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Pooper, l'application qui ridiculise l'uberisation du monde grâce aux crottes de chien

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Livraison de déjeuners, chauffeurs privés, pressing à domicile, location de chambres et d'appartements privés... Les entreprises qui surfent sur les innovations technologiques et l'économie collaborative veulent nous simplifier la vie en récoltant le pactole. Elles ont malheureusement aussi tendance à accroître le travail précaire pour répondre à des tâches qu'on faisait autrefois soi-même. C'est ce paradoxe qu'ont souhaité mettre en lumière des plaisantins américains, Ben Becker et Elilot Glass, en créant Pooper, une application canular qui propose de ramasser les crottes de chien à votre place. 

Révélée ce week-end dans Newsweek, la blague a pourtant convaincu une bonne partie de la presse américaine ces derniers jours. Il faut dire qu'elle est plutôt bien faite. Non seulement le site de l'application copie le « flat design » utilisé par tous les sites web des nouveaux entrepreneurs (Airbnb, Uber, feu Take Eat Easy, Little Big City...), mais il parodie également leurs stéréotypes langagiers : « Bienvenue dans l'alternative intelligente pour ramasser derrière votre chien », prévient ainsi le texte de présentation. Ou encore : « Laissez les problèmes à quelqu'un d'autre. Et retournez à ce qui compte vraiment : vous et votre chien. » L'ironie du commentaire suinte suffisamment pour mettre la puce à l'oreille d'un utilisateur un peu sceptique.

Une centaine d'inscriptions pour devenir ramasseur de crottes

En pratique, le promeneur n'a qu'à prendre en photo la crotte, puis l'envoyer en un petit clic à l'application, qui se charge de tout. La vie est belle, vous reprenez votre conversation avec votre golden retriever comme si de rien n'était. A la manière d'Uber ou Deliveroo, l'application prétend mettre en relation des clients et des travailleurs prêts à arrondir leurs fins de mois en faisant le sale boulot. « Become a scooper » - en français « devenez un ramasseur » - propose ainsi l'application qui cache une réalité sordide derrière un discours faussement collaboratif : « Les scoopers sont des amoureux des chiens, qui veulent améliorer les rues et les quartiers dans lesquels nous vivons. » 

A y regarder de près, chaque détail compte et se lit avec une ironie mordante, jusqu'aux sacs utilisés pour ramasser les crottes, déclarés 100 % compostables et garantis sans OGM. Dans Newsweek, Ben Becker reconnaît avoir reçu une centaine d'inscriptions de personnes souhaitant devenir ramasseurs, soit davantage que de demandes d'utilisateurs. Le symptôme d'une économie uberisée en réalité plus violente qu'elle voudrait le faire croire, à l'image de la fin soudaine et polémique de Take Eat Easy il y a quelques jours. 





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