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Le Théâtre du Rond-Point, le Pont Alexandre III, les bistrots La Liberté ou Le Bougainville, le Jardin des Plantes et le parc Monceau, via un petit détour par Montreuil… C’est à une véritable virée nocturne à travers les coins les plus élégants ou branchés de la capitale que nous convie Edouard Baer avec son nouveau film, ‘Ouvert la nuit’.
Le prétexte du scénario est assez simple : devant faire face à la menace d’une grève de ses salariés à la veille de la première d’une nouvelle pièce, Luigi (Baer), directeur de théâtre fantasque et je-m’en-foutiste, n’a qu’une nuit pour trouver de quoi régler à ses employés les deux mois de salaire qu’il leur doit. Embarquant à ses côtés une jeune stagiaire (Sabrina Ouazani), Luigi traverse Paris de nuit à la recherche de quelques milliers d'euros, alors que se déploie sans ménagement son goût pour l’alcool et la fête.
S’il fallait qualifier plus précisément cette nouvelle comédie d’Edouard Baer, douze ans après son précédent long métrage en tant que réalisateur (‘Akoibon’ en 2005), on ne manquerait pas de convoquer la notion d’autofiction. Car Luigi ressemble à s’y méprendre au personnage public de Baer : tour à tour drôle, énervant, charmeur, jouisseur, poétique ou nombriliste, son personnage trône dans presque chaque plan d’‘Ouvert la nuit’ – ce parti pris pouvant réjouir ou agacer, suivant le degré de sympathie qu’on éprouve pour l’acteur.
Les vannes s’enchaînent avec un sens de la dérision assez sympathique, même si l’on souhaiterait parfois un scénario un peu moins complaisant, qui oserait davantage s’aventurer sur les sentiers de l’absurde rageur et du délire surréaliste. Ici, seul Luigi s’autorise à faire le pitre et les autres personnages semblent souvent lui servir de faire-valoir... Heureusement, une Audrey Tautou gentiment autoritaire et, surtout, la pétillante Sabrina Ouazani réussissent à lui tenir tête.
Plus maîtrisé – et, du coup, moins fragile et émouvant que ‘La Bostella’, premier film foutraque et délicat d’Edouard Baer réalisateur –, ‘Ouvert la nuit’ se laisse regarder comme on écoute parler un bon vieux pote exubérant, joyeux et bavard, au cours d'une nuit d’ivresse. Pas davantage ? Si, peut-être quand même. Car l’autoportrait fictionnel que Baer paraît ici dresser de lui-même n’est pas que joyeux. Par moments, c’est même avec une certaine cruauté envers lui-même qu’Edouard Baer semble se filmer. Arrogant, veule, manipulateur : son personnage de trublion en prend peu à peu pour son grade. Jusqu'à donner l'image d'un type paumé, suffoquant sous son propre ego. Et ce refus de vouloir être sympathique confère finalement à son personnage, par moments, une part d’ombre inattendue.
'Ouvert la nuit' d'Edouard Baer : bande-annonce
>>> 'Ouvert la nuit' d'Edouard Baer, en salles le mercredi 11 janvier 2017 (distribution Le Pacte)