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La photogénie de la capitale n’est plus à prouver. La nouvelle garde de photographes qui y sont nés ou qui y ont migré donne à voir une ville et ses habitants hors de ses clichés, attirée par les courbes de ses bâtiments ou de ses touristes. La part d’ombre de la Ville Lumière, ses surfaces bétonnées ont donné à chacun une bonne raison d’appuyer sur le déclencheur. Démonstration en une courte sélection.
Izberg
« Ces trois photos argentiques, l'essence même de notre démarche, donnent à voir Paris sous l'angle de notre travail », précisent Agathe Brossard et Florian Machefert, le couple qui forme Izberg, pour nous présenter des photos sens dessus dessous bien moins floues que leurs explications. Ils étaient parmi les lauréats du concours Slow Photography organisé par la magazine Fisheye et la mairie du 3e arrondissement de Paris en 2014 et ne cessent depuis d’en mettre plein les yeux avec des séries naturelles et authentiques.
Marion Berrin
« J'avais envie de montrer des images de ma série 'La Fonction oblique', des photographies d'architectures parisiennes un peu décalées, qui montrent un Paris de béton certes mais esthétisant à mes yeux, loin du cliché traditionnel du Paris haussmannien », nous éclaire Marion Berrin, qui collabore régulièrement avec M le magazine du Monde, Marie Claire et Another Magazine.
Julien Caïdos
« Ces photos ont été prises à Paris près de la BNF, c’est un travail que j’ai fait en 2012 intitulé 'Figures libres'. Parce que le corps est notre unité de mesure par rapport à l’espace, c’est par le corps que l’on perçoit les dimensions mais, en se plaçant en relation à l’espace et à l’architecture, il ne fait pas que donner la mesure de l’espace environnant, il lui donne un sens. J’ai axé cette série sur l’architecture, non pas en tant qu’objet placé au centre de l’image qui focaliserait l’attention, mais comme une matière enveloppante qui nous mettrait dans une situation particulière vis-à-vis du monde », nous apprend Julien Caïdos, l’un des finalistes du Sony World Photography Awards 2017 avec sa série 'Errance(s)' produite lors de sa résidence artistique à la Maison des Arts et de l’Image à Rueil-Malmaison l’année dernière.
Cette série sera exposée du 21 avril au 7 mai à la Somerset House à Londres pour l’exposition Sony World Photography Awards avec Martin Parr comme invité puis au Festival ManifestO à Toulouse en septembre.
Johann Bouché-Pillon
« J’expérimente avec le médium photographique depuis bientôt quatre ans, ce travail est basé sur les rencontres et l’expression, c’est aussi l’occasion en background d’aborder des thèmes inhérents à notre Zeitgeist, et bien que les résultats obtenus paraissent "cools", ces photographies ont aussi la vocation d’amener une réflexion quant aux médias, aux changements brutaux qui s’opèrent dans notre époque. Je choisis le terme "cool" volontairement, car un peu fourre-tout et qui peut aussi englober une forme d’angoisse vécue par nos générations. La dynamique des images obtenues se crée dans l’intérieur des appartements parisiens, au travers d’un travail sur la performance, la danse, la couleur, la production de décors ou de costumes réalisés avec des objets anonymes issus de supermarchés.
C’est une forme d’esthétique relationnelle (selon l’historien de l’art et critique Nicolas Bourriaud) qui en résulte, et je suis fier de pouvoir partager avec les modèles qui sont souvent juste de passage pour visiter la capitale ce que je préfère de ma ville : la visite des galeries d’art contemporain (et son réseau si dynamique, ou au hasard aller danser dans les fêtes techno après avoir concocté un dîner fait des bons légumes bio locaux », détaille Johann Bouché-Pillon, qui expose jusqu’au 9 avril à la Red Gallery de Londres dans le cadre d’une exposition intitulée 'French Touch' et pour laquelle il a documenté le parcours de ses amis ravers ukrainiens et biélorusses dans les banlieues de Paris.
Mathieu Maury
« Mon travail m'empêche un peu d'avoir du temps pour la street photo, mais je fais de mon mieux. Parallèlement, j'entame la production d'une future série de portraits. Tout comme dans la street photo, je caste des gens "vrais", non lisses, au contraire de la mode. Je shoote toujours à l'argentique pour retrouver ce côté brut et sincère propre à ce procédé », prévient le street photographer Mathieu Maury, originaire de Lille qui bat le pavé désormais à Paris.