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On le connaît pour son désormais culte 'Chat du Rabbin' (série de BD puis film d’animation) et son ‘Gainsbourg vie héroïque’ aux trois Césars en 2011. A 45 ans, Joann Sfar se dévoile plus que jamais et livre son œuvre la plus personnelle en forme d’hommage à son père.
Un livre écrit pour lui
Lui, c’est d’abord son père. Figure tutélaire et presque incantatoire, à la fois héros, homme et idée, il est l'essence de l’écriture du fils. Son père, il l’honore à sa manière : sans fard, sans effet, sans faux. Parce qu’il l’aimait, son père, et pas besoin de le prouver. Mieux vaut essayer de le retrouver à travers des souvenirs et des pensées, même si elles ne sont pas les plus flatteuses, ce sont les plus touchantes.
Lui, c’est aussi et toujours Joann Sfar. Parce que ce livre est avant tout écrit pour lui-même : sorte de catharsis littéraire, kaddish (terme hébreu pour désigner une prière de deuil, de sanctification) faite au père, et réflexions personnelles sur la vie, la mort, et sur lui-même. Parce que l’artiste pluridisciplinaire, grand nombriliste comme il l’avoue volontiers, est surtout en pleine crise de la quarantaine. Il se dévoile, peut-être un peu trop (on se serait bien passé de son épanchement sur sa « boule sur les couilles ») : la perte du père, l’amourette, les anecdotes, les angoisses, les souvenirs, les réflexions plus sérieuses sur la religion - c’est d’ailleurs là où il est le plus juste -, tout y passe. L’écriture semble être la première et dernière étape de son deuil, un processus créatif pour surmonter la perte.
Finalement, Joann Sfar n'est jamais aussi bon que lorsqu’il n’écrit pas que pour lui. Son père est un personnage à part entière, et le dessinateur sait raconter les histoires. Si on le préfère dans le domaine où il excelle (le dessin), on n’a pas rechigné à la lecture de ce livre en forme de carnet simple et sincère.
Joann Sfar, 'Comment tu parles de ton père', Albin Michel, 15€