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En octobre 2013, la Manufacture 111 débarquait dans un vieux garage du 20e arrondissement, rue des Pyrénées. Son objectif : initier les Parisiens à la culture urbaine sous toutes ses formes. Dans cet espace d’expressions artistiques pluridisciplinaires se mêlaient donc la street-peinture, les performances musicales live, la mode, le fooding… Un joyeux désordre qui, en cinq semaines, avait su séduire la faune boulevardière en mal d’originalité. Malheureusement, comme toutes les histoires d’amour ont une fin, la Manufacture 111 a plié bagage en décembre de la même année. Conformément à sa visée de concept éphémère. Mais aussi parce que les voisins se plaignaient du volume sonore engendré par ses ébats nocturnes.
©C.Gaillard
Seulement voilà, la liaison entre les Parisiens et la Manufacture 111 avait un goût d’inachevé. Par conséquent, après deux ans de mûre réflexion, les deux parties ont remis le couvert. Afin de redémarrer sur de nouvelles bases, ce lieu culturel hybride a déménagé au 19 boulevard Davout (toujours dans le 20e) et investi d’anciens bureaux. Un espace plus petit (500 m2 contre 1 500 m2) et qui, quatre mois après sa réouverture, apparaît encore en travaux. L’aspect brut du décor est voulu, nous assure-t-on. Et il faut avouer que les murs de béton, nus ou graffés, parcourus de rails et de projecteurs halogènes donnent à la Manufacture 111 un charme particulier, mi-industriel mi-squat. De même que les fils électriques apparents d’où pendent des lampes baladeuses. Ou les tables du bar-restaurant constituées de panneaux de bois montés sur tréteaux et fleuries de Lucky bambou. Toutefois, on ne nous y trompera pas : le bruit des perceuses et l’odeur de peinture fraîche flottant dans l’air prouvent bien que le chantier n’est pas tout à fait terminé.
©Facebook/Manufacture111
Il faut dire que la Manufacture 111 est revenue pleine d’ambitions, désireuse d’offrir toujours plus à ceux qui la visitent. Ainsi, en plus d’une galerie d’expositions trimestrielles (notamment ‘Calligraffi’, à voir jusqu’au 17 janvier 2016) ou d’un bar-restaurant proposant des brunchs aux saveurs du monde le dimanche et une offre imbattable de coworking en semaine (3 € pour deux heures, 5 € pour quatre), ce véritable bouillon de culture compte aussi un concept-store et un auditorium de quatre-vingts places. Ce dernier accueille les stand-ups d’une génération d’humoristes qui gagneraient à être mieux connus, tel Hervé Dipari, gagnant du Tremplin Humour 2015. Mais également des spectacles de danse contemporaine hebdomadaires et des projections quotidiennes de films et de documentaires parlant d’artistes (Banksy) ou de courants artistiques (freestyle, hip-hop…). Sans oublier que, tous les jeudis soirs, des sessions de live-painting et des DJ sets sont organisés en accès libre, de 18h à 22h. Enfin, cet été, une terrasse à laquelle on accède grâce à un escalier érigé au beau milieu de la galerie sera même ouverte.
©C.Gaillard
Laboratoire fourmillant d’idées, la Manufacture 111 est donc un ovni nécessaire dans le paysage artistique comme urbain. Un animal étrange et polymorphe, situé entre le caméléon et le léz’art dans la chaîne élémentaire.