et passion d’un gastronome chinois, de Lu Wenfu, Ed. Piquier Poche, 1996
La quatrième de couverture lance une invitation : « Ce roman se déguste une serviette autour du cou. » Effectivement, en suivant les aventures de ventre du gourmand Zhu Ziye 40 ans durant, la salive ne pouvait que s'éprendre de nos papilles qui se délectent de ce roman. Le répertoire des divers mets qu'il a pu savourer se déroule en filigrane de l'histoire de deux personnages ennemis, tous deux « experts en bonne chère » (meishijia, en chinois) et dévoués à la gastronomie. Sous-tendu par les turbulences de la période communiste, ce roman est une jolie façon d'appréhender l'art culinaire de l'empire du milieu et permet « d'attribuer une légitimité à la gastronomie chinoise » comme le souligne si bien la sinologue Françoise Sabban dans la préface de l'ouvrage.
Encyclopédie gourmande de la Chine, Editions Fullmann, 2013.
S'il existait une religion de la cuisine chinoise, cet ouvrage en serait le livre sacré. Classée par régions et spécialités, l'encyclopédie réussit un merveilleux travail d'alliance entre histoire culinaire et sociale, recettes de cuisine et distinctions culturelles, parvenant ainsi à couvrir une importante partie des traditions gastronomiques chinoises. Le contenu est riche, précis et accompagné de photos légendées. On y trouve aussi bien des recettes de jiaozi qu'un historique de la cuisine végétarienne en Chine ou encore la description de ce que mange habituellement un ouvrier shanghaïen. Ce grand livre rouge est d'une pertinence exquise, de quoi cultiver merveilleusement nos papilles.
La Baguette et la Fourchette, Yu Zhou, Editions Fayard, 2012.
La cuisine, meilleur lien entre les civilisations ? C'est sensiblement la réponse que Yu Zhou apporte avec cet ouvrage. Ce gourmet chinois, arrivé en France pour ses études et désormais invité de toutes les conférences, est devenu depuis quelque temps la référence en matière de cuisine chinoise en France. A l'origine de cet engouement, ce livre qui raconte la Chine aux Français à travers diverses comparaisons entre les cuisines des deux pays, comme celle du tofu et du fromage, ou encore des expressions telles qu' « avoir une faim de loup ». On y apprend l'importance de la fadeur dans la cuisine chinoise, mais aussi celle de la poésie. Autant d'histoires qui nous donnent envie de connaître la Chine et ses saveurs à l'infini.
Tout est politique. Surtout un plat de nouilles. A la table des empereurs de Chine, les stratégies se trouvaient dans l'assiette plutôt que dans les alcôves du pouvoir. En décortiquant précautionneusement les recettes élaborées à la cour de l'Empereur Qianlong (1736-1799), l'auteur nous en dévoile les us et coutumes et nous décrit par là même l'époque. Faisant écho à l'ouvrage 'La Civilisation des mœurs' où le sociologue Norbert Elias trace une sociologie des usages de la vie de cour en France, il nous rappelle l'éloquence de la Chine impériale et sa richesse culturelle. En politique comme histoire, chaque détail a un sens, ce que William Chan Tat Chuen s'applique à nous montrer.