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Pendant l'été, le petit écran a crépité de tous ces pixels. Chez Time Out, les jours de pluie on a bingé comme des cochons pour élire les cinq séries qu'il faudra absolument dévorer à la rentrée. Pour survivre aux feuilles mortes, pour oublier la fin de l'été et avoir de quoi discuter à la machine à café.
Par Anna Maréchal, Huw Oliver et Elsa Pereira.
1. 'The Night Of', HBO
saison 1 - 8 épisodes de 50 minutes
Sombre et haletante, la série créée par Steven Zaillian et Richard Price est un petit bijou de série policière. ‘The Night Of’ raconte en huit épisodes la descente aux enfers de Naz, un étudiant américain d’origine pakistanaise qui se réveille après une nuit de drogue et de sexe aux côtés du corps inerte d’Andréa. Il ne se souvient de rien, et pourtant les 22 coups de couteaux l’accusent. Le directeur de la photographie peut se frotter les mains, la beauté de la série tient beaucoup à l’aura mystérieuse qui l’enveloppe de bout en bout, des ruelles de New York aux couloirs de prison, un gris plein de nuances. Un halo nébuleux et une caméra qui parfois se pose sur des détails, se laisse à filmer des regards, des gestes et des coins de rue sans que la fable ne l’exige.
50 nuances de justice
Et si la série est visuellement très réussie, elle est aussi intelligente dans sa construction dramaturgique mettant en scène des personnages à la psychologie fine et complexe, décrivant l’univers carcéral et le système judiciaire avec un regard acerbe… Après un premier épisode assez époustouflant, on devient vite obsédé par l’atmosphère anxiogène de ‘The Night Of’. HBO, c’est quand la saison 2 ?
2. 'Transparent', Amazon vidéo
2 saisons de 20 épisodes de 30 minutes
De toute évidence, le transgenre n’est plus un sujet tabou pour la télévision mainstream américaine. De ‘Sense 8’ à ‘Orange is the New Black’ en passant par ‘Pretty Little Liars’, il va sans dire que des personnages transgenres ont occupé de plus en plus de place au cours de ces dernières trois ou quatre années. Et pourtant la série qui a le plus participé à cette discussion est sans aucun doute ‘Transparent’, en streaming sur Amazon Prime, qui revient pour une troisième saison fin septembre.
Mom and dad
Si vous n’en êtes pas déjà conscient, cette série ultra-hype traite essentiellement d’un père californien grisonnant (Jeffrey Tambor) qui fait son coming-out à ses trois enfants trentenaires assez tard dans sa vie. Suite à cette révélation d’une vie cachée depuis des décennies, on voit les répercussions de l’annonce sur chacun des protagonistes. A partir de là, chacun des trois enfants nous fascine par ses contradictions : ils paraissent à la fois compatissants envers leur père et très égoïstes, légèrement irritants mais tout à fait adorables quand même. Une famille dysfonctionnelle normale, quoi. Mais vue à travers le prisme de cet énorme changement de dynamique provoqué par un ‘dad’ qui devient ‘mom’. Dans cette troisième saison, Caitlyn Jenner devrait même y jouer un petit rôle.
3. 'The Get Down', Netflix
1 saison de 6 épisodes de 50 minutes (mis à part le pilot qui dure 90 minutes)
Difficile de passer à côté de 'The Get Down', nouvelle production haute en couleur de Netflix. Un gros budget promo (la série avait même son stand à Rock en Seine) et un pitch bien sexy : Netflix a mis les petits plats dans les grands pour sa nouvelle venue musicale. 'The Get Down', série réalisée par Baz Luhrmann ('Roméo + Juliet', 'Moulin Rouge') se déroule dans le New York des années 1970 pour en raconter la naissance du hip-hop. On suit une bande d'adolescents, coupe afro et pantalons patte d'eph, entre graffitis, love story et leçons de scratch.
1977
N'imaginez pas un récit sombre où il est question de révolte sociale et de quartiers défavorisés caméra à l'épaule, la patte de Luhrmann irradie l'image de ces couleurs pop et plans ultra-léchés : la mise en scène est rythmée, le montage effréné, les comédiens sexy et les dialogues souvent drôles. Une esthétique qui baigne entre la comédie romantique et la comédie musicale façon 'West Side Story'. 'The Get Down' réussit à parler du hip-hop, de trafic de drogue, de politiciens véreux sans jamais se prendre au sérieux et surtout sans renoncer aux bons sentiments : l'amour, l'espoir et les rêves dans le Bronx de 1977. Tout est beau et stylé. C'est sûr que ça va en énerver plus d'un, et pourtant, ça fait aussi du bien.
4. 'Stranger Things', Netflix
saison 1 - 8 épisodes de 48 minutes
C’est la série événement de cet été : 'Stranger Things', avec seulement deux mois d’existence, est déjà durablement inscrite dans la pop culture. Un soir de l’été 1983 dans une petite ville de l’Indiana, Will, 10 ans, disparaît subitement sans laisser de traces. La police, sa famille et ses amis enquêtent tandis qu’une série de phénomènes paranormaux et un poil flippant bouleversent leur quotidien.
Une star et une bande de gosses
Winona Ryder, bluffante dans son interprétation de la mère du disparu fragile mais déterminée, est la seule star du casting. La série est en réalité portée par une bande de jeunes comédiens aussi talentueux qu’attachants dont la moyenne d’âge ne dépasse pas les 14 ans. En plus d’un scénario soigné et d’un univers eighties délicieux, 'Stranger Things' nous conquit grâce à ses références de qualité (le cinéma spielbergien est mis à l’honneur et la B.O. impeccable), sa bande de copains adorable et ses personnages et scènes déjà culte (Barb et Dustin en tête). Reste à espérer que la deuxième saison commandée par Netflix pour 2017 sera au niveau.
5. 'Mr. Robot', Usa Network
saison 2 – 12 épisodes de 40 à 60 minutes
Non, ce n’est pas une série sur des robots qui prennent le contrôle du monde mais l’histoire d’Elliott, employé dans une grande entreprise de cybersécurité le jour et hacker révolutionnaire la nuit. Il se retrouve embarqué dans un groupe de nerds mené par le mystérieux (et légèrement barge) Mr. Robot pour une affaire de hacking visant à renverser le capitalisme moderne. Rien que ça.
F. Society
Situé dans le New York d’aujourd’hui, la série suit ce jeune homme brillant mais névrosé, souffrant d’anxiété sociale et d’un amour un peu trop prononcé pour la morphine. Le génial Rami Malek interprète le personnage tout en nuances, entre sa voix sombre et monocorde qui déclame son amertume aux spectateurs et le malaise évident qu’il éprouve à la moindre interaction humaine. L’intrigue, complexe, gagne en intensité au fil des épisodes et saisit par son réalisme et son actualité. Avec ses personnages secondaires ambivalents, son univers visuel et sonore chiadé et une mise en scène hypnotique, 'Mr. Robot' a su conquérir le public comme la critique et s’envole déjà vers sa troisième saison.