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Derrière ce nom de bande dessinée des années 1960 se cache une association bien dans l’air du temps : un « concierge à l’écoute de chaque habitant du quartier ». Entendre par là un service de proximité qui répond à (presque) toutes les demandes de petits boulots quotidiens. Porter des packs d’eau, aller à la Poste à 15h30 à votre place, livrer des croissants un dimanche matin, enfoncer un clou pour afficher ce cadre qui traîne chez vous, laver votre lavabo plein de poils de moustache, retoucher votre pull troué, accompagner vos enfants au cours de pétanque suédoise, garder vos clés pendant que vous allez faire un jogging, attendre EDF qui vient relever le compteur à votre place (hé ouais, c’est important) : tout ça, les Lulu s’en chargent pour vous. Attention cependant, toutes les requêtes ne trouvent pas preneur. Chef de projet sur Lulu dans ma rue, Louis-Xavier Leca avoue : « Un jour, un vieux monsieur nous a demandé si on pouvait lui présenter une dame de compagnie. Il se sentait seul et voulait discuter, mais bon, on ne fait pas ça. Pour l’instant, en tout cas ! »
En revanche, la liste des activités remplies par les « Lulu », ces volontaires auto-entrepreneurs de tous horizons, peut s’allonger à l’infini. Ce ne sont pas les menus travaux qui manquent à Paris. Après moult péripéties administratives, un kiosque discret et élégant a enfin pu être installé sur la place Saint-Paul face à la station vélib’, à côté d’un beau cerisier en fleurs. Il rayonne sur les 3e et 4e arrondissements, voire le 11e, mais d’autres kiosques devraient ouvrir un peu partout dans la capitale, à condition que l'essai soit concluant. Si les autorisations officielles ont été compliquées à obtenir, les riverains semblent quant à eux ravis de l’arrivée de Lulu dans leur rue. « Les gens s’arrêtent, ils sont curieux et enthousiastes, poursuit Louis-Xavier, on est même surpris par la réussite des premiers jours, il a fallu qu’on embauche des Lulu supplémentaires. » Pour devenir Lulu ? Rien de plus simple, il suffit de proposer vos compétences, quelles qu’elles soient, à l’association, qui s’occupera en retour de votre statut d’auto-entrepreneur et de vos factures. Un concept solidaire bien rôdé, que l’on doit à Charles-Édouard Vincent, le fondateur d’Emmaüs Défi. En 2015, vous étiez Charlie ? Devenez Lulu !