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Avec une programmation qui défie les lois de la décence, où l'on retrouve des groupes comme les Black Angels, Slowdive ou les huluberlus du Villejuif Underground, la cinquième édition du Levitation festival est clairement l'un des événements du week-end. Après avoir rencontré Marion Gabbaï, nouvelle programmatrice, on a cette fois discuté par mail avec Rob Fitzpatrick, son fondateur à Austin. Une interview en forme de voyage psychédélique entre 1967 et aujourd'hui.
Rob Fitzpatrick vit à mille à l'heure, entre le Costa Rica, les sixties, Austin, aujourd'hui et Angers. Ses pérégrinations lui ont permis de créer le Levitation festival, de côtoyer les légendes de la musique psychédélique et de proposer toujours plus de découvertes dans ses programmations. Avec une édition américaine en stand-by (du moins jusqu'en avril 2018), Rob Fitzpatrick s'est entièrement consacré à celle d'Angers, confirmant la continuelle croissance de celle-ci. Alors que le Summer of Love fête ses 50 ans, il nous paraissait logique de le questionner sur son rapport aux années 1960 (et plus particulièrement à la mythique année 1967) et sur les groupes à ne pas manquer ce week-end. Le genre de conseils que devraient prendre les Pirouettes pour arrêter de tourner en rond.
Time Out Paris : 1967, qu'est-ce que ça représente pour toi ?
Rob Fitzpatrick : 1967 fut l’une des meilleures années pour la musique et grâce aux disques de mes parents et aux vieilles radios FM, j’ai toujours écouté de la musique composée pendant les 60’s. Mon amour pour cette période fut ravivé lorsque Alex et Christian ont formé les Black Angels et lancé l’Austin Psych Festival. Quand je regarde les affiches des festivals de l’époque et le classement des 10 hits de 1967, je me dis qu'on aurait vraiment dû vivre à cette époque-là ! The Beatles, Jimi Hendrix, Jefferson Airplane, The Doors, The Who, The Rolling Stones... Toutes ces références étaient diffusées à la radio et étaient les plus grands artistes du moment. La plupart des hits de l’année étaient des hymnes du Summer of Love comme "San Francisco" (Scott McKenzie), "Incense and Peppermints" (The Strawberry Alarm Clock) et "Somebody to Love" (Jefferson Airplane) qui avaient tous été composés en dehors de San Francisco. Ces trois morceaux auraient très bien pu ne pas se retrouver dans les charts - et ils sont des choix un peu évidents - mais l'influence de ces titres et de leurs créateurs ne peut être sous-estimée...
Pourrais-tu choisir trois titres sortis cette année-là ?
Je vais commencer avec la ville de Londres et l’album 'Piper At the Gate’s of Dawn' des Pink Floyd. Ça débute avec "Astronomy Domine" qui donne le ton d’un disque refusant tout compromis artistique et qui détermine l’aspect avant-gardiste du groupe. Ensuite, pour Austin, c'est impossible de ne pas mentionner le titre "Levitation" extrait d’'Easter Everywhere' du 13th Floor Elevator, qui a donné son nom au festival. Tu as aussi la chanson "Slide Machine", l'une de mes préférées de ce légendaire groupe d’Austin. Ecrit par Powell St John, ce titre montre en quoi était unique le 13th Floor Elevator : le jug de Tommy Hall, les géniales paroles de Roky Erickson, la guitare de Stacey Sutherland et par-dessus tout ce son unique, reconnaissable entre tous. Enfin New York et The Velvet Underground & Nico. Tant de choses ont été dites sur leurs albums et surtout sur celui-ci. "All Tomorrow’s Parties" et "Venus in Fur" sont mes deux titres favoris, avec l’incomparable voix de Nico sur la première. Il y a un tel sentiment d’expérimentation et d’exploration dans ce titre, c’est à la fois brutal et étrange. A une époque où la scène psychédélique explosait, ce titre et cet album ont préparé le terrain pour les scènes punk et new wave de New York.
Pourrais-tu piocher 5 artistes dans la programmation de cette année ?
Slowdive. Quand le groupe s’est reformé en 2014, j’étais tellement excité, ç'en était presque ridicule. J’ai tout fait pour les avoir mais le timing n’était pas bon. Je les avais vus en 2014 au FYF et c’était tout ce que je pouvais espérer. Les étoiles étaient alignées pour qu’ils headlinent Austin en 2016 mais la météo s’en est mêlée. A Angers, ce sera donc la première fois que nous les programmerons, quelle hâte j’ai !
Bo Ningen. Un groupe au carrefour du psychédélique et du proto-punk, ils ont une incroyable énergie sur scène. Ils sont venus à Austin en 2014, c'était exceptionnel !
Black Devil Disco Club. Après un week-end où la fuzz et la reverb auront dominé, on clôturera le festival avec une vraie rave grâce au set de Bernard Fèvre, pionnier de la musique électronique.
Petit Fantôme. C’est un artiste que je voulais programmer depuis un bon moment déjà ! Ses titres et ses live évoluent beaucoup, j’ai hâte de savoir quel Petit Fantôme nous aurons, mais peu importe, je sais que ce sera super !
The Black Angels. J’ai vu le groupe tellement de fois ! Mais depuis que je n’habite plus au Texas, c’est devenu plus rare. A chaque fois, ils sont meilleurs et mettent constamment dans le mille. Ce sera la première fois que je les verrai depuis la sortie de ‘Death Song’, j’ai très hâte d’entendre les nouvelles chansons au Quai !
Quoi ? Levitation Festival
Où ? Angers
Quand ? 15 et 16 septembre 2017
Combien ? De 33,20 € à 53,20 € (places à prendre ici)