[title]
Si vous êtes adepte des marchés de créateurs et des jolies boutiques parisiennes, vous avez sûrement déjà dû croiser les petites oreilles stylisées et les bols colorés de Camille et Clémentine, un duo de céramistes né sur les bancs de l'école Duperré à Paris. A quelques jours du Klin d'œil au Carreau du Temple, on a rencontré Clémentine dans un nuage de poussière et d'engobes roses dans leur atelier à Pantin.
Comment est né le projet Camille et Clémentine ?
Nous étions toutes les deux en DMA (diplôme des métiers d’art, ndlr) céramique à Duperré. Rapidement, on s’est rendu compte que nos univers se ressemblaient beaucoup, d’où l’envie de s’installer dans un atelier ensemble à la fin de la formation. On a imaginé notre première collection de vaisselle en se disant que l’on continuerait chacune de notre côté à poursuivre des projets personnels, mais finalement on n’a jamais eu le temps de le faire.
Mon objet préféré c’est le bol breton de ma grand-mère. Ce petit bol traditionnel sur lequel était écrit le prénom à la main, en tout cas à l’époque. Quand j’ai commencé à faire de la céramique à Duperré, mon délire c’était de mettre des petites oreilles partout. Or, Camille aussi mettait des oreilles sur ses objets. On les mettait dans des sens différents, mais on était les deux seules filles à faire ça. Forcément ça rapproche ! Quand, nous avons décidé de travailler ensemble, cette petite oreille est devenue une évidence pour nous. Refaire ce bol, et le remettre au goût du jour. C'est un peu notre pièce principale. On l'a redessiné pour qu’il soit très ventru, pour que l’on puisse manger dedans.
L'oreille est devenue votre signature...
Oui, c’est vraiment devenu notre marque de fabrique ! On la retrouve sur chacune de nos pièces : sur les tasses, les assiettes… Ce n’est pas une anse mais un petit clin d’œil à l’histoire de notre association.
La forme a été travaillée pour qu’elle soit très simple et que l’on puisse apercevoir la trace du modelage des doigts. Avec Camille nous sommes très fières de notre formation de céramique, de potier. L’idée de travailler la terre, de pouvoir ramasser des objets dans la nature et de s’en servir. C’est aussi pour ça que l’on travaille le grès. C’est un peu plus chaud, plus rustique.
Comment se compose votre catalogue ?
Notre travail s’articule autour de trois décors : le terrazzo, le quadrillé et le sableux. A chaque fois, c’est le lien avec le sol qui est en jeu. La céramique, c’est de l’argile que tu trouves dans le sol, on voulait que notre démarche garde du sens.
Le terrazzo est un hommage du sol « terrazzo », ces éclats de marbre dans les sols des immeubles des années 1930.
Le quadrillé, quant à lui, est inspiré des fonds de piscine, esprit carrelage. On reste dans le revêtement de sol artificiel. Il ne faut pas oublier que la céramique traditionnelle servait à faire des carreaux de faïence. Pour le modèle « sableux », on essaye de réimplanter des minéraux ramassés et broyés dans la matière. La relation au sol se situe ici plus dans la divagation et la promenade.
Des assiettes, des bols, des tasses à café... A part la petite crèche, sur votre e-shop on trouve surtout de l'utilitaire.
On a besoin de travailler l’objet du quotidien. Notre vaisselle est créée pour être utilisée tous les jours par ceux qui l’achètent. Notre volonté, c’est de créer des petits compagnons du quotidien, le bol du petit déjeuner, le plat que l’on passe au four, le pot de fleurs….
Pourquoi avoir choisi vos prénoms pour votre marque ?
On a longtemps cherché notre nom de marque sans trouver. Alors on a pris « Camille et Clémentine » un peu par dépit, finalement on est très contentes parce que ça laisse la trace des gens qui sont derrière. Quand tu as un nom de marque, on ne sait pas toujours qui est derrière l’objet que tu as acheté, là tu identifies tout de suite. On voulait garder l’artisanal, le côté humain, du coup c’est parfait !
Hormis les petites oreilles, d'autres projets ?
Camille vient de Toulouse, moi de Basse Normandie. On s’était toujours dit que Paris était une étape avant de partir ailleurs. Bon, il s’avère que Camille est repartie avant moi. Aujourd’hui, elle est basée à Clermont-Ferrand mais on continue de travailler ensemble. Chacune produit de son côté. On a créé un standard de production et pour l’instant on s’y tient. Elle remonte à Paris à certaines occasions et notamment pour les marchés de créateurs. Elle sera là pour l’Hôtel Bohême.
Maintenant que tout est un peu rodé, je vais pouvoir dégager du temps pour commencer quelque chose de plus personnel. Les essais de terre au sous-sol de l’atelier sont mes petites expérimentations et je voudrais aussi me remettre à tourner.
Retrouvez Camille et Clémentine :
- Klin d'Œil, les 6 et 7 mai,
- Hôtel Bohême, les 13 et 14 mai,
- et sur leur site.