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Parce que les mots peuvent tuer mieux que des balles, parce qu'il faut se battre pour ses idées, parce que la sociologie est un sport de combat, parce que 'L'Assommoir' d'Emile Zola, parce que Georges Bataille, l'invention du bookfighting n'a rien d'insensé. En inventant cette nouvelle discipline, baptisée « post-littérature » par son créateur, Yves Duranthon pousse jusqu'au bout l'idée de rivalité littéraire et l'on imagine volontiers Sartre balancer sa 'Nausée' au visage de Camus, qui répliquerait avec 'La Chute'. Aujourd'hui, Éric Zemmour et Edwy Plenel pourraient eux aussi régler leurs comptes via cet exutoire pour polémistes.
Pas besoin d'être un « intellectuel » pour jouer au bookfighting cependant, les règles sont élémentaires : munissez-vous de plusieurs livres de poche (les autres formats sont prohibés), tracez une ligne au sol, équipez-vous de protections au visage et aux parties génitales, puis battez-vous sous l'égide de l'arbitre. Une touche vaut un point, un jeu se termine au bout de quatre livres au sol, une partie se déroule en sept jeux. Surtout, lire le bouquin que l'on tient entre les mains permet d'arrêter soudainement la partie. On attend de voir le jour où un petit malin décidera de bouquiner à haute voix tout 'Guerre et Paix' en plein jeu. Au Palais de Tokyo, en marge de l'expo 'Le Bord des mondes', une performance de bookfighting aura lieu le 7 mai 2015, alors on compte sur vous pour jeter 'L'Idiot' à la tête d'un imbécile, attaquer à coups de 'L'Extension du domaine de la lutte' et terminer le combat avec un beau lancé de 'On achève bien les chevaux'.
>>> Bookfighting au Palais de Tokyo, jeudi 7 mai 2015 à 18h. Accès sur présentation du ticket d'entrée des expos en cours.