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Des rebelles qui ont du cran, un méchant ricanant, quelques plaisirs nostalgiques et des troubles politiques : Gareth Edwards livre un prequel de ‘Star Wars’ agréable et grinçant.
Ce nouvel épisode de ‘Star Wars’ – dont l’histoire se déroule peu de temps avant celle du tout premier de la saga, sorti en 1977 – ressemble à un conte d'action autonome et dynamique, mettant en scène un groupe de résistants au sein de l'Alliance rebelle. Cette bande de combattants enragés, dirigés par Jyn Erso (Felicity Jones, une héroïne complexe, pas toujours attachante ; ce qui est assez rafraîchissant), se regroupent pour mener une attaque contre l'Empire – dont le plus visible salopard est le militaire Orson Krennic (Ben Mendelsohn, tout en menace tranquille et huileuse).
Frénétique, parfois irrévérencieux et un peu décousu, ‘Rogue One’ se plaît à rendre troubles les idées de bien et de mal, créant d’inattendues nuances de gris. En revanche, le film botte en touche les thèmes quasi-spirituels de la saga auxquels on pouvait pourtant s’attendre : ici, la Force n'est pas particulièrement présente, et les habiletés de combat à l’ancienne se révèlent plus importantes. Remonter dans le temps de la saga offre également une jolie possibilité de ressusciter, parfois, les plaisirs des films antérieurs – des bons vieux X-Wings à la présence d’un Dark Vador bien furax.
Plus vous vous souviendrez du ‘Star Wars’ de 1977, plus l'histoire de ‘Rogue One’ prendra de sens. Dans le premier film, la princesse Leia avait en sa possession des plans de l'Etoile de la Mort : plans qui aideraient les rebelles à détruire cette arme ultime de l’Empire. Ici, Jyn Erso reçoit un message de son père, qu'elle n'a pas vu depuis des années (Mads Mikkelsen) ; celui-ci ayant été contraint de travailler pour l'Empire en tant qu'ingénieur en chef de l'Etoile de la Mort. Ayant délibérément construit une faille dans ce colosse armé, il veut désormais permettre à sa fille de le détruire.
Or, la politisation de Jyn est l'une des choses les plus intéressantes de 'Rogue One'. Partant d'un statut de citoyenne lambda blasée (« Ce n'est pas un problème si vous ne le regardez pas », dit-elle du drapeau impérial), elle devient peu à peu une révolutionnaire épanouie (et bien armée), résolvant les problèmes de son père au cœur de l'Alliance rebelle. Autour d'elle, les personnages joués par Riz Ahmed, Diego Luna ou Donnie Yen apportent tous des intrigues secondaires convaincantes. L'idée d'un groupe de résistance se soudant comme divers instincts vaguement imbriqués, souvent contradictoires, est à la fois intelligente et puissante.
'Rogue One : A Star Wars Story' bénéficie de ne pas avoir à ressusciter une franchise et à la porter sur ses épaules : ce qui signifie que le film est capable de prendre des directions que les principaux épisodes de ‘Star Wars’ n'oseraient pas suivre. Comme 'Le Réveil de la Force', il joue sur les échos des histoires précédentes. Mais ceux-ci paraissent plus légers, comme si la série, désormais réveillée, avait pris une confiance nouvelle. D'un autre côté, les amateurs de ‘Star Wars’ – hormis, peut-être les plus dévoués – pourront trouver un peu déroutante sa première heure, faite d'intenses sauts de planètes et de scènes d’exposition. Enfin, il y a ici un personnage numérique qui divisera sans doute le public : peut-être pas aussi clivant que Jar Jar Binks dans les prequels, mais qui prête tout de même au débat. En somme, 'Rogue One' est un film imparfait, audacieux et violent, parfois déconcertant… mais dont l’acte final développe quelque chose de beaucoup plus excitant que ce que vous pourriez initialement attendre.
(Traduit de l'Anglais par Alexandre Prouvèze)
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