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La bio-révolution est-elle en marche ?
Si les magasins bio (Naturalia, The Bio Shop, Biocoop, etc.) se multiplient et continuent de gagner du terrain, l’offre reste globalement limitée. Centrée sur certains quartiers de Paris et proposée à des prix relativement élevés, l’accessibilité à la nourriture bio est aujourd’hui l’une des préoccupations de la ville de Paris.
Dans ce sens, Anne Hidalgo a adopté la proposition des « 4 saisons solidaires » portée par le président du groupe Parti Communiste Français-Front de Gauche, qui entend mettre en place des halles alimentaires dans la capitale. La première ouverture d'une halle de 176 m2 dans le 10e arrondissement devrait avoir lieu début 2017. Elle sera gérée par la société d’économie sociale et durable Kelbongoo, lauréate de l’appel à projet lancé par la mairie de Paris.
Comment est né le projet Kelbongoo ?
L’entreprise Kelbongoo possède déjà une boutique dans le 20e fondée en 2014 par Léa Barbier et Richard Fielding, deux jeunes résolument décidés à proposer des recours à une industrie agroalimentaire intensive toujours plus dévastatrice. « Il existe en France deux problèmes, nous explique Charlotte Ciabrini, cofondatrice de la société : d’une part, nous avons des agriculteurs et des petits producteurs qui peinent à trouver des débouchés et à vivre de leur travail, et d’une autre, une réelle difficulté à accéder à des produits de qualité, notamment parce que les bons produits bio et locaux sont très chers et que la majeure partie de la population ne peut y avoir accès. »
Chez Kelbongoo, les produits (volailles, légumes, fruits, etc.) arrivent donc directement des champs des petits producteurs de Picardie pour se retrouver dans les paniers des Parisiens, qui ont au préalable commandé et payé en ligne, avant de venir chercher leurs paniers les mercredis et samedis. Un système finalement assez proche des AMAP (association pour le maintien de l’agriculture paysanne), mais avec davantage de flexibilité.
« Des bons produits fermiers, locaux, bio et issus de l’agriculture raisonnée »
Ce système sera également mis en place à la halle alimentaire rue Bichat avec « de bons produits fermiers, locaux, bio et issus de l’agriculture raisonnée ». En ce qui concerne le prix, on pourra compter 1 € le kilo de pommes de terre, 2,15 € pour 6 œufs de plein air bio, 4,40 € le pot de confiture de 400g ou encore 2,60 € le litre de jus de pomme.
Outre l’accès à une nourriture de qualité pour toutes les bourses, le projet de l’association consiste également à assurer une démarche de sensibilisation : mettre en lumière le métier d’agriculteur, alerter sur les dangers de santé autour de la nutrition, réconcilier le public avec le « bio pas cher ». Ainsi, « l’idée à terme est d’ouvrir le local cinq jours sur sept et de proposer, par exemple, des ateliers cuisine en dehors des jours de distribution », précise Charlotte.
« Une politique des prix qui vise à rester accessible aux consommateurs tout en soutenant les producteurs »
C’est là toute la différence avec le système de l’industrie alimentaire actuel : la transparence. Ici, le consommateur sait ce qu’il y a dans son assiette, il a un vrai droit de regard sur la provenance de ses produits et choisit auprès de quel producteur il souhaite passer commande. De son côté, le producteur est également gagnant grâce à la mise en place d’une « politique des prix qui visent à rester accessibles aux consommateurs tout en le soutenant ».
Résultat : 80 % en moyenne du prix de vente revient au producteur, qui a préalablement fixé le montant lui-même. Si le concept défendu par les halles alimentaires à Paris rejoint celui des AMAP, certaines contraintes ont tout de même été levées, comme l’abonnement et la commande minimum. L’expérimentation des halles alimentaires à Paris se fera en deux temps, puisqu'une première ouvrira début 2017 rue Bichat tandis qu’une seconde dans le 14e est actuellement à l’étude.