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Réalisateur de 'Rogue One' et fan historique de 'Star Wars', Gareth Edwards évoque sa longue histoire d'amour avec la science-fiction, et la façon dont ce nouvel épisode a changé sa vision de la franchise.
Quand Gareth Edwards a décroché le gros lot de la mise en scène de ‘Rogue One’, c'était comme si son rêve d'enfance devenait réalité. L'homme derrière des films d'action plutôt malins (‘Monsters’ en 2010, ‘Godzilla’ en 2014) a grandi obsédé par la galaxie lointaine imaginée par George Lucas. Pour son trentième anniversaire, sa petite amie l'a même emmené à l'endroit précis, en Tunisie, où les scènes du désert de 'Star Wars' avaient été filmées.
Sauf si vous avez passé la dernière année sur la planète marécageuse de Dagobah, vous saurez que 'Rogue One : A Star Wars Story’ est le premier d'une série de spin-offs. Prequel direct de l'original de 1977, le film suit un bataillon de soldats rebelles menés par Jyn Erso (Felicity Jones), alors qu'ils plongent dans le cœur noir de l’empire du mal, avec pour mission de voler les plans secrets de l'Etoile de la Mort.
Avant la sortie du film, Edwards nous raconte comment 'Star Wars' a fait de lui l'homme qu'il est aujourd'hui...
Quand j'étais gamin, mes parents sont rentrés un jour avec un lecteur de Betamax. Je savais que mes voisins avaient une copie de ‘Star Wars’ : je suis donc allé faire un tour chez eux et je les ai suppliés de me laisser l'emprunter. De retour chez moi, j’ai dû en regarder une vingtaine de minutes, avant que ma mère m’appelle pour dîner. Je me souviens avoir mangé plus vite que jamais, en pensant : maintenant, je sais ce que je vais faire pour le reste de ma vie. Et ce n'était pas être cinéaste, c’était juste regarder ‘Star Wars’ encore et encore, en boucle jusqu'au jour de ma mort. Je n'ai jamais rendu la copie du film !
J'avais des pyjamas Star Wars et des draps Star Wars à travers lesquels je construisais des montagnes où volaient des vaisseaux spatiaux. Mes personnages préférés étaient les Tusken Raiders, les hommes des sables. Ils avaient ces manteaux en plastique bien cool, qui se déformaient bizarrement si vous essayiez de les déchirer. Une erreur que j'ai faite.
Mon fantasme était de vivre là où Luke vivait, d'avoir cette enfance. Donc, pour mon trentième anniversaire, ma petite amie m'a emmené en Tunisie où ils ont tourné ‘Star Wars’. Je me suis réveillé, à 30 ans, dans l'hôtel où Luke Skywalker avait grandi, puis j'ai regardé le soleil se coucher sur les salines, comme il le fait dans le film. Alors ma copine m’a dit : « Ca va être difficile de faire mieux pour ta quarantaine ! » Mais à 40 ans, j'étais en train de filmer ‘Rogue One’ ! Maintenant, je suis effectivement un peu foutu pour mon cinquantième anniversaire… A moins d’aller dans l'espace ?
Je ne voulais pas que ‘Rogue One’ ressemble à un blockbuster facile pour se gaver de pop-corn, tout brillant et sonnant faux. Nous voulions créer un vrai sentiment de guerre : nous avons donc pris des images du Vietnam et de la Guerre du Golfe, puis nous avons photoshopé les soldats, ajouté des X-Wings et des Stormtroopers en arrière-plan… C'était vraiment efficace.
‘L'Empire contre-attaque’ est le film qui a le plus inspiré ‘Rogue One’. Plus précisément, la séquence de tranchées dans la neige, lorsque les TB-TT s'approchent. Ce qui est fou avec cette scène, c'est qu’elle dure à peine quelques minutes. Dans mon souvenir, elle faisait presque la moitié du film ! Donc, pour ‘Rogue One’, j'ai pensé qu’il fallait creuser dans cette voie. J'ai également eu en tête le troisième acte du ‘Retour du Jedi’ : avec la guérilla terrestre, une bataille épique dans l'espace et Luke affrontant Dark Vador et l'Empereur dans un climax très shakespearien. J'aime la façon dont fonctionne le montage entre ces trois axes et cette manière de faire monter la tension.
‘Rogue One’ est, à sa façon, un film d’époque. Il doit faire le lien avec le ‘Star Wars’ des origines, tout en essayant de trouver du nouveau… Or, un tel équilibre n’est jamais évident à trouver. C’est très ténu… D’un côté, en prenant trop vos distances, vous risquez de faire de la S.-F. à la ‘Star Trek’ ou ‘Flash Gordon’, ce qui sonnerait complètement faux. Et de l’autre, en collant trop à l’original, vous risquez de ne faire qu’une pâle copie de George Lucas.
Nous voulions tous faire quelque chose de crédible, d’authentique et de beau. Nous tous, casting et équipe, avons participé à des films indépendants, puis nous avons tous fait un blockbuster ou deux… Je ne voulais pas que les acteurs aient à suivre des marques au sol, je voulais qu'ils puissent improviser. Nous filmions donc sans nous arrêter pendant une heure, à l'intérieur des vaisseaux spatiaux, nous étions tous en sueur… L'état émotionnel des acteurs était à peu près comparable à ce que devaient ressentir les personnages. Et je pense que le film reflète bien tout cela. Il y a des choses vraiment émouvantes et subtiles.
L'une de mes grandes peurs était de ne plus être capable de regarder à nouveau ‘Star Wars’ et d’avoir le même sentiment. Mais en fait, faire ‘Rogue One’ n'a pas du tout ruiné les films d’origine pour moi. Bien que maintenant, si je vois un type en costume de Stormtrooper, je ne cours plus pour prendre une photo avec lui. J'ai juste l'impression d'être à nouveau au travail...
Je n'ai pas d'enfants, mais si j’en ai un jour, ce serait un grand moment de leur montrer ‘Star Wars’. Et ça va être étrange, parce que je ne pourrais que dire : « Eh bien, il y a un autre film avant, que papa a fait ! » Mais je leur montrerais toujours ‘Star Wars’ d'abord. Parce que c'est une telle expérience. ‘Star Wars’ a changé ma vie. Ca a fait ma vie, vraiment.
'Rogue One : A Star Wars Story' : bande-annonce
>>>> 'Rogue One : A Star Wars Story' de Gareth Edwards. En salles à partir du mercredi 14 décembre 2016.