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Découvrez la playlist d'anniversaire de règne d’Elizabeth II

Huw Oliver
Écrit par
Huw Oliver
UK Editor
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Pourquoi gaspiller autant de temps et d'attention pour une famille qui vit dans un château comme une tribu de poupées Barbie ? Cette interrogation a obsédé les Anglais (et les Français) pendant des générations, en particulier les musiciens, rockers et autres artistes qui ont utilisé leurs talents artistiques pour contrer la royaliste propagande déversée par les médias et les politiciens.

Pour la petite histoire, ce ressentiment envers la monarchie a toujours circulé en Grande-Bretagne, mais il est beaucoup moins exacerbé aujourd'hui qu’auparavant. Et surtout nettement moins provocateur. Un exemple ? En 1977, le manager des Sex Pistols avait forcé son groupe à jouer la provoc en renommant une autre chanson (qui s'appelait alors "No Future") en "God Save The Queen" (« She ain't no human being », dit la chanson), puisqu'il y avait aussi les célébrations des 25 ans du règne de la reine cette année-là. Le titre est devenu numéro deux au le hit-parade, probablement parce qu'il exprimait des sentiments très réels, en tout cas pour une jeunesse en proie à une forte désillusion. Pourtant, quelques royalistes ont également réagi en essayant de poignarder Johnny Rotten en chantant : « Nous aimons notre reine, bâtard ! » Un petit jeu assassin sans conséquence car seule sa cheville fut touchée.

Nous avons demandé au seul Anglais de notre rédaction, le plus « patriote » qui soit (c’est lui qui nous l’a dit), de nous concocter sa playlist imaginaire pour l’anniversaire de règne d'Elizabeth. La reine fêtait hier 63 ans d'assise sur le trône. Six bons morceaux anti-monarchie : Happy Birthday Liz !

Manic Street Preachers "Repeat"

Manic Street Preachers est l’un des groupes anglais dont les textes et les chansons ont été les plus virulents envers la monarchie et ses privilèges. Comme tous les Gallois, les membres du groupe avaient une petite dent bien aiguisée contre la reine, une rancune qui remonte au XIIIe siècle lorsque la région fut envahie par les Anglais. Leur single "Repeat" est une critique assez violente de « l’occupation » du territoire par la famille royale anglaise, rehaussée par un joli refrain qui répète et assène : « Repeat after me / Fuck queen and country. » Tout un programme.

Pet Shop Boys "Dreaming of the Queen"

Il est très commun pour les Anglais de se mettre à rêver là, comme ça, de la reine. Vous êtes en cours de maths à somnoler et d’un coup, elle vous apparaît. Vous vous conditionnez pour un saut à l’élastique, et une fois la tête à l’envers, elle flotte dans les airs ! Vous descendez pour le petit dej, et qui vous croisez en bas ? Devinez. LA REINE. "Dreaming of the Queen" des Pet Shop Boys décrit ce genre d’expérience assez folle. Le protagoniste de la chanson, endeuillé par la mort de son compagnon, décrit la reine comme une figure triste et solitaire qui le hante, cette reine accompagnée de Lady Di, en train de papoter autour d’une tasse de thé. Comme c’est hyper joyeux, on vous citera un petit morceau choisi : « Il n’y a plus d’amants en vie / aucun n’a survécu. »

Stone Roses "Elizabeth My Dear"

Si vous ne bredouillez pas un mot d’anglais, vous pourriez croire que "Elizabeth My Dear" est une adorable petite comptine à chanter à l’oreille de vos chérubins pour le dodo. Mais Ian Brown, le chanteur, va exploser vos rêves rose bonbon contre le mur quand vous comprendrez le quart des paroles : « Tear me apart and boil my bones / I’ll not rest till she’s lost Her throne. » Assez explicitement, Brown préfère qu’on l’éclate en mille morceaux ou que l’on plonge ses os dans l’eau bouillante plutôt que de voir Elizabeth sur le trône plus longtemps. Un rien excessif le garçon.

Billy Bragg "Take Down the Union Jack"

Billy Bragg incarne la quintessence du chanteur contestataire britannique. Le musicien, qui est aussi un East Londoner (habitant de l’un des quartiers qui a le plus connu la violence et la pauvreté), a d’ailleurs voué toute sa carrière à secouer et malmener les privilégiés et les puissants, principaux acteurs du malheur social. Dans "Take Down the Union Jack", il entonne : « Is this the 19th century that I’m watching on TV? / The dear old Queen of England handing out those MBEs », ce qui signifie : « Est-ce le XIXe siècle que je contemple devant mon écran / Cette vieille reine remettant tous ces MBE’s » (faisant référence à l’équivalent de la Légion d’Honneur). Evidemment, Bragg s’est écarté d’office de la remise de ces prix et récompenses. De toute façon, aucun doute sur le fait qu’il aurait craché dessus si jamais il en avait reçu un.

Primal Scream "Insect Royalty"

‘XTRMNTR’ s'impose comme l'une des métaphores les plus dures concernant la monarchie anglaise. “Insect Royalty” pointe du doigt une royauté rampante, insidieuse, nous rongeant de l’intérieur. Charmant. Elle est même décrite comme un mal nous dévorant, « la graine du Diable », et dont les Anglais ne seraient que les hôtes physiques, les corps réceptacles d’une terrible propagande royale.


The Smiths "The Queen is Dead"

Outre "God Save the Queen", "The Queen is Dead" est probablement la chanson anti-monarchie la plus connue outre-Manche, faisant office de modèle du genre. Cette chanson enchaîne les images remplies d'ironie mordante, nommant par exemple la Reine « Her Lowness » (Sa Bassesse). A cette époque, la plupart des Britanniques souffraient encore du deuxième mandat mené par les conservateurs et leur autre iconique chef de file, tête de Turc des contestataires britanniques : Margaret Thatcher.

 

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