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Quel est le point commun entre une mine de diamant et un graffiti, la théorie de la terre creuse et le street art, les troglodytes et les commissaires d’exposition, les dessous délicats et l’art de la typographie ? Réponse ici.
Il y a des galeries étriquées, des white cubes, des espaces d’exposition qui trônent dans des hôtels particuliers et d’autres qui se cachent, des galeries improvisées, des ateliers ouverts, des galeries-vitrines et des galeries-squats… Et puis il y a Ground Effect. Lové dans des caves réaménagées, ce lieu ouvert au public depuis juillet 2016 accueille des œuvres d’art dites « urbaines », qu’elles le soient par leur pratique ou leur thématique. Du graffeur des premiers jours à la graphiste inspirée par le streetwear, en passant par ce duo qui fait graver des skateboards, les artistes résidents de la galerie Ground Effect créent une atmosphère esthétique citadine, certes, mais généreuse et protéiforme. A l’image de la diversité des arts de rue.
Paris sans dessus dessous
Cependant, ici on quitte le mur et le trottoir sans se retourner, pour descendre dans les souterrains du curating : ici les acteurs de notre catabase boivent de la bière dans des canapés en cuir et jouent à Mario Bros sur une télévision recouverte de personnages dessinés à la main.
Moins DIY que perfectionniste à l’amiable, l’aventure Ground Effect montre que la culture « underground » a encore de beaux jours (et de belles nuits ?) devant elle. Ainsi, c’est à coups d’expositions temporaires dans la pièce centrale et d’événements extra-muros (au Panic Room ou à La Capela) – où sessions de tatouage, merch conceptuel et DJ sets sont souvent de mèche – que le rendez-vous Ground Effect fidélise les Parisiens.
Les catacombes n’ont qu’à bien se tenir
Plus qu’une galerie d’art, Ground Effect est également une agence qui chouchoute ses artistes et ajoute sa touche urbano-sympathique ici et là. D’ailleurs, il faut avoir hiberné bien longuement pour ne pas avoir vu ses stickers dans les rues de Paris ! Inutile de dire que le jeune téméraire à l’origine du projet, qu'il mène à la baguette du haut de ses 21 ans avec la collaboration de deux associés réunis par leurs affinités électives pour l’univers du hip-hop et de ses créations, compte bien faire de 2017 l’année Ground Effect. Et ce, en commençant par un group show sans précédent et une collaboration avec le tout nouveau bar Le Poly…
5 artistes coups de cœur que vous pourrez y croiser...
• Ride In Peace
Ride In Peace, c’est l’histoire d’un réveil conscient que tout peut basculer d’une minute à l’autre, et en même temps mu par une envie de raconter, de créer. Perchées un peu partout sur les murs de Paris, les installations du jeune street artiste ont su trouver leur place en galerie, dépassant leur statut de sculptures métalliques pour devenir des stèles précieuses - symboles d’une fin possible, évitée, détournée. Comme ces carcasses de vélos retravaillées et devenues œuvres d’art.
• Philippe Marcus
Organiques et hybrides, précises et visqueuses, sombres et indéchiffrables, sans queue, ni tête… Les œuvres de Philippe Marcus ont l’élégance de l’encre de Chine et l’étrangeté dérangeante d’un Gros Boo de Dragon Ball Z. Par leur esthétique manga hors contexte et un noir et blanc chirurgical, elles détonnent et s’offrent comme un don de la forme.
• Ko
Membre du collectif LTR Worldwide, Ko est un artiste franco-chinois dont l’esthétique saturée fascine : mi-enfantine, mi-grotesque, elle provoque l’oblitération d’une télévision, d’un frigo ou d’une moto (trois oeuvres co-réalisées avec Galmicci) pour leur donner une seconde vie. Illustrateur sur objets en tous genres donc, et avant tout dessinateur d’animaux à l’anthropomorphie interrogeant directement le spectateur, il est aussi un peu « fresqueur », véritable habitué de la peinture murale aux détails exacerbés – des comics explosifs et minutieux souvent placés sous le signe de la catastrophe.
• Scred
Depuis ses 14 ans, Scred peint, graffe et inscrit son nom ici et là. Des camions à la toile, sans oublier les lieux abandonnés, il fait danser les lettres de son blaze pour leur donner cette forme toujours nouvelle et que l’on ne peut comprendre que si l’on sait lire le mouvement et la couleur. Ses anamorphoses envahissent la page et s’organisent en pièces détachées indissociables : S, C, R, E et D coexistent et rappellent le monde cosmique qui l’inspire tant.
• Orer
La calligraphie d’Orer est peuplée : elle a laissé sa place à une infinité de visages répétés et tapissés en une ritournelle de coulures et de couleurs. Jamais tout à fait identiques, ces « faces » aux dents outrageusement affichées semblent s’unifier en un grand rire sarcastique. Fou rire capable de rendre l’œil fou à son tour là où l’abstraction s’empare du motif...
Quoi ? La Galerie Gound Effect.
Où ? 160 rue Montmartre, Paris 2e.
Quand ? Du mercredi au samedi de 18h à 22h à partir du 16 février, sur RDV par mail : rendezvous@groundeffect.fr