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Dans « architecture » il y a « art » et ce n’est clairement pas un hasard. Le paquebot conceptuel de Frank Gehry, qui abrite la Fondation Louis Vuitton depuis 2014, en constitue le parfait exemple. Ses douze voiles aériennes, flottant au-dessus de l’onde verdoyante du bois de Boulogne, forment un monument plus qu’un bâtiment. Un musée dédié à l’art, lui-même œuvre d’art : la boucle semble bouclée. Eh bien non, pas tout à fait…
Pour l’artiste Daniel Buren, connu pour ses colonnes controversées et ami de l’architecte Frank Gehry, les 3 528 vitres qui composent la Fondation sont autant de pages blanches sur lesquelles imaginer. Leur transparence laissant une infinité de possibilités, le plasticien français a donc saisi l’opportunité d’incruster ses bandes colorées – « outils visuels » caractéristiques de son style – dans l’édifice. Et d’en faire une création à plusieurs degrés. En résulte 'L'Observatoire de la lumière', une installation immersive et kaléidoscopique, qui s’admire aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur de sa carcasse. Imposante vue du dehors, hypnotique vue du dedans. Mais néanmoins soumise aux intempéries. Lorsque le soleil se reflète sur les vitres, les bandes bigarrées se dédoublent en effet de manière spectrale. Un miracle esthétique qui tombe à l’eau dès qu’il pleut, puisque voir miroiter l’ensemble dans une flaque a tout de suite moins de panache.
Cependant, que la météo soit capricieuse ou non, on apprécie prendre le large à bord du rain-boat de Frank Gehry, battant pavillon burenien pour un an au moins. Et ce, bien que l'on s'interroge encore : tout cela pour ça ?