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Pendant encore deux semaines, voire un mois, les voyageurs transitant par la gare Saint-Lazare pourront tester l’œuvre olfactive de Robert Stadler.
Avec ses odeurs d’urine et de soufre, excessivement camouflées par des effluves de faux croissants chauds, la gare n’est habituellement pas le royaume des senteurs les plus agréables. Et pourtant, depuis un mois et pour encore quelques semaines, il y a de l’art dans l’air à la gare Saint-Lazare. Ce qui est aussi plaisant que récurrent, ce haut lieu ferroviaire se transformant souvent en galerie à ciel ouvert – on peut citer l’exposition ‘Parallèles’ l’été dernier ou ‘Les Coquelicots’ de Monet récemment détournés par le peintre pointilliste Kan sur les colonnades, avant les quais.
Au milieu de la plateforme des départs, où passent chaque jour des milliers de badauds pressés, s’érige en ce moment une structure faite de barres cylindriques noires et de cloches blanches. Cette création épurée et intrigante, spécialement conçue par le plasticien-designer Robert Stadler, est une extension hors les murs du Grand Musée du Parfum – inauguré fin décembre 2016, non loin de la gare. Comme un laboratoire à ciel ouvert, elle propose à ceux qui osent se mettre à l’abri sous ces « chapeaux chinois » de découvrir les cinq principales molécules qui composent un accord universellement identifiable : en l’occurrence, la lavande.
Confrontant l’urgence des usagers à la patience du nez arrangeant, goutte à goutte, un parfum, il faut attendre quelques secondes que le capteur de présence diffuse sous cette singulière bulle une fragrance, tantôt subtile, tantôt entêtante (tels le camphre ou la coumarine), et même parfois écœurante (à l’image de l’Amyl Vinyl et son exhalaison de champignon). Autant de fumets qui, une fois réunis, révèlent un bouquet aux accents de Provence, comme un peintre additionnant des couleurs pour donner vie à une teinte unique. D’ailleurs, chaque curieux aura un ressenti différent de cette lavande en pièces détachées. Pour s’en rendre compte, il suffit de « rentrer à deux sous la cloche olfactive pour vivre une expérience à la fois partagée et personnelle », précise l’artiste Robert Stadler.
Alors, si vous n’avez pas encore été touché par la grippe et que votre nez n’est pas bouché, venez donc vous mettre au parfum à la gare Saint-Lazare.
Quoi ? • 100 % Illusions, dispositif olfactif sensoriel de Robert Stadler.
Où ? • A la gare Saint-Lazare (itinérance toutefois prévue dans d’autres gares parisiennes).
Quand ? • Encore deux semaines voire un mois, à l’étage des départs de trains.
Combien ? • Gratuit.