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Ne la cherchez plus si vous ne l'avez pas déjà : la NES classic mini est en rupture de stock. On en trouve encore sur eBay ou Amazon, mais pour des prix insensés, entre 120 et 300 €, bien loin des 55 € que nous avons dépensés en prévente cet été pour la recevoir à sa sortie mi-novembre. Il faut dire que depuis sa création en 1983, la NES a non seulement trôné dans bon nombre de salons et de chambres d'enfants dans le monde, mais surtout elle a démontré une longévité à toute épreuve. Aucune autre console n'aura exploité aussi bien ses capacités, aussi longtemps, avec autant de diversité. Plus de dix ans de création et d'innovation, condensés désormais dans ce minuscule boîtier.
Les nostalgiques des cartouches de jeu à l'ancienne, ces objets mythiques, devront toutefois se rabattre sur le marché d'occasion, car les trente jeux proposés avec la NES sont intégrés directement. Il suffit de brancher les câbles HDMI et USB sur la télévision pour y jouer, l'illusion est parfaite. Seule différence, la taille du fil des manettes est beaucoup plus courte qu'auparavant, ce qui oblige le joueur à se rapprocher de l'écran et à jouer plus ou moins accroupi, comme lorsqu'il était enfant. Autre petit bémol, la seconde manette n'est pas livrée, il faut la commander en supplément (10 € à l'origine, 80 € chez les spéculateurs sans scrupules).
Mais comment faisait-on pour terminer des jeux aussi difficiles ?
Rejouer à la NES, c'est plonger dans un univers que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. D'abord, ce sont des musiques, sur lesquelles seul le joueur qui a refait mille fois les niveaux de 'Probotector' ou de 'Simon's Quest' pourra s'attendrir, car elles rendraient vite fou le plus zen des moines bouddhistes. Et pourtant, quel bonheur de réécouter les thèmes de 'Mario 3' ou de 'Zelda 2', joie d'entendre de nouveau l'air enfantin de 'Bubble Bobble' ou celui lancinant de Quick Man dans 'Megaman 2', véritable symphonie 8 bits. Pourquoi autant de dévotion pour ces musiques basiques et minimalistes ? Parce que le jeu NES est difficile, très difficile, et que les airs contribuent à faire entrer le joueur dans une espèce de transe qui peut durer des heures, des nuits, des semaines.
C'est l'autre effet kiss cool de la NES classic mini, laquelle agit comme un miroir qui vous renvoie un reflet désagréable : vous êtes devenu vieux. Bon sang, mais comment faisaient des enfants de 10 ans pour terminer des jeux aussi durs ? Comment faire pour sauter et atterrir sur un seul pixel ? Comment anticiper ce que le scrolling dévoile peu à peu ? Comment deviner qu'on peut tuer cet ennemi en lui sautant dessus, mais pas l'autre à côté, sur lequel vous vous empalez ? Pourquoi faut-il parfois simplement courir sans se soucier des ennemis et d'autres fois patienter de longues secondes afin de les tuer un par un ? Les célèbres chaînes YouTube de Angry Video Game Nerd ou du Joueur du grenier se régalent du niveau de difficulté aberrant de certains jeux. En matière de jouabilité, la NES révèle donc des trésors d'invention à la fois exaspérants et hautement addictifs. Plus vous jouez, plus vous progressez et plus vous avez envie de continuer à jouer.
Les trente jeux proposés couvrent ici un éventail assez large quoique forcément réducteur de l'énorme jeux-vidéothèque Nintendo. On y trouve autant des jeux anciens tels que 'Donkey Kong', 'Ice Climber', 'Excitebike' ou 'Balloon Fight', que des jeux plus récents, du type 'Mega Man 2' ou 'Kirby's Adventures'. Bien entendu, certains choix prêtent le flanc à la critique. Pourquoi avoir sélectionné des jeux moyens comme 'Ice Climber', 'StarTropics' ou 'Excitebike' au lieu de classiques plus connus et jouables ? On regrette entre autres l'absence de 'RC Pro-Am', 'Duck Tales', 'Solstice', 'Snake Rattle & Roll', 'Ikari Warriors', 'Gremlins 2', 'Ice Hockey' ou 'Fester's Quest'. Mais pour y rejouer, il faudra ressortir l'ancienne Nintendo du placard et souffler très fort dans la cartouche. Les vrais comprendront.
Le jeu Megaman 2 en entier :