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Solarwind, un souffle d’art sur la ville

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Commande publique dans le cadre du Grand Paris, l’œuvre de Laurent Grasso retranscrit les mouvements d’une aurore boréale aux portes de la capitale. 

Quarante mètres de haut sur deux fois vingt mètres de diamètre, voici le support du dernier-né de Laurent Grasso, artiste plasticien aimant mêler fiction et réel dans ses œuvres. Un beau bébé nommé 'Solarwind' fait de béton et de LED, qui surplombe le périphérique parisien tel un îlot de lumières animé au milieu de ce tentaculaire espace urbain. Un noyau massif autour duquel gravitent des atomes automobiles, points lumineux jaunes et agressifs. Dans le paysage en pleine reconstruction des quais de Bercy, l’œuvre de Laurent Grasso, projetée sur les silos du cimentier Calcia conçus par Franck Vialet et Bettina Ballus, fait ainsi figure d’ovni. Comme un vaisseau extraterrestre posé avec majesté sur les bords de Seine, entre les grues et les bâtiments industriels.

Solarwind

© C.Gaillard

La métaphore spatiale n’est d’ailleurs pas utilisée naïvement puisque c’est bien l’espace qui a inspiré l’artiste. Et plus particulièrement deux éruptions solaires qui, en mars et août 1989, entraînèrent un black-out total au Québec. Fasciné par l’ambiguïté de ces vents astraux violents, aussi beaux que dangereux, et désireux de raconter des histoires teintées d’une dimension onirique et cependant basées sur des faits crédibles, réels, Laurent Grasso a imaginé 'Solarwind' comme une retransmission des phénomènes climatiques. Une météo arc-en-ciel de l’activité solaire et cosmique en somme. Mais surtout un défi technique permis grâce à l’Observatoire de l’Espace, laboratoire lançant un pont entre l’art et la science au sein du CNES (le Centre national d'études spatiales), et son responsable, Gérard Azoulay.

En fournissant des données journalières, par le biais de satellites et de télescopes, ce dernier offre à Laurent Grasso la possibilité de créer une œuvre autonome et surtout unique. Compte tenu des variations constantes de l’univers, 'Solarwind' n’est en effet jamais parcouru des mêmes nuances chromatiques d’un jour à l’autre. Toutefois, comme le souligne Gérard Azoulay, 'Solarwind' n’a pas pour vocation d’être un système d’alerte sur l’état de l’espace. Il ne constitue en effet que la transmutation polychrome de phénomènes passés observés au présent. Comme on pourrait admirer une étoile morte brillant encore, sa splendeur nous parvenant après des années-lumières. Des étoiles invisibles dans nos métropoles depuis l’avènement de la pollution lumineuse, que Solarwind ressuscite à sa manière. Ainsi, « L’espace réinvestit la Terre, l’espace palpite », poétise Gérard Azoulay. Et ce sur les parois d’un matériau tout ce qu’il y a de moins aérien : le ciment. Paradoxe amusant.    

Solarwind

© C.Gaillard

 

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