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Le stop-motion au service de l’émotion.
La courgette, ce n’est pas vraiment le truc des enfants (ni même de certains adultes). Mais lorsqu’elle est cuisinée avec tendresse et intelligence, saupoudrée d’un peu de philosophie et de beaucoup de poésie pour adoucir les drames de la vie, on en redemande.
Tel est donc le cas de cette Courgette-là. De son vrai nom Icare, ce petit garçon de 10 ans aux cheveux bleus et au regard perpétuellement nuageux n’a rien d’un légume. Il vit avec sa maman, buveuse de bière compulsive depuis que son papa est parti avec une « poule » qu’il pense naïvement être un véritable volatile. Et ce jusqu’au jour où un regrettable accident le catapulte violemment au rang d’orphelin. Placé dans un foyer pour enfants malmenés par le destin, il va alors faire l’expérience de la solitude et de l’hypocrisie, mais aussi de l’amitié et de l’amour sous toutes ses formes. Bref, de tout ce qui forge un caractère et fait que l’on grandit intelligemment.
Pas plus perturbant qu’un conte pour enfants mais bien plus clairvoyant
Car l’intelligence est ce qui définit particulièrement bien ce parcours initiatique en forme de film d’animation audacieux, où le monde se décline en pâte à modeler. D’autres adjectifs viennent cependant se greffer à cet impérissable moment de cinéma : simple et authentique, tendre et délicat. Il faut dire que Claude Barras, le réalisateur, et Céline Sciamma, la scénariste – à qui l’on doit aussi les très humains ‘Tomboy’ et ‘Bandes de filles’ –, ont usé de justesse dans le traitement de sujets graves comme la mort, l’abandon, ou la maltraitance. De quoi susciter chez les bambins de profondes réflexions et interrogations sur lesquelles débattre ensuite en famille : le gage d’un bon film.
Malgré des thèmes douloureux et des scènes qui serrent parfois le cœur, ‘Ma vie de Courgette’ ne sombre jamais dans le pathos. Bien au contraire, ce long-métrage de soixante-six minutes se teinte, si ce n’est de légèreté, au moins d’un optimisme appuyé. Alors oui, on essuie maladroitement une larme à la fin de la séance, mais on ne nous l’a pas tirée de force. Cela n’est dû qu’à notre affection pour cette mosaïque de personnages, certes un peu caricaturaux sur les bords, mais terriblement attachants. De Raymond le gentil policier à la directrice du foyer, en passant par le faux caïd Simon, meilleur ami de Courgette, ou la petite Alice, constamment dissimulée derrière sa mèche blonde et protectrice. A force d'empathie, on vibre à chacune des épreuves ou péripéties de leur plus belle aventure d’enfant : la vie, tout simplement.
Date de sortie : mercredi 19 octobre