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Petit, après avoir maté la saga 'Star Wars' pour la trente-sixième fois, vous n’aviez qu’un seul et unique but : devenir maître Jedi. Mais si, souvenez-vous, quand vous vous faisiez vilipender par vos parents après avoir volé le balais de la cuisine, simulant une baston de sabre laser, bruitages à l’appui : « Vvvvzzzz. » Eh bien figurez-vous, jeune padawan, qu’une discipline vous offre la possibilité de réaliser votre rêve d’enfance, sans avoir à faire semblant.
Popularisés aux Etats-Unis il y a dix ans, les cours de sabre laser débarquent enfin dans l’Hexagone. Trois jeunes Français viennent de lancer le concept à Paris. Résultat ? Une fois par semaine, pendant une heure et demie, les adhérents apprennent à manier l’objet iconique du blockbuster, en s’inspirant notamment des scènes de combat du film. Mélange d’escrime et de kendo, les cours de sabre laser nous ont forcément intrigué, nous qui sommes devenu sportif après notre séance de booty therapy. Et après avoir regardé, la veille, le septième épisode de la saga, fin prêt on est. Que la force soit avec nous.
Direction le 10e arrondissement, rue du Faubourg Saint-Martin. Sur place, des hommes, surtout, arborant des t-shirts Dark Vador ou Yoda. Et si la majorité sont des fadas de 'Star Wars', comme Cyril qui possède huit sabres différents, ce n’est pas le cas de tous. A l’image d’Alix, 23 ans. « Je cherchais une activité un peu différente. J’ai fait pas mal d’arts martiaux, d’escrime et du krav maga. Je suis tombé sur cette discipline et j’ai trouvé ça marrant. » Après avoir enfilé un short, ne possédant pas de cape à capuche, on s’échauffe minutieusement. Car contrairement à Han Solo, enchaînant les pirouettes à 63 piges sans difficultés, nous on ne fera pas de folies, préférant éviter la fracture de la hanche.
Après cinq minutes, on chope enfin l’objet tant désiré. En bleu, rouge, vert ou violet, dans un style épuré et élégant, le sabre laser est plus réaliste que jamais. Certes, les lames tranchantes sont remplacées par du polycarbonate mais elles ont de la gueule tout de même. On se mate devant la glace et, forcément, l’émotion monte. On se revoit ado, avec notre appareil dentaire, fantasmant sur la princesse Amidala et parlant à l’envers comme Yoda. Bref, passons ces détails, on est là pour les combats, non? Et si on imaginait que seuls des nerds seraient présents, vous savez ces personnes qui ne savent bouger que les fléchisseurs de leurs doigts sur leur clavier, ici on ravale très vite nos préjugés. Car oui, il s’agit bien de sport : de l’entraînement cardio au travail pour améliorer la souplesse des poignets et ses réflexes, tout y passe, dans une ambiance bon enfant. A la moitié du cours, on est déjà essoufflé et en sueur.
L’heure est venue d’améliorer sa technique. On s’exerce aux doubles attaques, pour essayer de déstabiliser et casser la garde de son adversaire. Et bien entendu, avec la chance qu’on a, on tombe sur un bonhomme qui fait la taille de Chewbacca. Heureusement, il est sympa avec nous, et l’entraînement se fait toujours dans un esprit ludique. Mais bien entendu, l’apogée des cours de sabre laser, le moment le plus excitant, ce sont les duels. En un contre un, pendant deux minutes, chaque combattant doit toucher le plus possible son adversaire. Comptez trois points pour les touches vitales (tête et torse), un point pour les jambes et les bras. Et après un combat, le retour à la réalité est dur à encaisser. Car vu ce qu’on a affiché, on est loin du niveau tant espéré. Pas grave, on se console en matant un petit moustachu se faire défoncer. On vient de passer du côté obscur.
A la fin, tous semblent avoir passé un bon moment à l’image de Paul, 30 ans. « Je suis hyper content car ça permet de voir des gens qui ont la même passion que moi, tout en faisant du sport. » Même son de cloche pour Alix : « J’aime particulièrement la philosophie de l’équilibre. Connaître les limites de son adversaire, les dépasser. »
Et si cette nouvelle discipline est encore très liée à 'Star Wars', du fait de l’existence même du sabre laser, l’ambition désormais, pour les fondateurs, est d’élever cette pratique au rang de sport à part entière. « Les formes de combat dans le film existaient bien avant, ils n’ont rien inventé », scande Nathan, l’un des organisateurs. « Et puis on n'utilise pas leur vocabulaire. » 'Star Wars' ou pas, le concept cartonne puisque tous les cours affichent complet cette année. Des cours pour enfants sont même proposés. Et des championnats de France sont prévus en juin. En attendant les J.O. en 2024 ?