[title]
Début de l’été, vacances à l’horizon… Bientôt le temps va suspendre son vol, comme dans un poème relou de Lamartine pour brevet des collèges. Et le cinéma, comme par hasard, semble épouser cette temporalité flottante, indistincte, en nous invitant à le conjuguer aux trois temps de l’indicatif. Ah oui ? Voici comment...
Cinéma au futur : les meilleurs films des prochains mois à découvrir en avant-première
Commençons donc par nous projeter un peu, et à regarder quelques mois devant nous avec la première édition du festival Avant-premières ! organisée du 6 au 12 juillet par une trentaine de cinémas indépendants parisiens (voir la programmation complète et le détail des séances).
Perles de la compétition cannoises (‘Mademoiselle’ de Park Chan-wook, ‘Baccalaureat’ de Cristian Mungiu, ‘Aquarius’ de Kleber Mendonça Filho, ‘Personal Shopper’ d’Olivier Assayas…), exclusivités immanquables – au premier rang desquelles le nouveau long métrage de Bertrand Bonello, ‘Nocturama’ – ou versions inédites et restaurées de grands classiques de Hou Hsiao-hsien ou John McTiernan (ce qui s’appelle un joli grand écart) : le choix est immense et permettra un beau détour vers le futur… avant de partir en vacances (on vous le souhaite), sans doute loin des salles obscures.
Cinéma au présent : disparition d'Abbas Kiarostami (et la vie continue au travers des oliviers...)
Comment passer à côté : c’est à Paris qu’Abbas Kiarostami est mort hier soir, laissant derrière lui une des œuvres les plus subtiles, poignantes et puissantes de la fin du XXe siècle – et du début du suivant. Si l’on a eu envie de rendre hommage au cinéaste iranien avec trois de ses courts métrages sur le thème de l’enfance, l’annonce de son décès donne une irrépressible envie de revoir son œuvre d’une incroyable densité.
‘Où est la maison de mon ami ?’ (1987), ‘Close-up’ (1990), ‘Et la vie continue’ (1991), ‘Au travers des oliviers’ (1994), ‘Le vent nous emportera’ (1999), ‘Ten’ (2002)… jusqu’aux plus récents ‘Copie conforme’ et ‘Like Someone in Love’. La carrière de Kiarostami, émaillée de chefs-d’œuvre vertigineux, humbles et humanistes, reste l’une des plus fortes de notre époque. Une disparition qui nous laisse tout simplement sans voix. Mais les yeux grands ouverts.
Cinéma au passé (composé) : deux classiques de Jean-Luc Godard et Mario Bava ressortent en salles... et ça fait un bien fou !
Deux films sortis au milieu des années soixante refont en effet surface ce mercredi 6 juillet, à cinquante ans de distance. Et pas n’importe lesquels ! D’abord, ‘Masculin Féminin’ de Jean-Luc Godard, étude des mœurs des « enfants de Marx et de Coca-Cola » comme le dit le film avec l'humour paradoxal typique du cinéaste franco-suisse, avec Jean-Pierre Léaud et Chantal Goya (si, si), abordant avec une liberté de ton totale la culture populaire (Charlie Parker, Brigitte Bardot ou Bob Dylan), l’exploitation industrielle des jeunes, la prostitution, la sexualité ou l’avortement…
Toutefois, traversant Paris avec une énergie communicative (malgré l’apparente rigueur de l’hiver 1965), ‘Masculin Féminin’ n’est pas seulement un film d’époque. C’est aussi et surtout un film de jeunesse. Et celle d’aujourd’hui pourrait communiquer avec celle de Godard, bien davantage qu’il n’y paraît. D'ailleurs, vous aviez remarqué que dans « masculin », il y a « masque » et il y a « cul » ?
Sinon, dans un tout autre genre, c’est vers ‘La Planète des vampires’ que vous pourrez vous tourner. Egalement réalisé en 1965, le long métrage de Mario Bava ressuscite aujourd’hui comme la matrice de l’un des plus grands films de science-fiction jamais réalisés. Mais alors, lequel ?
Voyez plutôt : échoués sur une mystérieuse planète, les voyageurs de deux vaisseaux spatiaux se rendent bientôt compte que leurs corps se trouvent peu à peu possédés par des forces extraterrestres qui en font des espèces de zombies tueurs… Evidemment, vous aurez trouvé : ‘Alien’ de Ridley Scott n’est clairement pas loin ! Mais dans une grosse esthétique vintage à la ‘Star Trek’ (version série télé).
Désormais restauré en 4K, ‘La Planète de vampires’ était invisible depuis cinquante ans. On ne peut que se réjouir de sa reprise, sous la houlette du producteur Fulvio Lucisano et du réalisateur de ‘The Neon Demon’, Nicolas Winding Refn.
Du grand art et du grand nanar : tout pour une jolie semaine cinéphile, en somme ! Qu’on vous souhaite la meilleure possible... Forever Abbas.