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En sortant leur magnifique EP 'Heavy Mater' sur Born Bad en janvier dernier, le loufoque Villejuif Underground était destiné à changer de dimension. La légende dira qu'ils ont explosé à la face du monde à Rock en Seine, en plein domaine de Saint-Cloud, repoussant plus que jamais les limites de la région Ile-de-France. Avant ça, ils nous ont parlé, repoussant toujours plus les limites de la stratosphère. Une interview sponsorisée par la police aux frontières de l'entendement.
Dernier groupe estampillé Born Bad à jouer à Rock en Seine, ils sont montés sur la scène le dimanche aux alentours de 20h45. En moins de cinq minutes, ils auront balayé les sempiternels questionnements des professionnels autour du meilleur concert de l'édition. La réponse fut unanime, claire et précise "It's The Villejuif Underground". Et c'est peu dire que, en interview deux heures en amont de cette claque scénique digne des plus beaux fouettés de poignet de Lino Ventura, le groupe m'en avait fait baver.
Mais pouvait-il en être autrement de la part d'un groupe qui met un coup d'pied dans la fourmilière à chaque fois qu'il compose un nouveau titre ? Tant sur leur son qu'ils empruntent aussi bien à des Fat White Family heureux de vivre ou à un Lou Reed piqué par un moustique drogué aux amphétamines, qu'à des textes ciselés, engagés et en constante recherche d'un sens de la vie tendance Monty Python, le Villejuif Underground est en avance. Retenez ce nom parce que c'est sans doute le nom de la secte musicale qui comptera le plus d'adeptes dans les mois et années à venir. Cette interview est aux antipodes de ce qu'a pu être leur concert et sert de bande-annonce apocalyptique d'un futur décadent, particulièrement addictif. "It's The Villejuif Underground" et on vous prévient, vous n'êtes pas encore prêts.
Le Villejuif Underground à Saint-Cloud, qui l’aurait cru ! L’adaptation n’est pas trop délicate ?
On a dû se mettre en short pour dénuder nos jambes comme Lauren Bacall.
Vous avez fait une tournée en Chine il y a un an et demi. Paraît-il que vous avez passé votre temps à faire des selfies. C'est pareil ici ?
On en a plus fait en Belgique. Là-bas, on en faisait même avec des poneys !
Nathan (chanteur), je ne sais pas si tu te souviens, on s’est croisé à Grands Boulevards la dernière fois, il était 18h, t’avais une Duvel à la main. Le Villejuif Underground, c’est la fête à chaque instant ?
Antonio (clavier) : « Villejuif est une fête », comme dirait Hemingway.
Tu m’avais parlé de tes soucis de visa, un thème récurrent de vos textes. Tu n’as pas peur que les flics te retrouvent ici ?
Nathan : Pas encore. C'est un peu difficile pour moi, je dois aller à la sous-préfecture d'Hay-Les-Roses à 7h du matin, c'est chiant.
Antonio : Est-ce que tu connais Kekra ? Il a fait une chanson qui s'appelle "Sans visage", Nathan pourrait clairement faire "Sans visa".
Vous vivez tous ensemble à Villejuif, un peu comme une communauté. Comment se passe votre processus de création ? Ça se passe dans le salon devant la télé ou chacun compose chacun de son côté ?
Antonio : Ça dépend. Avant l'orage, c'était au sous-sol, depuis l'orage, c'est dans le salon.
L'orage ?
Inondations...
Nathan, t’as récemment fait une apparition sur une chanson de Volage. Paul me disait tout le bien qu’il pensait de votre musique mais vous, c’est quoi vos groupes français du moment ?
Antonio : Nina Harker et Sourdure !
Nathan : Ventre de Biche.
J'habite Ivry, l'autre branche de la 7, la ligne de l’enfer. J’ai lu que d’une blague, la défense de la ville et de ce qu’elle représentait était devenue importante pour vous. Il y a une défense de l'histoire de la ville ?
Thomas (guitare) : La maison, frère ! Et tu as beaucoup plus de place dans ton métro, la ligne jaune ! Pour l'histoire, un peu. T'as un maoïste dans le groupe, un trotskiste et deux autonomes.
Antonio : Thomas, il est zadiste à la base et il voulait en faire une à Villejuif.
Vous pouvez me citer 3 spots bien coolos à Villejuif ?
Nathan : La boulangerie en face la gare, la piscine Youri Gagarine et la place Auguste Delaune.
Antonio : C'est le moment de faire un big up à Mouss, le spot de Villejuif.
C'est quoi ?
Antonio : Ça dépend...
C'est bon, ce prochain album, vous l’avez enregistré ? Et ce sera toujours chez Born Bad [JB, boss du label, débarque dans les loges à ce moment-là] ?
Thomas : Pas encore mais on espère vraiment que ce sera sur Born Bad !
JB : Ils vont faire une centaine d'albums, comme Carlos Santana.
Antonio : D'ailleurs, on a le bassiste de Carlos Santana !
On peut s’attendre à quoi ? Encore quelque chose de complètement différent ?
Thomas : Latino-celtique avec de la fricadelle.
Pour voir le Villejuif Underground en concert, c'est soit au Levitation Festival le samedi 16 septembre prochain, soit le 30 septembre au Chinois pour la Red Bull Music Academy.
Pour acheter leurs disques, c'est par ici !