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Le jeudi, c’est live painting à la Manufacture 111 !

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Debout devant une cloison fraîchement repeinte, Gomer (c’est son blase) cogite ardemment. Le graffeur avance, recule, évalue la hauteur, jauge la largeur, trace un croquis au crayon de papier avant d’attraper ses feutres et ses marqueurs… La lampe de chantier qui pend au-dessus de sa tête donne l’amusante illusion qu’il vient subitement de trouver l’inspiration. Pour lui, cependant, pas de panne du mur blanc. Gomer ne fera que reproduire une œuvre qu’il a déjà réalisée par le passé. Une fresque inspirée du célèbre morceau de Bob Dylan, repris entre autres par Jimi Hendrix, ‘All Along the Watchtower’. Pour cet artiste, habitué aux grands espaces qu’offre la jungle urbaine, toute la difficulté réside dans l’étroitesse des parois de la Manufacture 111 sur lesquelles il doit, ce soir, laisser courir sa créativité. « C’est un autre exercice de style », confie-t-il. Mais, grâce à sa décennie de graff au compteur, cela ne lui fait pas peur. Avec ses doigts tachés d’encre comme un écolier et son mètre quatre-vingt-dix largement atteint, le jeune homme ressemble à un cancre qui aurait plusieurs fois redoublé. Alors qu’en vérité, il est l’un des meilleurs de sa classe.

Live-painting M111

Gomer ©C.Gaillard

Du bar-restaurant adjacent parvient le son « disco-funk-house » de Leusha et Tell. Et pour cause : tous les jeudis soir, les sessions de live painting sont couplées avec des DJ sets. Mélanger les disciplines artistiques, tel est le concept à la base de la Manufacture 111. Quant à savoir si le duo qui mixe a une quelconque influence sur le travail de Gomer, « Pas vraiment », répond celui-ci. Avant d’ajouter : « Je fonctionne à l’envie. » Une philosophie qui fait écho à celle de Guy Weladji, fondateur du lieu. C’est lui qui, avec Alla Goldshteyn (rédactrice du blog yourparis.fr et collaboratrice de l’atelier de création Le Terrier), sélectionne les performances hebdomadaires selon des critères très simples : « Que le style des artistes me plaise et que je le vois bien dans les murs de la Manufacture 111. » Peu importe leur technique de prédilection ou les sujets qu’ils peindront, les artistes ont carte blanche pourvu qu’ils soient talentueux. Guy espère même que ces live paintings serviront de passerelle à ces derniers, souvent jeunes et peu connus, et qu’il pourra en exposer certains dans la galerie du rez-de-chaussée dès cet été. Car les œuvres réalisées en public sur les murs du hall d’entrée de la Manufacture 111 n’ont, elles, qu’une durée de vie de trois semaines à un mois. Passé ce délai, elles sont recouvertes de peinture blanche afin d’accueillir un nouveau décor. Un aspect éphémère qui, Guy le reconnaît, fait « parfois un petit pincement au cœur ». Néanmoins, comme le souligne Alla, cette précarité est le propre du street-art, les fresques urbaines n’étant jamais à l’abri d’être effacées par des agents de la propreté.

live-painting M111

DJ-sets Leusha + Tell ©C.Gaillard

Qui plus est, « chaque mur est comme un livre, chaque page est un pan racontant une histoire. » Des histoires qui se superposent afin de former un roman écrit à plusieurs mains et dont les auteurs apportent tous une « touche originale nécessaire ». Des visages, des parcours et des univers différents, de même qu’une diversité de genre et de méthode qui permettent de démontrer la variété du street-art. Ainsi, après avoir reçu les animaux faussement naïfs de Mast Cora, les suspensions aviaires de LapinThur et le naufrage d’un Joker et d’un voleur au cœur des paroles de ‘All Along the Watchtower’, songe en noir et blanc couché verticalement par Gomer, ce sont les Argos mythologiques de Kashink (rare figure féminine de la discipline) qui débarquent ce jeudi soir à la Manufacture. Le pinceau entre les dents, prêts à vous faire découvrir le tag autrement.

live-painting M111

GomerDR

Quoi ? • Live painting.
Où ? • A La Manufacture 111, 19 boulevard Davout, Paris 20e.
Quand ? • Tous les jeudis soir, de 18h à 22h, entrée libre.

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