Actualités

5 performances « artistiques » à la limite du supportable dans l'histoire de l'art

Publicité

Quand l’art titille le seuil du supportable   

Face à l’art contemporain, le spectateur se trouve bien souvent démuni : il faut dire qu’il est parfois difficile de cerner le propos de l’artiste derrière une œuvre alambiquée et pas forcément esthétique – bien que l’art ne soit pas nécessairement le chantre de la beauté, mais là n’est pas le sujet, c’est un autre débat ! Et que dire de ces happenings délibérément déroutants, de plus en plus courants et parfois carrément sordides. Est-ce de la provocation pure ? Un dépassement de soi pour une véritable revendication ? Ou une simple volonté d’établir un record qui fera ensuite le buzz dans les médias ? Quoi qu’il en soit, voici une sélection des performances dites artistiques les plus singulières, voire sacrément incommodantes, qui nous interroge sur la limite ténue entre l’art et le grand n’importe quoi.

1. Abraham Poincheval

Hiberner dans un ours empaillé ou se faire emmurer

Mercredi 1er mars 2017, à 14h, il est sorti du rocher dans lequel il s’était enfermé pendant huit jours, au milieu des espaces du Palais de Tokyo. Lui, c’est Abraham Poincheval, un hurluberlu (et encore, le mot est faible) qui ADOOOOORE tester de nouveaux habitats, de préférence inconfortables et exigus. En 2014, l’artiste français s’était déjà reclu deux semaines dans le ventre d’un ours naturalisé au musée de la Chasse et de la Nature, bien avant Leonardo Di Caprio dans ‘The Revenant’. De même qu’il s’était coincé dans une énorme bouteille en verre remontant le Rhône il y a deux ans avant de se percher sur une minuscule plateforme à douze mètres de hauteur, devant la gare Saint-Lazare, à l’occasion de la Nuit Blanche 2016. Son récent « empierrement », comme un retour à l’état de fossile, Abraham Poincheval aura toutefois moins d’un mois pour s’en remettre puisque, dès le 29 mars, il entamera une couvée d’œufs de poules pendant 26 jours, toujours au Palais de Tokyo.

 

2. Chris Burden

Se faire crucifier sur le capot d’une voiture, se faire tirer dessus à bout portant…

Il y a des gens pour qui le danger est une notion toute relative. Des trompe-la-mort qui aiment susciter le scandale avec des « body-art » jusqu’au-boutistes. Et le maître du genre demeure sans conteste Chris Burden – à qui l’on doit également l’installation de 202 réverbères, ‘Urban Light’, à Los Angeles. Dans les années 1970, cet Américain adepte du masochisme artistique et considérant le risque comme une expérience s’est ainsi fait tirer dessus à bout portant pour sa performance ‘Shoot’, puis attacher sur le capot d’un voiture lancé à pleine vitesse, avant de nager dans une mer de verre pilé et de se faire électrocuter. Symbole de la contre-culture et de la jeunesse désillusionnée post-guerre du Vietnam, Chris Burden est finalement décédé en mai 2015 des suites d’une maladie. Une ironie du sort qui aurait sans doute plu à ce subversif agitateur, lui qui a maintes fois frôlé la mort sans jamais céder à ses avances.

© Gagosian Gallery

 

3. Otto Muehl

Enterrer des ‘Vénus’, déstructurer les corps et puis s’enduire de fluides, en toute simplicité

Si vous tapez « Otto Muehl » dans Google Images – ce que l’on vous déconseille fortement, sous peine de trauma oculaire ! – vous aurez l’impression de regarder des captures d’écran du film ‘Human Centipede’ mêlé au manga horrifique Judge. Bref, vous l’aurez compris, l’artiste autrichien fondateur du mouvement actionniste viennois était un homme sain d’esprit qui appréciait peindre des paysages en plein air. Ou presque. Après avoir été enrôlé dans la Wehrmacht en 1943, enseigné dans un foyer pour enfants perturbés, délaissé la peinture figurative pour réaliser des œuvres plastiques avec des déchets puis fait émerger le courant artistique Aktion – né sur les ruines de la politique conservatrice que le régime nazi avait établie en Autriche – par le biais du manifeste ‘L’Orgue de sang’, Otto Muehl a plusieurs fois terminé en prison pour atteinte aux bonnes mœurs à cause de ses performances séditieuses et sexuelles, engendrant sans complexe le malaise.

Otto Muehl Materialaktion Nr. 1, Versumpfung eines weiblichen Körpers - Versumpfung einer Venus, September 1963 1963 (2000)
© Bildrecht, Wien 2017

 

4. Milo Moire

Pondre avec son vagin

Foire d’art de Cologne en 2014. La Suissesse Milo Moire, nue au-dessus d’une toile blanche, lâche des œufs de peinture pour créer des drippings sur son tableau. Sauf que l’artiste n’utilise pas ses mains, mais son vagin. A l’image d’une poule pondant, elle largue des ovotides pleins d’acrylique qu’elle stockait dans son appareil génital. Pourquoi ? Comment ? Dans quel but ? Apparemment, ce serait pour « repousser les frontières de l’art, vivre et exprimer mon art avec mon corps tout en brisant les barrières mentales », explique Milo Moire. Ajoutant « L’art est personnel. Lorsque je fais une performance, je suis en phase avec moi-même, concentrée et calme. Je me sens forte car je suis absolument convaincue de mon travail »… Ah bah oui, dans ce cas c’est tout de suite plus clair !

 

5. Petr Pavlenski

Se couper l’oreille et s’exhiber nu sur le mur d’un HP

Tout aussi dingue mais mu par une véritable cause, l’artiste russe Petr Pavlenski s’est, lui, installé nu sur le mur d’un institut psychiatrique moscovite et coupé l’oreille avec un couteau, façon van Gogh. Entendant ainsi dénoncer l’internement à des fins politiques en Russie, l’homme d’à peine 30 ans affirmait que son geste incarnait « une métaphore de ce que l’Etat fait au corps social ». Et Petr Pavlenski n’en est pas à son coup d’essai puisque, dans cette révolte mutilatoire en vue de faire évoluer les mentalités, il s’est également cloué les testicules devant le Mausolée de Lénine sur la Place Rouge et s’est cousu les lèvres durant le procès des Pussy Riot. Poursuivi dans son pays natal, ce militant (dont le courage est à la mesure de sa démesure) a aujourd’hui fui le régime de Poutine pour la France.  

© REUTERS/Maxim Zmeyev

 

BONUS : Les œuvres du groupe Cadavre… réalisées à partir de véritables cadavres !

Vous n’avez pas encore vomi ? Allez, on ne peut pas vous laisser partir comme ça, il vous faut un dernier petit remontant. Alors on finit en beauté avec un peu de rabe de ragoûtant grâce au groupe Cadavre. Ce collectif extrême, surgi de l’art contemporain chinois il y a quelques années, a pour particularité d’utiliser de vraies dépouilles humaines dans ses créations. Pour Sun Yuan et ses acolytes, les restes humains permettent en effet, mieux que n’importe quel médium, d’exprimer la violence de ce monde. D’autant qu’après la mort, le corps n’est plus qu’un matériau… Une morale moralement discutable.  

On vous épargne tout visuel...

À la une

    Publicité