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A l’heure du Bac et des partiels, à Time Out on s'est dit que cela ne vous ferait pas de mal de réviser vos fondamentaux sur la ville de Paris. Vide-greniers, friperies, braderies... Derrière l'engouement pour ces petits commerces redevenus à la mode, il y a une histoire. Celle du marché aux puces, institution plus que centenaire, profondément ancrée dans la mémoire de Paris. Associé aux classes populaires et aux petites gens, « le marché aux puces remonte au milieu du XIXe siècle » explique Manuel Charpy. Ce chercheur au CNRS et historien du marché des antiquités et de la consommation vestimentaire est passionné par l’histoire de la capitale et de ses commerces. En pleine ère industrielle, quand le prêt-à-porter était encore inexistant, l’accroissement de la pauvreté des couches populaires de Paris crée l’urgence de se vêtir et de posséder des biens à moindre coût.
Des marchands rachetaient alors « le gros de la fripe » - par définition le vêtement qui était fripé, usé, passé de mode- aux administrations, institutions militaires, hôpitaux et autres industries qui fleurissaient dans la capitale afin de les retravailler, les recouper et les destiner à la reconsommation. Tout comme le mot « fripe », le terme de « marché aux puces » est d'origine argotique. Il faisait alors référence à ces vêtements de fortune, souvent sales et peu entretenus, qui contenaient parfois des petites bestioles… Au milieu du XIXe siècle, près de 1500 marchands et chiffonniers se bousculaient au marché du Temple pour revendre leur cargaison de chiffons, tissus et tenues aux chalands sans le sou. Manuel Charpy explique que le Carreau du Temple que nous connaissons actuellement représente à peine la moitié de la surface occupée durant l’ancien temps des marchés. Le 'Pou volant' (oui nous sommes friands du champ lexical des bêbêtes) représentait la plus grosse partie du marché destinée à la revente de la nippe d’occasion. Les puces ont également longtemps occupé la périphérie de Paris. Entre Saint-Ouen et Montreuil, ce qu'on appelait alors « la zone » avait été désertée par les militaires qui y disposaient autrefois des canons sur les fortifications. Dès lors qu'ils laissèrent un vide, les commerçants ont investi les lieux.
Plus tard, les étals qui attiraient d'abord le « Paris popu » commencent à intéresser le petit bourgeois et l’étudiant fauché, dont l'âme bohème les faisaient se démarquer de leurs congénères, trop classiques à leur goût. On s’aventurait vers la rue du faubourg Saint-Antoine et on partait à la recherche d’un pantalon usé ou d'un vêtement coloré, lequel donnait une « allure prolo » en rupture avec les codes vestimentaires de l'élite parisienne, affublée de noir. Dès lors, on commence à être séduit par les objets abîmés, polis, patinés. L’ancien a de la valeur : certains passionnés commencent à accumuler et deviennent parfois de grands collectionneurs. D'après Manuel Charpy, la passion pour la trouvaille se calme vers les années 1960, quand le design, le neuf, plaisent davantage que les vieilleries. Avec l’ère hippie et le nouvel esprit qui souffle sur Paris, un regain d’intérêt pour les friperies gagne la jeunesse qui retourne faire ses emplettes pour quelques francs.
Encore aujourd'hui, les marchés au puces et les friperies attirent des milliers de personnes à Paris. Time Out vous propose de redécouvrir les adresses cultes des marchés aux puces de la capitale.
Ci-dessous collection de photographies réunie par l'historien Manuel Charpy.