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Les Hauts de Léaud : Jean-Pierre Léaud en 14 extraits vidéo

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A l'occasion de la sortie de 'La Mort de Louis XIV' d'Albert Serra, retour en vidéos sur la fabuleuse carrière de l'acteur-fétiche de la Nouvelle Vague. Une bonne occasion de revenir sur quelques-unes de ses collaborations avec François Truffaut, Jean-Luc Godard, Jean Eustache, Philippe Garrel, Jacques Rivette ou Aki Kaurismäki, en 14 extraits de films inoubliables. 

- Jean-Pierre Léaud chez François Truffaut

Impossible de ne pas commencer avec 'Les 400 Coups', premier rôle de Jean-Pierre Léaud, à 15 ans, chez François Truffaut, dans le premier long métrage du réalisateur, évident fer de lance de la Nouvelle Vague (un an avant 'A bout de souffle' de Godard).

Extrait vidéo • 'Les 400 Coups' (1959)

 

La scène est culte. Antoine Doinel répète à l'envi le nom des deux femmes entre lesquelles son cœur balance puis son propre nom, histoire de voir si le sort peut décider à sa place. Dans 'Baisers volés', l'alter ego de Truffaut grandit, sort mollement de l'adolescence pour découvrir les problèmes des adultes, les femmes, le travail, les petits mensonges. Et Léaud de montrer tout le potentiel comique du personnage que Truffaut l'a aidé à créer. 

Extrait vidéo • 'Baisers volés' 

 

En 1970, Antoine (Léaud) a épousé Christine (la malicieuse Claude Jade). Passablement volage, il entretient une relation avec la fille de son patron japonais Kyoko. Mais loin de toute dramatisation, Truffaut montre ici la complicité du couple qui aura bientôt un enfant, Alphonse. Peut-être l'épisode le plus joyeux et réussi de la géniale série des Doinel.

Extrait vidéo • 'Domicile conjugal' 

 

Après 'Jules et Jim', c'est la deuxième fois que Truffaut adapte un livre de Henri-Pierre Roché. 'Les Deux Anglaises et le continent' est un peu le miroir inversé du premier, puisque deux femmes entourent de leur amour un homme. Mais le ton est plus chaste, l'érotisme plus feutré. A ce trio d'une élégance folle, Léaud apporte son côté dandy et parvient presque à jouer dans la retenue.

Extrait vidéo • 'Les Deux Anglaises et le continent' 

 

- Jean-Pierre Léaud dans les films de Jean-Luc Godard

Après une courte apparition (en spectateur de cinéma avachi) dans 'Pierrot le fou' en 1965, Jean-Pierre Léaud tourne pas moins de cinq films en deux ans avec l'autre grand manitou de la Nouvelle Vague, Jean-Luc Godard (en particulier, 'Made in USA' et 'Masculin féminin' en 1966). Mais il accompagne surtout la bascule plus ouvertement politique du réalisateur du 'Mépris' à partir de 1967 avec 'La Chinoise', notamment à travers une leçon de théâtre - aussi courte que passionnante - que voici. 

Extrait vidéo • 'La Chinoise' 

 

Toujours en 1967, Jean-Pierre Léaud apparaît pour quelques séquences jouissivement surréalistes dans 'Week-end', film assez méconnu de Godard, œuvre de rupture excessive - et sans doute l'un de ses longs métrages les plus grinçants et drôles (aux côtés de 'Soigne ta droite' en 1987). Dans la séquence suivante, on peut ainsi voir Léaud chanter dans une cabine téléphonique une ritournelle amoureuse qui risque bien de vous rester quelques bonnes heures en tête ! Une scène à la fois simplissime et anthologique...

Extrait vidéo • 'Week-end' 

 

- Jean-Pierre Léaud dans ‘Out 1 : Noli me tangere’ de Jacques Rivette

Acteur-fétiche de Truffaut et Godard (on l'aura compris), Léaud s'ouvre bientôt, à la fin des années soixante, au cinéma d'auteur européen, que ce soit avec le Polonais Jerzy Skolimowski ('Le Départ' en 1967) ou avec Pier Paolo Pasolini pour 'Porcherie' en 1969, aux côtés d'Anne Wiazemsky et de Pierre Clémenti en jeune cannibale. Il tourne également dans la production franco-italienne 'Le Lion à sept têtes' de Glauber Rocha, figure de proue du cinéma novo brésilien, en 1970, avant de retrouver l'année suivante la Nouvelle Vague et un autre de ses maîtres, Jacques Rivette, pour son incroyable film-fleuve improvisé 'Out 1 : Noli me tangere', en plein Paris néo-balzacien.

 Extrait vidéo • 'Out 1 : Noli me tangere'

 

- Jean-Pierre Léaud dans les films de Jean Eustache

Petit détour en 1966, pour ce premier moyen métrage (quarante-sept minutes) tourné à Narbonne sous la direction de Jean Eustache, où Léaud interprète un Père Noël coureur de filles. Un personnage léger, mais qui n'est pas, non plus, sans une fragilité teintée de tristesse ou de malaise. Déjà, le Antoine Doinel de 'Baisers volés' semble apparaître en filigrane, mais plus jeune et mal dans sa peau comme le symbolise ce manteau trop grand porté par Léaud à certains moments du film.

