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Une gentille comédie qui, comme son héroïne, n’a pas encore atteint l’âge de la maturité.
‘Jamais contente’. Le titre est bien choisi puisque c’est exactement ce que l’on s’est dit en sortant de la séance. Ce film avait pourtant pour lui un casting prometteur (Patricia Mazuy, Philippe Duquesne, Catherine Hiegel, Alex Lutz, etc.), un sujet qui parle à tout le monde (l’adolescence, ses émois et ses déboires) et le ton cynique, agréablement désinvolte, de Marie Desplechin (auteur du ‘Journal d’Aurore’, dont est adapté ce long métrage d’Emilie Deleuze). Seulement voilà, malgré une forte dose de bons sentiments et de répliques bien senties, mais souvent mal déclamées, on est… pas content(e). En tout cas, bien moins que ce qu’on espérait.
Guimauve et chocolat amer
Est-ce parce que la trame de fond du vilain petit canard, cancre exaspérant son entourage mais se découvrant finalement une âme de poète grâce à un professeur de français attentif, de même qu’un talent de chanteuse rock, a été resucée jusqu’à la moelle au point de donner la nausée ? Ou le happy-end un peu facile du bonheur familial retrouvé, et du prince charmant qui se révèle finalement être le garçon sur lequel on n'avait pas jeté son dévolu initialement, qui conclut un peu trop naïvement le film ? Quoi qu’il en soit, si l’on goûte au début au canevas sirupeux du teen-movie, il en devient vite insipide. Voire écœurant.
Sans surprise ni prises de risque, on flirte avec ‘La Boum’ et sa petite brunette à fort caractère. Entre la jeune Vicky (aka Sophie Marceau) et Aurore (alias Léna Magnien), il y a d’ailleurs un indiscutable air (renfrogné) de ressemblance. Dans ‘Jamais contente’, on discerne aussi pas mal de ‘LOL’ et un peu de ‘L’Effrontée’ dans sa relation tumultueuse avec la figure maternelle. Mais la comparaison s’arrête là car la dimension rebelle et insoumise de Charlotte Gainsbourg vire à la bouderie superficielle sous les traits de Léna.
Fuguer au bout de la rue, prendre une cuite au virgin mojito, se disputer avec sa meilleure amie et penser que c’est la fin du monde : les pré-pubères (et leurs parents dépassés) pourront se complaire dans leurs petits soucis du quotidien, montés en un tel pataquès qu’ils deviennent dignes d’en faire un film – narré, certes, avec un semblant de recul satirique mais tourné comme si c’était un drame. Alors qu’en vérité… L’âge ingrat, c’est juste un mauvais moment à passer !
Mais ne nous acharnons pas sur cette pauvre Aurore – Mère Nature et ses doux présents s’en chargeront bien assez tôt… Après tout, Emilie Deleuze n’en est qu’à sa troisième réalisation pour le cinéma : laissons-lui donc le temps de se rôder. Comme tout adolescent qui grandit en apprenant de ses erreurs – notamment qu’il ne faut pas éclater ses boutons d’acné !