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Une famille atypique et attachante embarquée dans un road-movie réjouissant.
Ne vous faites pas avoir par son titre, 'Captain Fantastic' ne parle en aucun cas de super-héros mais plutôt d’un super-papa. Une figure paternelle au départ presque idéalisée qui va petit à petit exposer ses failles dans un récit centré sur la famille et l’éducation. Ben Cash, impeccablement incarné par Viggo Mortensen ('Le Seigneur des anneaux', 'La Route', 'A History of Violence', etc.), vit reclus dans la forêt avec ses trois fils et ses trois filles dans une sorte de mini-société utopique, jusqu’au jour où un drame les pousse à sortir de leur autarcie et se confronter au monde. Vivant en communion avec la nature et selon les enseignements de leur père, les enfants risquent d'être sous le choc et de changer pas mal de choses sur leur manière d’envisager la vie.
Un road-movie qui ne se veut pas moralisateur
Dans la plus pure tradition du road-movie à l’américaine, Matt Ross prend plaisir à mettre en scène des péripéties à la fois drôles et révélatrices sur ses protagonistes. Rythmé par une bande originale sans fausses notes, le film évoque, à l'occasion de chaque arrêt de ce long voyage, des sujets différents qui se rejoignent tous dans la façon qu’ils ont de poser des questions sur notre société. Qu’est-ce qu’être un bon père ? Peut-on vivre complètement à l’écart du reste de la société ? Avec ces interrogations constantes, 'Captain Fantastic' se veut une satire sociale qui fait s’affronter deux univers très différents : notre monde à nous et la vision marginale et utopique de Ben Cash. Là où le film se révèle particulièrement fin, c’est qu’il ne prend jamais véritablement parti. Il critique de manière égale ces deux modes de vie et n’impose ainsi jamais son point de vue au spectateur, qu’il invite plutôt à réfléchir.
Pas moralisateur pour un sou et très rafraîchissant, 'Captain Fantastic' obtient un surplus d’humanité grâce à la force de son casting. Viggo Mortensen trouve ici l’un de ses rôles les plus marquants. En papa dur, exigeant, mais aussi touchant et dont l’amour pour ses enfants n’a pas de limites, il crève l’écran. Mais s'il habite complètement son personnage et porte en grande partie le film, il réussit l’exploit de ne pas éclipser les six enfants qui constituent toute l’âme de ce 'Captain Fantastic'. Ces jeunes acteurs, dont c'est le premier rôle au cinéma pour la plupart, parviennent tous à exister et exprimer leur personnalité singulière au sein d’un long métrage déjà riche de son sujet. Parfois peut-être un peu naïve, l’œuvre de Matt Ross porte un regard sincère sur le monde d’aujourd’hui. Une vision éclairante qu’il serait fort dommage de rater.
Actuellement en salles.