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« Il fait beau comme jamais, c'est un temps contre-nature, comme le ciel des peintures... », disait si bien Aragon. Quand « on ne sait plus comment voir, ni se lever ni s'asseoir », la meilleure solution reste sans doute de s'affaler dans l'herbe fraîche des parcs refleuris. Mais ne vous leurrez pas, d'autres joyeux drilles ont déjà eu cette bonne idée, et pas un seul parc parisien ne sera luxe, calme et volupté sous un tel soleil. Après les terrasses et les vide-greniers, voilà que le complot reprend dans les espaces verts de la capitale : des tourtereaux scoubidou aux répliques de Ken torse nu, en passant par le petit groupe de gueules de bois anonyme, voici cinq types d'individus que vous risquez de croiser dans les parcs et squares parisiens pendant la saison estivale.
1. Le bambin casse-bonbon
Vous pensiez avoir trouvé un coin tranquille où somnoler en paix, malgré les pies bavardes qui n'arrêtent pas de jacasser à votre droite. Mais voilà qu'un couple s'installe à votre gauche avec ce petit poison des espaces publics que l'on nomme plus communément « enfant ». Finies les heures heureuses, interrompues par son satané ballon de baudruche qui vous effleure le visage tous les quarts d'heure. Vous priez alors pour qu'il s'envole ou, mieux encore, qu'il effleure un objet contondant et qu'il éclate violemment. Votre second vœu se réalise sous le poids de l'enfant maladroit, laissant place aux pleurs et aux cris stridents du petit individu. Votre troisième vœu ? Le faire taire, par pitié.
2. Les tourtereaux aux jambes aussi entrelacées qu'un scoubidou
Vous avez certes l'habitude des amoureux qui « s'bécotent sur les bancs publics », dans le métro, dans les escalators, dans la rue – quelques-uns allant jusqu'à s'engloutir littéralement la langue – mais quand viennent les beaux jours, certains s'octroient carrément le droit de passer à la vitesse supérieure une fois à l'horizontal. Instinctif ? Peut-être. Déplacé ? Êtes-vous bien sûr de n'avoir jamais été à leur place ? Toujours est-il que vous avez du mal à ne pas loucher sur le scoubidou de leurs jambes entrelacées...
3. Le petit groupe qui cuve sa gueule de bois de la veille
Vous auriez pu ne même pas remarquer leur présence. Assis en cercle, ces cinq potes qui engloutissent un kebab à l'unisson ont l'air presque frais. Ils sont un peu lents mais rieurs, se remémorent joyeusement la fin de leur soirée de la veille. Toutefois, certains détails ne trompent pas les connaisseurs : l'appel du gras est le premier indice. Le deuxième, la boîte de Doliprane en évidence et les litres d'eau qu'ils transportent dans leurs sacs à dos. Troisième témoin de l'éternelle gueule de bois : ils s'affalent, s'affaissent et s'endorment en bavant. Ils se réveilleront sans doute un peu rougeauds et bouffis, mais tout de même vaguement ressuscités par l'astre solaire.
4. Ken torse nu
Le premier rayon de soleil a vraisemblablement brûlé le seul t-shirt de ce bellâtre particulièrement à l'aise. Voilà que le mec de Barbie se retrouve torse-nu, exhibant fièrement ses tablettes de chocolat qui luisent sous les rayons. Rien d'étonnant, il a sorti la graisse à traire et s'en badigeonne régulièrement les pectoraux. C'est d'ailleurs ce qui le différencie foncièrement d'Action Man, plus viril et moins soucieux de son teint. Etre sexy sans avoir l'air de contempler son nombril n'est vraisemblablement pas à la portée de tous.
5. La jeune fille qui fait semblant de lire
Cette jolie nymphette a tout l'air d'une Lolita nabokovienne. Elle a ôté ses sandalettes de cuir et feuillette lascivement son livre de poche allongée sur le ventre. Mais dissimulés derrière ses lunettes de soleil, ses yeux se promènent davantage sur les lignes de la marinière du charmant garçon qui se tient à sa droite que sur celles de son bouquin - d'ailleurs, sa lecture n'avance pas fort. Il faut l'excuser : le soleil est si brûlant que les pages blanches du 'Comte de Monte-Cristo' en éblouiraient plus d'un.