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« Paris, c'est sans fond, c'est sans fin », dit le premier éditorial de Soixante-Quinze, nouveau venu de la presse parisienne, que nous avons pu lire la veille de sa sortie début avril. Après avoir animé le journal d'arrondissement Le Treize du mois pendant cinq ans, l'équipe rédactionnelle a voulu voir plus grand, s'échapper de la place d'Italie et des Olympiades pour parler aussi des Buttes-Chaumont, du Marais ou de la rue Vaugirard. Sous le patronage d'Emile Zola, ces journalistes souhaitent raconter Paris d'un point de vue naturaliste, qui cherche à analyser la société sans jamais perdre de vue l'aspect romanesque et les contingences d'une vie. Couverture jaune vif, surabondance de titres efficaces qu'ils soient courts ou à rallonge, Soixante-Quinze n'échappe pas à l'air du temps et a retenu la leçon des modèles qui marchent, celui de Neon ou celui des magazines de So Press, notamment. Au-delà d'une maquette intérieure bien foutue (meilleure que la couverture), on retient surtout un contenu costaud, avec un bel effort de rubriquage.
Parmi les réussites de ce premier numéro, il faut noter l'excellent article sur la cohabitation entre les communautés juive et musulmane dans le 19e arrondissement, un reportage sur les stations-service indépendantes dans Paris, ou encore une plongée au cœur de l'école des Gobelins. Ce n'est pas tout, le journal passe habilement d'un sujet de fond à une rubrique plus légère, un peu à la manière de So Foot ou Society, qu'il s'agisse d'un diaporama photo, d'un fait divers traité par le biais des comparutions immédiates (une idée simple et bien exploitée), ou encore de « L'inconnu(e) du 75 » qui consiste à sonner chez quelqu'un pour lui tirer le portrait. Ajoutez à cela des pages à l'ancienne réjouissantes (jeux, mots croisés, poèmes ou chronique historique), mais aussi des reportages « par-dessus le périph » (ce mois-ci sur les restaurants routiers) et vous obtenez un super magazine en vente à 4,90 €. On attend la suite avec impatience.
Sortie le 30 mars 2016.