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Avant de retrouver le plus radical des groupes de rock des sixties à partir du 30 mars à la Philharmonie, petit tour d’horizon de quelques-uns des titres les plus classes et méconnus du Velvet Underground. De quoi bien se décrasser les oreilles…
1/ "The Black Angel’s Death Song"
Si tout le monde connaît à peu près par cœur le premier album du Velvet – mais si : celui avec Nico, Warhol, sa banane équivoque, toussa toussa… –, rares sont tout de même ceux qui s’aventurent au-delà de sa neuvième plage (et du superbe "I’ll Be Your Mirror") pour soumettre leurs oreilles aux brutales dissonances de cette « chanson de mort de l’ange noir ». Il faut dire que le titre, sacrifié sur l’autel d’une proto-noise aussi sexy qu’inaudible, fut, de l’aveu même de Lou Reed, « rendu inintelligible » sur disque. Ce qu’on ne peut que regretter en tombant sur cette version live de "The Black Angel’s Death Song", minimale et puissamment hypnotique, interprétée par Reed et John Cale, lors de leur concert avec Nico au Bataclan en 1972.
2/ "Ride into the Sun"
Au moins trois versions – dont aucune vraiment définitive – existent de cette chanson. Une instrumentale (sortie sur la compilation ‘Another View’), une chantée par Doug Yule en mode Beach Boys sur fond d’orgue (disponible sur des rééditions de l’album ‘Loaded’) et enfin, celle-ci, notre préférée, certes un peu dégueu puisqu’il s’agit d’une démo, mais chantée par Lou Reed au sommet de ses tendances pop abrasive – et qui n’est pas sans anticiper l’atmosphère de ‘Transformer’, son premier album solo à venir, produit en 1972 par David Bowie.
3/ "I’m Gonna Move Right In"
L’un des rares morceaux purement instrumentaux du Velvet (mais de quoi peut-il donc être question avec ce titre ?), inédit jusqu’en 1986, "I’m Gonna Move Right In" est surtout l’occasion de savourer le jeu de guitare de Sterling Morrison, sans doute l’un des guitaristes les plus mésestimés de l’histoire du rock. Equilibriste, à la fois foutraque et fonceur, traversé d’éclairs de groove crado, le jeu de « Sterl » lorgne vers un psychédélisme brut et détendu, sans effets de manche ni prétention. Autrement dit, un des gratteux les plus cool du monde. La preuve, ici-même…
4/ "Venus in Furs" (demo)
Alors oui, celle-là, évidemment vous la connaissez sans doute par cœur. Directement inspirée de ‘La Vénus à la fourrure’ de Leopold von Sacher-Masoch, avec son cortège de sadomasochisme et de boots en cuir, la chanson est restée dans les annales comme un pur chef-d’œuvre vénéneux, qui fit les délices au cinéma de Gus Van Sant (avec ‘Last Days’) ou du ‘Saint Laurent’ de Bertrand Bonello – tout en se voyant reprise par Siouxsie and the Banshees, Jim O’Rourke ou The Kills. Seulement, jetez donc une oreille à cette première version de "Venus in Furs", chantée par John Cale et accompagnée d’une simple guitare folk, pour entendre combien sa mélodie ressemble, au fond, à celle d’une chaste et mystique ballade celtique. Inattendu et bluffant.
5/ "The Murder Mystery"
Un titre sorti en 1969, sur l’album simplement intitulé ‘The Velvet Underground’. Exit alors les drones génialement abrasifs de John Cale (remplacé par le multi-instrumentiste Doug Yule), pour un album plus doux et apaisé que les précédents – prenant même carrément le contre-pied du cradissime ‘White Light White Heat’. Toutefois, cet avant-dernier titre de l’album, qui est aussi son plus long (pas loin de neuf minutes), montre combien le Velvet sait encore foncer dans l’expérimentation et l’avant-garde. Enfin, il permet d’entendre chanter (ou plutôt parler très très vite) les différents membres du groupe : Lou Reed et Sterling Morrison sur les couplets, Maureen Tucker et Doug Yule sur les refrains. Un sommet de psychédélisme, au texte proche de ceux de Burroughs. L’alliance parfaite d’une poésie féroce et d’un rock déglingué. Bref, le Velvet Underground.