Extrait vidéo • 'Le Père Noël a les yeux bleus' 

 

Toutefois, c'est en 1973, avec 'La Maman et la Putain', testament amer de la Nouvelle Vague - et certainement l'un des plus grands films français des cinquante dernières années - que Léaud trouve l'un de ses plus grands rôles et qu'Eustache met en scène un chef-d'œuvre assez définitif. Toujours bavard, toujours virevoltant, toujours volage, Léaud incarne ici Alexandre, jeune oisif utopiste, tour à tour charmant et exaspérant, qui sied à merveille à l'image et au jeu de l'acteur. Hélas, les temps ont changé. Et comme dans 'Out 1' de Rivette, les espoirs collectifs ont fait place à l'individualisme en mode gueule de bois. Un changement d'époque entre tristesse et violence qui marquera une pause dans la carrière de Léaud qui, peu à peu, paraît s'effacer des écrans de cinéma après une performance d'acteur qui reste, peut-être, sa plus géniale... 

Extrait vidéo • 'La Maman et la Putain'

 

 - Jean-Pierre Léaud dans les films de Philippe Garrel

En 1984, une dizaine d'années après le sommet de sa carrière, Jean-Pierre Léaud retrouve un cinéaste estampillé Nouvelle Vague (Philippe Garrel) pour un court métrage du film à sketches 'Paris vu par... 20 ans après'. Et on ne peut pas dire que ça aille fort. S'il retrouve en effet, à 40 ans, un personnage d'amoureux à la Doinel, l'intrigue de 'Rue Fontaine' paraît plombée au possible, passant de la rupture à la mort. Symptomatique d'une période de repli pour l'acteur comme pour l'image générale de la Nouvelle Vague (dont un Pialat, entre autres, dira notamment tout le mal qu'il en pense), cette apparition de Léaud paraît d'une tristesse sans bornes. Heureusement, les années quatre-vingt-dix marqueront bientôt le début de sa résurrection en tant qu'acteur...

Extrait vidéo • 'Rue Fontaine' 

 

Ainsi, en 1993, Léaud approche de la cinquantaine et Garrel lui propose un nouveau rôle intense, servi par quelques scènes incroyablement marquantes, dans 'La Naissance de l'amour', aux côtés de l'impeccable Lou Castel. Léaud y gagne une profondeur brisée, rongée par la mélancolie, qui relance véritablement sa carrière. A partir de 1996, il reviendra ainsi au premier plan avec les excellents 'Irma Vep' d'Olivier Assayas et 'Pour rire' de Lucas Belvaux. Puis, en 2001, avec 'Le Pornographe' de Bertrand Bonello... jusqu'à se retrouver dans les habits du Roi-Soleil dans ‘La Mort de Louis XIV’ d’Albert Serra présenté cette année à Cannes. Aussi, d'une certaine façon, 'La Naissance de l'amour' correspond-t-elle à la renaissance de Léaud. Ce qui lui va parfaitement bien.

Extrait vidéo • 'La Naissance de l’amour'

 

 - Jean-Pierre Léaud dans les films d’Aki Kaurismäki

Toutefois, avant 'La Naissance de l'amour', dès 1990, c'est le Finlandais Aki Kaurismäki qui sut ressusciter Jean-Pierre Léaud, avec un personnage hanté par le suicide (comme l'était déjà, celui de 'Rue Fontaine', ci-dessus). Un rôle de dépressif parfait pour l'acteur, qui traîne son spleen depuis déjà longtemps et dont l'air lunaire correspond parfaitement au sens de l'absurde du réalisateur. La preuve avec cette séquence incroyable et sans paroles, où Léaud essaye tout pour en finir.

Extrait vidéo • 'J’ai engagé un tueur' 

 

Deux ans plus tard, Kaurismäki retrouve l'ancien héraut de la Nouvelle Vague pour un second rôle dans une comédie dramatique souvent absurde, 'La Vie de bohème', où Léaud ne manque pas de rappeler l'étendue de son talent comique et pince-sans-rire. D'ailleurs, l'acteur et le réalisateur ne manqueront pas de se recroiser, en 2001, avec le truculent et poétique 'Le Havre'.

Extrait vidéo • 'La Vie de bohème' 

 

Enfin, c'est évidemment avec impatience qu'on attend 'La Mort de Louis XIV' d'Albert Serra, qu'on ne peut imaginer sans écho à son précédent film, 'Histoire de ma mort', autour de la figure de Giacomo Casanova. En attendant, alors, pourquoi ne pas retourner aux origines de ce fabuleux acteur que demeure Jean-Pierre Léaud, avec ces premiers bouts d'essais pour 'Les 400 Coups' où, gamin gouailleur, charmant et malin, le futur alter ego de Truffaut vampirise l'image de son charme si singulier. 

Premiers pas • Bouts d’essais pour ‘Les 400 Coups’ ? 

 

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