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Vous connaissiez peut-être 750g, le magazine (et site Web) spécialisé en recettes de cuisine. Un média pratique et surtout chargé d’images à dévorer, à consulter de préférence l’estomac plein. Si vous évoluez du côté du 10e arrondissement, vous avez peut-être également remarqué l’atelier de cuisine lancé par la marque, au 60 rue du Faubourg Poissonnière. Mais pour repérer le dernier projet du groupe, c’est à l’extrême sud du 15e arrondissement qu’il faut s'aventurer : le restaurant « 750g La table » vient d’ouvrir ses portes au 397 rue de Vaugirard, à quelques enjambées de la porte de Versailles. Avec, à sa tête, le chef Damien (Duquesne), cofondateur avec son frère Jean-Baptiste de 750g.com, bloggeur et twittos notoire.
© LRD/Time Out Paris
C’est par hasard qu’on avait découvert l’ouverture prochaine d’une nouvelle adresse gourmande dans le quartier. Depuis la fermeture de l’ancien occupant, le resto du terroir Autour de…, le local était en travaux et des montagnes de revues 750g s'empilaient contre la façade. Pas trop difficile de faire le lien… L’espace qui se dessinait de jour en jour laissait augurer un vaste restaurant, coloré et grand ouvert sur un petit renfoncement adossé à la Petite Ceinture. Franchement, quand on a compris qu’un spécialiste de la popote maison ouvrait sa cantine dans une zone infestée de faux italiens et autres comptoirs à touristes, on a secrètement crié victoire.
Mais un peu trop vite. Le premier dîner qu’on y a passé nous a un peu déçus. Dès notre arrivée, le personnel, probablement secoué par le rythme des premiers jours, nous met légèrement mal à l’aise. Untel nous accueille avec un empressement mal dissimulé, un autre n’apprécie pas qu’on prenne cinq minutes pour choisir le vin… Heureusement, une fois dans nos verres, le Languedoc fruité nous remonte le moral. De plus, on nous informe que le menu change tous les jours, ce qui est généralement bon signe. Petit regain d'espoir. D'autant qu'un prix de lancement nous permet de profiter d’une formule unique entrée-plat-dessert à 19,50 € (qui passera à 24 € à partir de septembre, ce qui reste très correct), avec deux spécialités au choix à chaque fois.
Il y a besoin d'un chef, pour ça ?
Ce soir-là, on teste une assiette de tomates anciennes, servies avec deux bouchées de fromage frais et du bon pain de campagne. Un hors-d’œuvre agréable mais terriblement simple (est-il besoin d’un prof de cuisine aux fourneaux pour découper des végétaux ?). Ce ressenti ne nous quitte pas vraiment avec les plats principaux : le pigeon « en deux cuissons » (corps saignant et ailes bien cuites) ne vient accompagné que d’une platée de pommes de terre rissolées. Encore une fois, les ingrédients sont bons et bien préparés, mais on attendait un petit plus – un légume vert, au moins. L’autre choix, un lieu noir avec un délicieux riz sauté au pistou et des tomates confites, nous semble plus équilibré et nous réconcilie un peu. Mais une ultime déception nous attend au dessert avec une tarte à la fraise « façon 750g », c’est-à-dire une assiette de fraises surmontée d’une boule de glace à la vanille et de miettes de pâte feuilletée. Le hic ? Ce feuilleté, sans goût et très sec, a probablement perdu sa texture en s’éparpillant.
Sur le site du restaurant, on semble avoir anticipé notre désappointement. La page s'ouvre en effet sur ces mots, écrits en gros : « Nul n’est parfait… Venez nous aider à roder notre restaurant... », suivis du prix de lancement. On aurait dû se méfier ?
© LRD/Time Out Paris