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Pour les 150 ans du livre 'Alice au pays des merveilles’, le Salon du livre jeunesse de Montreuil accueille l’exposition 'Wonderland, la logique du rêve'.
« Un instant plus tard, elle s’y enfonçait à son tour, sans du tout s’inquiéter de savoir comment elle en pourrait ressortir. » Cette phrase, tirée du célèbre roman de Lewis Carroll, pourrait très bien s’appliquer à nous, visiteurs. A l’image de l’espiègle petite Alice, irrésistiblement attirée dans le terrier où le lapin blanc s’est engouffré, on pénètre avec une excitation confuse dans le labyrinthe circulaire qui abrite l’exposition 'Wonderland, la logique du rêve'. Un escargot de tôle et de bois noir, où règnent une lumière bleutée et une atmosphère singulière. Car, ici, le moindre détail entend plonger le curieux dans le monde onirique d’‘Alice au pays des merveilles’, ce monument de la littérature qui fête cette année son cent cinquantième anniversaire – en compagnie d’un chapelier fou armé d’une tasse de thé, bien entendu...
©C.Gaillard
L’exposition se divise en chapitres, comme dans le conte génialement excentrique qui lui sert de trame. Tous les chapitres s’ouvrent par une majuscule (un miroir en l’occurrence) et se terminent par un point (symbolisé par un lapin blanc courant dans un cadre baroque et légendé : « Oh là là ! Oh là là ! Je vais être en retard ! »). Mais chaque section est dédiée aux esquisses originales d’un artiste inspiré par l’œuvre de l’écrivain britannique. D’ailleurs, 'Wonderland, la logique du rêve' (titre subtilement paradoxal) aurait plutôt dû s’écrire « les logiques du rêve », en référence à la diversité des illustrations proposées. Du style fantasque et pétillant de Gilles Bachelet au trait tout aussi vif mais plus inquiétant de Benjamin Lacombe, en passant par les mélancoliques aquarelles gouachées de Rebecca Dautremer, cinq dessinateurs aux univers et aux techniques différents réinterprètent les aventures d’Alice. Il faut dire que ce roman, qui a bercé tant de générations et connu tant d’adaptations à travers le monde, laisse une grande place à l’imagination. Résultat : tout lecteur en a une vision extrêmement personnelle. Gilles Bachelet, par exemple, bascule de l’autre côté du miroir et revisite le mythe à travers les yeux de madame le Lapin Blanc. Plus fidèle au ton absurde de l’histoire qu’à l’histoire elle-même, il offre alors à l’héroïne Alice un rôle secondaire et de rares apparitions.
©C.Gaillard
Mais ce qui différencie 'Wonderland' de la multitude d’expositions ayant pour thème ‘Alice au pays des merveilles’, c’est sa dimension ludique. Tout au long d’un périple ayant pour bande son des extraits lus par l’écrivain Véronique Ovaldé, on se met dans la peau d’Alice en allant de surprise en surprise. Au détour d’un chapitre, on croise donc un Oculus (casque de réalité augmentée) proposant de faire une expérience inédite : s'immerger dans un songe peuplé de cartes à jouer. Des trous dans les murs de tôle incitent, eux, à y glisser un œil afin de découvrir l’intérieur d’un cabinet de curiosités rempli d’objets hétéroclites (des tasses à thé en suspension, des éventails en papier et des lettres d’imprimerie de taille démesurée). Enfin, une table de mixage nous invite à prendre les commandes d’un kaléidoscope projeté au centre du labyrinthe, sous des arches élancées, au sein duquel s'entremêlent les gravures de John Tenniel (l'illustrateur initial du roman). Une façon de piloter son rêve en zoomant ou en réglant l’intensité des couleurs, et de contrôler enfin l’inconscient.
©C.Gaillard
©C.Gaillard
En somme, à la sortie de 'Wonderland, la logique du rêve', on n’a plus qu’une envie : replonger tête la première dans ce récit chimérique qu’on adorait enfant, telle Alice poursuivant le lapin blanc. Et cela tombe bien puisque le voyage prend fin dans une salle de lecture, aménagée pour l'occasion. Là, de nombreuses éditions illustrées de ‘Alice au pays des merveilles’, disposées sur des tables intimant l'ordre : « Lis-moi ! », ne demandent qu'à être feuilletées. Et on ne saurait résister.
Quoi ? • Exposition 'Wonderland, la logique du rêve'.
Où ? • A l’Espace Paris-Est de Montreuil, 128 rue de Paris, 93.
Quand ? • Du mercredi 2 décembre au lundi 7 décembre, de 9h à 18h (nocturne jusqu’à 21h30 le vendredi), de 9h à 20h le samedi et de 10h à 19h le dimanche.