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Haletante, renversante, épique… Les mots nous manquent pour décrire la saison 6 de Game of Thrones. Malgré quelques longueurs et des hésitations dans le scénario, les deux derniers épisodes de la série ont clôturé avec brio ce chapitre et nous ont fait oublier, comme souvent, les quelques ratés du début. Mieux encore, ce finish laisse présager une suite tout aussi spectaculaire voire carrément anthologique. Un an, c’est désormais le temps qu’il faudra avant de replonger dans le grand nord de Winterfell. Pour soulager votre gueule de bois post-GoT, on vous a concocté une sélection de séries tout aussi réussies, tantôt drôles tantôt bouleversantes, qui devraient vous faire oublier le regard ténébreux de Jon Snow. Au moins pour un moment.
'Vinyl'
Dès les cinq premières minutes, la série de HBO reprend tous les codes du fameux slogan « Sex, drugs and rock ’n’ roll ». Produit par Mick Jagger et Martin Scorsese – qui réalise l’épisode pilote –, ‘Vinyl’ nous plonge dans le quotidien de Richie Finestra (Bobby Cannavale), producteur de musique à la vie tumultueuse, tiraillé entre la défonce, sa famille et son label qui périclite. Autour de Finestra, le réalisateur mué en créateur de séries reprend les thèmes phares de son cinéma : rédemption, famille, grandeur et décadence. Il faut dire qu’après avoir grimpé les échelons, le producteur, fabuleusement interprété, tente de refourguer son label aux Allemands de Polydor. Et malgré les promesses à sa femme (Olivia Wilde), l’homme ne peut se soustraire à sa passion (le rock 'n' roll) et à la décadence (la coke, omniprésente).
Malgré un casting cinq étoiles, la présence du scénariste Terence Winter (‘Les Soprano’, ‘Le Loup de Wall Street’) et un budget à 100 millions de dollars, la saison a finalement été boudée par les critiques et le public. Pire encore, elle a carrément été annulée par le géant du câble américain. Peut-être finalement que tout le monde attendait trop de ‘Vinyl’. Mais outre ses imperfections, on n’a pas vu cette année de photographie aussi impeccable, de mise en scène aussi léchée et de B.O. aussi réussie. Rien que pour ça, on vous la recommande chaudement.
HB
'Horace and Pete'
Louis C.K. est l’homme le plus drôle du monde. Il est aussi terriblement audacieux. Après avoir décidé de mettre entre parenthèse ‘Louie’, série autofictionnelle et chef-d’œuvre incontestable du petit écran, il est de retour avec une création radicale et complètement subversive, disponible uniquement sur Internet, et qui n’entre véritablement dans aucune case télévisuelle. Sortie début 2016 dans une discrétion totale, elle nous plonge dans la vie d’Horace et Pete, propriétaires d’un vieux bar de Brooklyn, qui s'interrogent sur l'avenir qui sera réservé à l'établissement : faut-il le léguer? Le conserver tel qu’il est ? Le retaper radicalement ? La problématique de la succession y est alors traité et c'est terriblement tchekhovien.
Plus qu’une énième sitcom rigolote au rythmé effréné, la série est surtout un ovni complètement déconcertant. Pas vraiment une comédie, lente, gorgée de blancs à rallonge et de dialogues qui peuvent parfois durer une vingtaine de minutes, ‘Horace and Pete’ ne ressemble à rien sauf peut-être à du théâtre, en témoignent les entractes au milieu des épisodes. Le résultat est touchant, risqué et ultra avant-gardiste. Nul doute que, bien qu'élitiste, la première saison fait partie des meilleures créations de cette année 2016. Et prouve, s’il le fallait encore que, Louis C.K. est un génie. Un vrai de vrai.
HB
'Peaky Blinders'
Birmingham. 1919. Les Peaky Blinders règnent sur la ville d’une poigne de fer et à coups de rasoir cachés dans les visières – peak – de leurs casquettes. Au lendemain de la guerre, ce gang est dirigé par le charismatique et ambitieux Thomas Shelby (l’impeccable Cillian Murphy) qui gère la cohésion familiale, les affaires peu respectables du gang et ses propres démons. Ce groupe attire l'attention d’un inspecteur irlandais envoyé par Churchill pour nettoyer la ville de tous ses criminels.
Visuellement irréprochable, la série produite par la BBC a des allures cinématographiques grâce notamment à sa parfaite maîtrise des travellings et des ralentis. Basée sur une histoire vraie (le gang des Peaky Blinders a réellement sévi à Birmingham à la fin du XIXe siècle), la série parvient à allier réalité historique (costumes, décors) et modernité (une bande-son anachronique et superbe réunissant Nick Cave, PJ Harvey et les White Stripes).
AM
'Casual'
Oubliez 'Sex and the City' et ses palliatifs : 'Girls', 'Younger' et autres séries sur le célibat, l’amour et ses complications. D’ailleurs, à l’ère de Tinder, qui emballe encore avec sa seule paire de stiletto ? La preuve avec l’une des nouvelles venues de Hulu : 'Casual', une série drôle et complexe, légère et pointue sur les relations humaines. Dix épisodes de trente minutes parfaitement ficelés : aussi incisifs et pathétiques qu’un rencard raté. Pas question de tabler sur une cocasserie de situation, mais sur un casting de personnages aux personnalités délicates et jouées avec intelligence par des acteurs peu connus mais excellents (Michaela Watkins).
EP
‘Vikings’
Levons tout de suite un malentendu : ‘Game of Thrones’ est une série largement surestimée. En fait, on a depuis quelques saisons plus affaire à un phénomène social – spoilera ou spoliera pas ? et toi, tu préfères Sansa ou Arya ? – qu’à une série de qualité (faiblesses scénaristiques, pauvreté de la réalisation, décors parfois décevants). S’entêter à regarder ‘GoT’ chaque semaine alors qu’il ne s’y passe jamais grand-chose d’intéressant revient en fait à préserver une part de sa vie sociale. Et un jour, on découvre ‘Vikings’, qui rappelle par son ambiance et son âpreté les débuts de ‘GoT’, et là notre vie change littéralement.
Assez méconnue, voilà une série passionnante créée par Michael Hirst pour le compte de la chaîne History (Canada et Etats-Unis) et diffusée depuis mars 2013. On y suit l’ascension du charismatique Ragnar Lothbrock, fermier promis à un grand avenir. Le véritable intérêt de ‘Vikings’, en plus de ses grandes qualités visuelles et scénaristiques (on est à chaque épisode remué par une révélation ou une scène cruciale), réside dans sa manière d’aborder les mythes et l’histoire de ce peuple, et de le confronter aux autres peuples et croyances du IXe siècle. Sans mélo ni kitsch (coucou ‘GoT’). Mais toujours avec un rare sens de la créativité dans sa réalisation, superbe de bout en bout (du moins jusqu’à la saison 4, dernière à ce jour). Vivement la suite.
NH