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Le bébé de Jacques Chirac a bien grandi : voilà déjà une décennie que ce temple des arts primitifs dresse ses 800 mètres carrés de façade verdoyante – l’un des plus grands murs végétaux du monde ! – sur les bords de Seine. Né de la volonté de l’ancien président d’ouvrir ses « chers compatriotes » aux civilisations d’Afrique, d’Amérique ou d’Océanie et inauguré le 20 juin 2006, le musée du Quai Branly a ainsi soufflé ses 10 bougies lundi 20 juin 2016. Un anniversaire célébré en grande pompe qui donnera lieu à un week-end de culture non-stop les 25 et 26 juin prochains. Comme il fut aussi l’occasion, pour l’institution, de changer de nom. Dorénavant, ne dites donc plus simplement « Quai Branly » mais « Quai Branly – Jacques Chirac », en hommage à l’homme politique le plus populaire de la Ve République. Alors certes, cette nouvelle appellation vous demandera plus de souffle mais au moins vous prouverez que vous savez vous tenir au courant de l’actualité.
Fort de son (presque) million et demi de visiteurs annuels et de ses 300 000 œuvres et objets aussi uniques qu’authentiques – dont une partie provient du fonds d’ethnologie du Nouveau musée de l’Homme –, le Quai Branly (pardon, le « Quai Branly – Jacques Chirac ») méritait bien une petite rétrospective en son honneur. Retour, donc, sur 3650 jours de culture d’Ailleurs en dix expositions phares qui ont marqué l’histoire du musée.
1. Nous avons mangé la forêt
C’est avec cette exposition, dont l’intitulé sibyllin s’inspire d’un ouvrage signé par l’anthropologue Georges Condominas, que tout a commencé, le 23 juin 2006. Ici, pas question de jouer les vegans en se nourrissant de feuilles : on apprend plutôt à connaître les Mnong Gar, une ethnie des montagnes du Viêt Nam méridional étudiée par le savant susnommé.
2. Upside down – Les Arctiques
Non, les esquimaux ne se trouvent pas seulement dans le freezer : de septembre 2008 à janvier 2009, on pouvait également les croiser au musée du Quai Branly. Mettant en avant, pour la première fois en Europe, l’art des peuples polaires, cette exposition offrait une scénographie immersive dans les paysages blancs de l’Alaska à la Sibérie. Insolite et magnifique !
3. Tarzan !
Aviez-vous entendu son cri résonner entre les lianes et les fougères tropicales du jardin du Quai Branly au printemps 2009 ? Si oui, c’était normal : « le seigneur de la jungle » imaginé par Edgar Rice Burroughs, autrement appelé le chaînon manquant, se faisait décortiquer. Enfin, plus précisément son mythe… Primitif mais pas barbare quand même !
4. La Fabrique des images
Animisme, naturalisme, totémisme et analogisme : pour découvrir les mystères qui régissent le monde depuis la nuit des temps, il fallait être au musée du Quai Branly en 2010. Un voyage ésotérique sur les cinq continents, par-delà le réel et au confins de l’imaginaire, qui a ouvert les horizons des curieux ayant osé l’entreprendre.
5. Cheveux chéris
Pour sa saison 2012/2013, le musée du quai Branly s’était coupé les cheveux en quatre afin de proposer un angle d’exposition inédit et ludique. Qu’il avait finalement trouvé dans le thème universel de la coiffure en l’abordant au travers de plus de 250 peintures, sculptures, photographies et autres objets ethnographiques comme cette adorable tête réduite tsantsa. 'Cheveux chéris' fut ainsi couronné de succès : ce n’était donc pas la peine de se faire des cheveux blancs.
6. Tatoueurs tatoués
Lorsque l’exposition a débuté en mai 2014, personne ne pensait que 'Tatoueurs tatoués' serait un tel triomphe. Pourtant, en dix-huit mois, ce sont plus de 700 000 visiteurs qui sont venus admirer des œuvres à l’aspect aussi artistique que sociologique. Faisant ainsi passer le tatouage d’un phénomène de niche, réservé aux tribus éloignées et aux gangs malfamés, au rang d’art à part entière.
7. Inca et le conquistador
La sanglante conquête du Pérou demeure un épisode clé du XIXe siècle et pourtant mal connu du public. En 2015, le Quai Branly a donc voulu combler nos lacunes en présentant les portraits de l’empereur inca Atahualpa et du conquistador espagnol Pizarro, deux personnages emblématiques incarnant à merveille ce choc des cultures.
8. Sepik
Sepik, c'est le nom d'un long fleuve de Papouasie-Nouvelle-Guinée sur les rives duquel le moindre objet usuel a des allures de chef-d'œuvre. Par conséquent, le musée du Quai Branly offrait à nos yeux ébahis, entre octobre 2015 et févier 2016, un échantillon de 230 sculptures datant du premier millénaire avant notre ère. Une façon de nous embarquer dans des temps lointains où le pratique et le magnifique faisaient encore bon ménage.
9. Persona
Des esprits, des robots et quelques dieux bizarres… Cette exposition – toujours en cours – interroge le rapport que nous avons avec une altérité qui n’est, a priori, pas humaine. Presque incantatoire, avec des résonnances magiques, 'Persona, étrangement humain' est toutefois accessible à tous, aux curieux comme aux amateurs de surnaturel. Ce qui explique sans doute son incroyable triomphe depuis le depuis de l’année.
10. Jacques Chirac – Dialogue des cultures
Cette exposition vient tout juste de débuter mais promet déjà de plaire au public autant que celui dont elle s’inspire : notre Jacquot national. A la fois portrait de l’ex-président et parcours retraçant l’histoire du musée, on y croisera notamment la callipyge mascotte du Quai Branly, « Chupi », quittant exceptionnellement le Louvre pour revenir au bercail. Mais aussi un masque japonais du théâtre nô ressemblant étrangement à la marionnette des Guignols de… Jacques Chirac !