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Si vous cherchez Simon Cohen, pas la peine de rentrer dans son magasin. Vous le trouverez dehors, yeux rivés sur son téléphone ou en train de discuter avec un collègue. Ce gérant de boutique est un de ces personnages incontournables qu’on associe à un quartier ou à une rue. King of Pop, sa boutique consacrée à Michael Jackson sur le boulevard Poissonnière, explique en grande partie cette popularité. Dans la vitrine, le décor est planté. Photos à l’effigie du chanteur, gants, chapeaux, paillettes et strass : tout est fait pour attirer les fans du roi de la pop. En apparence seulement. Une fois à l’intérieur, mis à part d’autres photos et les albums de la star qui défilent en boucle, difficile de trouver un lien entre l'artiste et la boutique, une friperie de vêtements bas de gamme.
« Usurpateur », « escroc », des termes qui reviennent régulièrement lorsqu’on évoque le bonhomme dans le quartier. Pas de quoi déstabiliser le commerçant. Droit dans ses bottes, Simon accepte les critiques, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. « Certains pensent que je fais n’importe quoi, d’autres trouvent que je m’investis beaucoup dans la décoration du magasin. Il y a ceux qui aiment et ceux qui n’aiment pas, tout simplement. » Pour Simon, l’essentiel est ailleurs, plus exactement dans les caisses. Pour éviter la faillite et parvenir tranquillement à la retraite, il n’hésite pas à varier son offre, chemise façon eighties, polo de sport, jeans ou sweatshirt, « du moment que les gens rentrent dans la boutique, qu’ils achètent et qu’ils repartent contents, ça ne me pose pas de problèmes de ne pas vendre que du Michael », précise-t-il.
« Un jour, les gens sont rentrés dans la boutique en pleurant »
Propriétaire de la boutique depuis 2005, Simon Cohen officiait déjà dans le prêt-à-porter avant de dédier sa boutique à Michael Jackson, mais dans un style un peu différent. « Avant 2008, je vendais des vêtements hip-hop. A l’époque, des rappeurs comme 50 cent étaient très à la mode. » L’idée « Michael », c’est devant sa télévision qu’il l’a eue : « Je regardais un documentaire sur Michael, j’ai observé son look, sa façon de danser, de chanter. Ca m’a tellement plu que j’ai commencé à devenir fan. Et quand j’ai su qu’il préparait une tournée pour 2009, là ça a été le déclic. »
Un déclic suivi d'effet. Le désormais fan du king of pop transforme sa boutique en album photo à la gloire de la star. Puis vient le 25 juin 2009. Michael Jackson décède. Le lendemain, Simon n’a pas encore appris la nouvelle, mais lorsqu'il arrive à sa boutique, une foule l'attend déjà devant l’enseigne ce matin-là. « Ils étaient tous en larmes et voulaient un souvenir de Michael. » Depuis, pas un jour sans qu’un passant ne prenne la pause devant l’enseigne. Malgré la célébrité de Michael Jackson, Simon reste à l’affût d’une nouvelle opportunité à saisir. « Après Michael, je ferai peut-être Johnny Hallyday par exemple ! » Simon Cohen fait partie de ces commerçants d’un autre temps. En football, c'est ce qu'on appelle un « renard des surfaces », opportuniste mais diablement efficace.
Le King of Pop est situé 9 boulevard Poissonnière, Paris 10e.