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Les vrais savent : 'It's Always Sunny In Philadelphia' est la série la plus drôle des années 2000. Facile. Depuis 11 saisons, elle ose tout, fracasse tout, bouscule tout, dans un mélange d'improvisation sympathique et de génie pur qui n'a pas d'équivalent. Combien de shows humoristiques peuvent s'enorgueillir de mettre Danny de Vito à poils à l'intérieur d'un canapé ? De transformer la fille de la bande en oiseau géant au fil d'un épisode ? De dévoiler peu à peu les airs de serial killer sociopathe d'un personnage principal ? D'en faire grossir un autre (pour de vrai !) lors d'une saison entière ? On pourrait continuer longtemps, mais l'essentiel reste de vérifier tout ça par vous-même.
Pour vous faire une idée, jetez-vous sur le premier épisode de la saison 12, qui mêle joyeusement comédie musicale, délire fantastique et question de société. La grande force de 'It's Always Sunny' a toujours été de traiter les sujets sensibles sans moralisme, mais avec une finesse d'analyse redoutable, où le cynisme et la crétinerie des personnages servent de catharsis à nos propres démons. Dans cet épisode, alors qu'ils regardent le 'Magicien d'Oz' à la télévision, nos héros sont foudroyés par un éclair, qui les change en Noirs. A l'écran, nous les percevons toujours blancs, mais leur reflet les présente tels que les autres personnages les voient. Un écho direct aux récents mouvements « Black Lives Matter », abordé avec intelligence et humour.
Après 11 ans, on aime « le gang » comme ses amis imaginaires
On reconnaît également dans le procédé du reflet une référence à la série des années 1990 'Code Quantum', qui inspire en partie l'épisode - le comédien Scott Bakula fait d'ailleurs une apparition au cours d'une belle scène. Au milieu de tout ça, Mac, Dennis, Frank, Charlie et Dee tentent de comprendre ce qui leur arrive et comment revenir à leur état antérieur. L'épisode est ponctué par des chansons à pleurer de rire ( « What are the rules ? » pose ainsi la question récurrente des séries fantastiques, à savoir quelles sont les règles de l'univers parallèle où l'on se trouve) et par des réflexions sur la question noire : la communauté afro-américaine est-elle désormais à égalité avec la communauté blanche ? La fin apporte une réponse aussi glaçante que dramatiquement drôle, dans une scène qui ne s'interdit aucun tabou.
Difficile de résumer la folie qui préside à un épisode de 'It's Always Sunny'. La série s'apprécie sur le long terme, elle nous apprivoise comme le ferait un ami. Après 11 années d'invention, d'humour noir et de limites toujours repoussées, on aime « le gang » comme on aime ses meilleurs amis imaginaires. On rit avant même qu'ils n'ouvrent la bouche, on perçoit chaque détail de leur évolution, chaque ajout à leurs traits de caractère, comme on remarque la nouvelle coiffure d'un pote. A la fin de la saison 11, la série - écrite et réalisée par les comédiens eux-mêmes - avait atteint une forme d'apogée avec deux épisodes presque métaphysiques et un huis-clos qui prouve que ces types savent tout faire. Cœur avec les doigts pour eux.