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Vos rétines se décollent à force de binge-watch ? Il est temps de laisser refroidir votre tablette et d'offrir quelques heures de repos à votre myopie. L'ouvrage d'Iris Brey, 'Sex and the Series' devrait se prêter à la manœuvre avec perfection. De la lecture certes mais qui s'intéresse au petit écran.
La sexualité des personnages féminins dans les séries américaines en quatre chapitres
Journaliste et docteure en cinéma, Iris Brey convoque dans un livre de 239 pages, 'Desperate housewives', 'Friends', 'Buffy contre les vampires' mais aussi des productions plus récentes telles que 'Casual' ou 'Girls' pour évoquer non pas la sexualité dans son ensemble complexe - qui est par ailleurs déjà bien renseignée - mais plutôt les sexualités féminines. Un sujet discret dans les médias comme le fait remarquer Geneviève Sellier, professeure en études cinématographiques, dans la préface de 'Sex and the Series' : « La représentation des spécificités de la sexualité féminine est extrêmement rare ou problématique, comme en témoignent les récents débats autour de 'La Vie d'Adèle' d'Abdellatif Kechiche. » L'essai d'Iris Brey plus théorie du genre que pop-corn sucré-salé nous apparaît dès lors d'autant plus précieux.
Cachez ce clitoris que je ne saurais voir !
Et pour décortiquer la manière dont les séries parlent ou non des sexualités féminines, l'auteur balaye de nombreuses « thématiques », des plus évidentes (le coït, la masturbation) aux plus sensibles telles que les violences, les sexualités queer... Pas question pour Iris Brey de dérouler des théories sur des pages blanches annotant les scènes en bas de page, au contraire, chaque démonstration est ici abondamment analysée à partir d'exemples. Et magie d'Internet, il suffit après lecture de quelques clics pour ensuite mettre en image les exemples dûment expliqués.
Bourré de références, 'Sex and the Series' ne révolutionnera sûrement pas votre manière d'appréhender les séries, en revanche elle éclaire d'une nouvelle lumière des scènes a priori « innocentes ». On découvre ainsi que Shonda Rhimes a dû inventer le mot « vajayjay » non pas pour faire rire la galerie, mais afin de remplacer l'ignoble et infâme terme « vagin » dans sa série ultra-populaire 'Grey's Anatomy'.
Et nous qui pensions que Bailey était timide. Non, non, le vagin est tout bonnement censuré par le FCC, la Commission fédérale des communications. Fichtre ! Alors que le mot pénis lui se la coule douce... (pardon).
Vous l'aurez donc compris, grâce à 'Sex and the Series' on revoit 'Friends', 'Sex and the City' et autres 'Dawson' avec un peu plus d'esprit critique. Non, Carrie et ses copines sont bien loin d'avoir vraiment révolutionné la manière dont on parle ou montre le sexe à la télé. Et oui ce n'est pas celui qui en parle le plus... La preuve dans ce très bon essai, que l'on a littéralement dévoré, entre deux épisodes de 'Scandal'.
Pour qui ? Les abonné(e)s Netflix du premier jour.
A lire où ? Dans son canap jaune poussin, son ordi portable sur les jambes pour pouvoir mater les épisodes entre chaque chapitre.
Iris Brey, 'Sex and the Series' (éd. Soap éditions)
239 pages, 18,90 €