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On a testé la Fury Room et on n'a pas été convaincu

Rémi Morvan
Écrit par
Rémi Morvan
Journaliste, Time Out Paris
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On a été essayer la première Fury Room parisienne.

En arrivant au 23 rue Blondel, non loin de Strasbourg Saint-Denis, on était comme Daniel Balavoine face à son fils importuné par ses camarades de classe. « J'vais tout casseeeeer ». Ouh là, calme-toi Daniel, descends de ton hélicoptère et bois un Tropico. Le nouveau Tropico à la mode dans la capitale ? La Fury Room, la première du genre à Paris. Son slogan ? « Défoulez-vous. Maintenant. » Vous avez compris, ici, pas de place pour la poésie, on vient décompresser en cassant tout c'qui bouge (pas).

A la tête de ces « pièces de la fureur » venues du Pays du soleil levant, deux associés, qui après une rapide étude de marché, se sont vite rendu compte que le concept était étrangement absent à Paris, la Ville Lumière étant pourtant fertile pour les "nervous breakdowns comme on dit de nos jours".

Les règles du jeu 

Deux salles sont actuellement en service, en attente d'un potentiel agrandissement. Pour contenter tous les nerveux – de plus de 18 ans – aux épaules vigoureuses, de nombreuses formules, allant de 10 à 100 €, sont proposées. Une petite contrariété ? Ce seront bouteilles en verre et briques que vous pourrez lancer contre les murs. Pour les moments entre amis ou les fins de journée délicates genre début de film de Jacques Audiard – combo licenciement-rupture-découverte d'un grain de beauté suspect sur la fesse –, c'est vers la formule Madness qu'il faudra se tourner. Là, c'est la kermesse avec l'équivalent d'une pièce entière à détruire. Vous avez également la possibilité de venir avec vos propres objets pour la formule Fury Byo (5 € le petit objet ; 15 € le grand objet et la boîte d'objets). Pour nous, ce sera la Fury Your Own (à partir de 20 €) avec bouteilles, écran d'ordinateur et palette en bois. On passe dans l'arrière-boutique qui tient lieu de vestiaire, on enfile un bleu de travail, un plastron, des chaussures de sécurité, des gants ainsi qu'un masque. Paraît-il que l'on peut aussi choisir sa musique. Ca aurait été "Rattlesnake" de King Gizzard & The Lizard Wizard et "Hazemaze" de Fuzz pour nous. Ce sera finalement le silence entrecoupé de nos râles. Ultime étape : le choix de l'arme. Masse, batte de baseball ou pied de biche ? Ces deux dernières pour nous s'il vous plaît.

© DR

L'heure du défoulement

On descend alors au sous-sol. Nous voici enfin dans la Fury Room. Devant nous, une quinzaine de minutes et des objets - extraits le temps de leur destruction de la boucle de recyclage - pour nous défouler. Rien ne peut nous arrêter. Pour commencer, on saisit une bouteille, que l'on fracasse contre le mur. La sensation ? Agréable. Une frontière est franchie, on saisit qu'ici tout est permis. Très vite, tout s'emballe. Avec la « patte de bambi », on dépiaute cet écran d'ordinateur qui nous aura trop souvent joué des tours. « Ah mon pote, là, c'est sûr, tu ne buggueras plus jamais ! » On expérimente toutes les manières de casser des bouteilles. Façon golfeur, un cassage en douceur avec la batte pour entendre le verre se casser doucement sous son poids. Nous devons bien l'avouer, l'instant le plus jouissif de l'expérience. Pas plus de cinq minutes après le début du défoulement, nous sommes déjà en sueur, la gorge prise par la poussière, les doigts quelque peu tétanisés. Nous reste alors la palette et son robuste bois à écrabouiller. C'est le moment où l'on aperçoit les limites de l'expérience. Alors que l'on tape, tape et tape encore sur cette pauvre palette, la lassitude commence clairement à poindre le bout de son nez [le fameux nez de la lassitude]. Alors que l'on nous signale qu'il nous reste à peine cinq minutes, on est davantage soulagé que déçu. On finit notre séance en s'acharnant sur notre palette et on écrase notre ultime bouteille, parce que ça, c'était vraiment agréable. C'est le cerveau vide mais plein de questions que l'on remonte. 

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Laisse pas traîner ton fils

En se rhabillant, on se dit que tout de même, un vestiaire ne serait vraiment pas du luxe et que transpirer dans les combinaisons, c'est cadeau pour les mycoses. Au niveau de la sécurité, on n'est clairement pas sûr qu'une simple blouse protège complètement des éclats de verre. Reproche que l'on fait également aux casques qui laissaient notre cou totalement nu. Pour ce qui est de la poussière, on déconseille fortement l'activité aux asthmatiques, sous peine de devoir composer le 18 au bout de cinq minutes. Pour finir, on en vient à questionner le concept même de Fury Room. Toute contrariété devrait-elle forcément être pansée par un acte violent ? Oh ba vingt dieux, on espère que non ! Nos nerfs sont peut être parfois tout boursoufflés, mais nul besoin de leur adjoindre une dose d'adrénaline, allez plutôt vous défouler à la piscine ou dans un concert.

Quoi ? Fury Room.
Où ? 23 rue Blondel, 2e.
Quand ? Du mardi au vendredi, de 16h à 23h ; le samedi, de 10h à 23h.
Combien ? De 10 à 100 € selon les formules.

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