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Un caractère solaire, des créations urbaines inédites et beaucoup de talent : voici les trois raisons qui suffisent à expliquer pourquoi cette jeune artiste plasticienne méritait que Time Out lui tire le portrait. Ça, et son actualité estivale.
Alors que les femmes sont encore trop rares à imposer leur nom dans le monde du street art, Mademoiselle Maurice a su se placer en représentante incontournable du genre. Et ce en réalisant, au mois de juin, l’un des plus grands murs de Paris. Cent vingt mètres de long sur 15 m de haut, situé dans le 13e arrondissement et visible tout l’été, que la jeune femme recouvrira d’environ 14 000 origamis multicolores. Tous élaborés dans du papier recyclé ou des matériaux récupérés par l’artiste au cours de ses errances. Des pliages chamarrés, dressés comme un étendard de « Raindow Warrior », qui contrastent avec les murs de béton brut. Une jolie manière d’égayer le bitume urbain dont la grisaille « angoisse » tant cette artiste originaire de la campagne. Amusant paradoxe puisqu’elle a aujourd’hui fait de la rue son terrain de jeux, « espace d’expérimentations artistiques sans limite ni cadre ».
Le sourire dans la voix, Mademoiselle Maurice nous explique avoir expérimenté de nombreux autres procédés avant de trouver son véritable mode d’expression dans l’origami. Car, sous leur apparence simple et innocente, les petits papiers de la demoiselle ne sont pas dénués de sens. Leur mise en mouvement ne se fait que dans un ensemble et leur véritable grâce ne prend corps qu’en unité, « à l’image d’une nation arc-en-ciel ». Ce subtil symbole de solidarité vise donc, « si ce n’est à éveiller les consciences, au moins à ouvrir les yeux des gens sur la beauté du monde », ajoute l’artiste. Discuter avec le public, partager, c’est aussi l’un des aspects les plus agréables de ces installations très chronophages – « Mais je ne préfère pas compter mon temps sinon je serais folle ! », plaisante Mademoiselle Maurice. Coller un à un ses pliages l’oblige en effet à passer un long moment dans la rue et à parler avec les passants qui s’interrogent de la voir perchée sur une échelle. Or, « c’est ce contact humain, cette proximité, qui m’a fait comprendre que j’avais trouvé ma voie », précise la jeune femme.
Humble et sensible aux éléments naturels, Mademoiselle Maurice sait faire passer dans ses installations sa personnalité positive et attachante. L’œuvre de cette grande voyageuse et besogneuse acharnée a pourtant une origine dramatique : le tsunami et l’accident nucléaire de Fukushima survenus au Japon en 2011 alors que l’artiste y séjournait. S’inspirant notamment de la légende nippone des 1 000 grues – selon laquelle un vœu se réalise si l’on plie un millier de grues en papier dans l’année –, l’artiste a donc voulu offrir aux habitants violemment touchés un peu de douceur et de rêve au milieu du chaos. Une généreuse délicatesse qui n’a, depuis, jamais quitté ses fresques.
On souhaite donc mille vœux de réussite à ce rayon de soleil artistique qu’est Mademoiselle Maurice. Et on commence dès à présent les pliages de grues !